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Délits de presse : Plaidoyer pour une dépénalisation

Publié le jeudi 6 mars 2008 à 11h34min

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Du 27 au 29 février dernier, le centre de presse Norbert Zongo a organisé à Ouagadougou un séminaire sous régional sur la dépénalisation des délits de presse. La rencontre a réuni une trentaine de participants venus de l’espace CEDEAO et de la Mauritanie.

Composés de juristes, de journalistes et des activistes de la société civile, les travaux ont permis de mettre sur pied un document de plaidoyer. Document qui devrait permettre aux journalistes et à tous ceux qui ne veulent plus voir un journaliste en prison pour ses opinions de pouvoir agir.

Ils sont venus des 15 pays de la CEDEAO et de la Mauritanie. Ils, ce sont des hommes et femmes qui trouvent injuste qu’on continue de jeter des journalistes en prison pour leurs opinions. La liberté d’opinion et d’expression faut-il le rappeler, va de pair avec la liberté d’information. Plus spécifiquement la liberté de la presse apparaît comme un corollaire naturel de ces libertés parce que toute opinion a naturellement vocation à s’extérioriser.

Dans notre sous-région pourtant, des journalistes continuent de souffrir le martyre. Et pour cause, ils sont toujours harcelés pour leurs opinions. Au jour d’aujourd’hui, il n’y a que deux pays de la zone CEDEAO qui ont eu le courage de dépénaliser les délits de presse. Il s’agit du Togo et du Ghana. Les autres pays soufflent le chaud et le froid sur le sujet. Le journaliste est un citoyen comme les autres. Il est soumis comme tel aux lois de la République. Mais il doit malheureusement en toute responsabilité assumer tous les manquements liés à l’exercice de son métier. Réclamer la dépénalisation des délits de presse, n’est nullement plaider pour une absolue impunité du journaliste.

Il s’agit plutôt de protéger la liberté du journaliste et celle des droits dont il assure l’exercice sans encourager l’impunité, ni perdre de vue l’intérêt général. « Parce que par sa plume ou son micro, le journaliste apporte une critique constructive dans tous les domaines de la gouvernance, parce qu’il éclaire les dirigeants sur les dérives qui menaceraient nos sociétés, parce qu’enfin il a le courage de traiter de problèmes autour desquels s’organise souvent une conspiration du silence, lesquels peuvent se révéler à termes comme une poudrière pour la démocratie, la paix sociale et le développement, le journaliste doit être soustrait de la menace virtuelle des peines afflictives », a dit le président du CSC Luc Adolphe TIAO qui a présidé la cérémonie d’ouverture.

La liberté de la presse est une liberté essentielle et fondamentale. Pourtant des centaines de journalistes sont tués, torturés et surtout emprisonnés à travers le monde et en Afrique en particulier. Leur péché étant d’avoir exercé leur métier : l’information sans laquelle aucune société ne serait digne d’être qualifiée de démocratique. A Ouagadougou, les séminaristes ont jeté les bases pour un plaidoyer qui aboutirait à la dépénalisation. La balle est dans le camp des dirigeants de la sous-région mais aussi des hommes de médias eux-mêmes. A l’endroit d’abord des journalistes, il est nécessaire et urgent d’organiser la profession en une corporation forte et structurée. Il appartient aux hommes de médias d’adopter un code d’éthique et de déontologie à valeur contraignante.

La formation et la situation financière des journalistes doivent constituer une préoccupation réelle. Quant aux autres partenaires, que ce soient la société civile, les gouvernants, les parlementaires leur rôle est plus qu’important dans le processus de plaidoyer devant aboutir à la dépénalisation des délits de presse. Mais que l’on ne s’y méprenne pas, ces partenaires n’accompagneront la presse dans sa quête pour la dépénalisation, que si celle-ci travaille dans le sens de lever tous les doutes de dérives qu’on craint d’elle.

Par Frédéric ILBOUDO

L’Opinion

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