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Primaires américaines : La lutte des classes

Publié le jeudi 6 mars 2008 à 11h50min

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Alors qu’on la croyait irrémédiablement distancée dans la course à l’investiture démocrate, Hillary Clinton s’est remise dans le sens de la marche vers la Maison-Blanche, en remportant les primaires dans les Etats de l’Ohio, du Vermont et probablement du Texas.

Après la chevauchée fantastique du « black magic man », Barack Obama, à qui le graal semblait promis, cette oscillation de l’électorat américain, vient traduire une fois de plus, le mal-être d’une société américaine à double vitesse, où les inégalités sociales sont de plus en plus poussées au point que le concept de lutte des classes cher à Marx est évoqué au pays de l’Oncle Sam.

On l’aura en effet remarqué, Obama a bâti son succès essentiellement dans les « petits » Etats, généralement laissés pour compte dans la répartition des fruits de la croissance. Avec son discours de rupture qui contrairement à celui de Sarkozy sonne réaliste et promet de « révolutionner » la société américaine, Obama est apparu aux yeux des déshérités, comme le nouveau « messie », dans la lignée des Martin Luther King, Jesse Jackson et Andrew Young, ses illustres devanciers dans ce rôle.

A contrario, Hillary Clinton est plus orthodoxe, même si elle prétend elle aussi parler au nom des pauvres, ce qui lui vaut de triompher dans les grands Etats (Californie, Texas, Ohio...) où les puissants milieux mediatico-financiers, « formatent » l’opinion publique et orientent le vote des populations. Du reste, ces milieux traditionnels faiseurs de rois aux USA, se sont inquiétés des options internationales de Barack Obama, surtout sur le dossier proche-oriental dans lequel il prône la neutralité des Etats-Unis.

Dit autrement, le soutien de l’Oncle Sam ne serait plus assuré inconditionnellement à Israël ce qui, on s’en doute, changerait beaucoup des choses au Proche-Orient-Une certaine presse a donc commencé à s’inquiéter de la « fiabilité » d’Obama, qui a aussitôt « recentré » son discours sans renier ses fondamentaux. Cette guerre fratricide dans le camp démocrate, pourrait faire l’affaire des Républicains qui ont fait le ménage depuis belle lurette, en adoubant le vétéran du Viet-Nam, John Mc Cain. Dopé par cette victoire, l’ancien se présente déjà comme « le candidat de l’avenir ». Un rôle qu’il pourrait bien tenir si d’aventure il avait en face de lui Hillary Clinton.

Les américains s’interrogent en effet de plus en plus sur l’opportunité d’envoyer la dame Clinton à la Maison-Blanche, avec le risque de se « coltiner » son encombrant époux Bill. Lequel a laissé de bons souvenirs à ses compatriotes certes, mais souffre de toutes ces affaires extra-conjugales dans lesquelles il a du revenir sur sa parole. Or, s’il y a un péché que les Américains sont peu enclins à pardonner, c’est bien le mensonge qui a ruiné bien de carrières prometteuses par le passé. On le voit, cette présidentielle 2008 est difficile à déchiffrer à l’image d’une Amérique coupée en deux par la politique belliciste de George Bush Junior et en butte à des difficultés économiques énormes du fait de celle-ci. Le scrutin de novembre mettra-t-il fin à cette crise morale et financière ? Question au peuple américain.

Boubakar SY

Sidwaya

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