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Evasion fiscale : L’Europe ne badine pas avec l’éthique

Publié le vendredi 7 mars 2008 à 11h10min

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Le scandale a l’ampleur d’un séisme de magnitude 4. Depuis quelques semaines, des fuites ont permis de mettre à nu une vaste fraude aux impôts dont des citoyens européens seraient les auteurs. La France estime à un milliard d’euros le montant de son manque à gagner fiscal du fait de ces fraudes.

C’est le Liechtenstein qui se frotte les mains en hébergeant les comptes suspects. Des Français, des Italiens et des Allemands, entre autres, ont choisi ce paradis fiscal pour y déposer leurs fonds, échappant au fisc de leur pays.

Dans une Union européenne où le civisme fiscal est une vertu hautement célébrée, cette pratique est impardonnable. D’où le branle-bas de combat observé dans les différentes capitales pour, d’une part, débusquer les auteurs de ces fraudes et leur faire payer leur forfait, et, d’autre part, renforcer les dispositifs de lutte contre l’évasion fiscale. Cette capacité de réaction rapide

face à des pratiques délictueuses est le propre d’une démocratie : on ne peut pas éviter à 100% des malversations mais quand elles sont détectées, la riposte est immédiate. Dans les capitales africaines, cette affaire est presque passée incognito. Ici, c’est à peine si les dirigeants n’en rigolent pas, eux dont la plupart ont des comptes garnis, bien à l’abri, dans les paradis fiscaux. En Afrique, le délit est à ce titre double puisque l’argent est généralement d’origine douteuse et est en plus soustrait à l’impôt national. Curieusement, dans les nombreuses conditionnalités imposées par les institutions de Bretton Woods, le rapatriement en Afrique de ces fonds ne semble pas être la première des préoccupations.

Les tentatives de ramener cet argent illicitement acquis sont souvent l’oeuvre de quelques dirigeants qui ont succédé à des prédateurs, comme cela est arrivé au Nigeria. Mais ces fortunes sont si bien dissimulées qu’elles laissent peu de traces. Sans une collaboration des limiers des pays développés, les actions pour dénicher les délinquants au col blanc africains ont très peu de chance d’aboutir. Ces sommes détournées en Afrique font bien l’affaire de banquiers et d’économies des pays hôtes. Ce n’est pas la Suisse qui dira le contraire.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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