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Burkina-Cameroun : Guerandi, le capitaine putschiste sort du bois

Publié le vendredi 7 mars 2008 à 11h06min

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Guérandi Mbara

Dans une vie antérieure, il fut militaire, notamment capitaine dans l’armée nationale du Cameroun. En 1984 ; alors que Paul Biya n’avait que deux ans de règne, lui et d’autres soldats tenteront de s’emparer du pouvoir par les armes. Lui, c’est Guerandi Mbara Goulongo, qui est l’un des plus féroces ennemis de celui qui deviendra un quart de siècle plus tard le deus ex machina du palais d’Etoudi.

Echec total pour les putschistes de l’époque, ce qui se soldera par une purge disproportionnée : en effet, si c’est bien connu que la tête du roi appartient à celui qui n’a pas peur de perdre la sienne, ceux qui ont tenté cette révolution de palais n’ignoraient aucunement ce qui les attendait au cas où l’opération foirerait.

Mais la répression aveugle qui a suivi ce coup d’Etat manqué dépassait le seul cadre de la sanction appropriée, puisque le 6 avril 1984, ce fut une tuerie monstre contre de nombreux éléments de la grande muette en particulier ceux de l’ethnie Toupourie, à laquelle appartient justement le cerveau du putsch : Guerandi.

L’homme n’eut le salut qu’en se réfugiant au Burkina Faso, où Blaise Compaoré l’accueillit à bras ouverts, lui offrant le gîte et le couvert et cela dure depuis plus de 25 ans. Normal, car à l’Ecole militaire interarmes du Cameroun (EMIAC), où le président du Faso a fait une partie de sa formation militaire, il a fait la connaissance d’un certain Guerandi, et les liens dans ce corps étant d’une solidité à toute épreuve( ?), le capitaine Blaise Compaoré en ce temps-là ne pouvait pas livrer à Paul Biya celui avec lequel il a « crapallouité » pendant des mois.

Logique également que l’homme de M’voméka se pique d’une colère tenace et boude son homologue burkinabè. Certes, Paul Biya n’était déjà pas un habitué des sommets, préférant se la couler douce outre atlantique ou au bord du Lac Léma loin donc des flons flons des jamborees de ses pairs, mais il faut avouer que cet exil de Guerandi au Faso a suscité de fait un coup de froid entre Blaise et Biya, même s’il est vrai que leurs épouses(les deux Chantal) se fréquentent au gré des sommets des premières Dames d’Afrique.

L’ire de Paul Biya semble incompréhensible chez le président burkinabè, qui demande souvent si ceux qui accusent Guerandi « le connaissent vraiment ». Seules certitudes : l’intéressé, qui a pris la nationalité burkinabè avec le nom de Traoré, a profité de son séjour « au Pays des hommes intègres » pour se barder de diplômes militaires et universitaires.

C’est donc ce « revenant » qui, à la faveur de la crise sociopolitique que vit son pays d’origine, donne de nouveau de la voix. Une voix audible avec un message tout aussi limpide : Paul Biya a fait son temps et il faut un changement, pas question donc qu’il tripatouille le paragraphe 6 de l’article 2 de la Constitution camerounaise, relatif au mandat présidentiel, pour demeurer à la tête du Cameroun après 2011, fin légale de son présent bail.

Sur la toile et par déclarations diffusées à Yaoundé et même lors d’une intervention sur les antennes de RFI (6 mars 2008), Guerandi a rendu hommage aux Martyrs (les TIWA Jacques, Ekoka Jean, M’Beng Junior et toutes les autres victimes), mais en appelle surtout au sens de la responsabilité de Biya pour qu’il accepte de s’en aller aidé en cela par le Conseil patriotique et politique de la jeunesse (CPPJ), créé le 17 février 2008 à Douala, « qui usera de tous les moyens non violents » pour barrer la route à Barthelemy Paul Biya.

L’ancien capitaine sait "l’Alternative patriotique" proche, qui doit être l’œuvre d’un "gouvernement de transition historique et démocratique." (1) Ça y est ! Revoilà son nouveau paradigme politique. (2)

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

Note : (1) : Déclaration de Guerandi du 1er mars 2008

(2) : Guerandi Mbara in Refondation sociale Tome1(éditions Minsi )

L’Observateur

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