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Contrôle des prix : Le RDF propose un forum national

Publié le mercredi 5 mars 2008 à 10h15min

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Actualité oblige, le Bureau exécutif national du Rassemblement des démocrates pour le Faso (RDF) s’est penché sur le phénomène de la vie chère à l’origine de manifestations violentes. Dans la déclaration ci-dessous, le parti propose l’organisation d’un forum national sur la question du renforcement du contrôle des prix des produits de première nécessité.

Le Bureau exécutif national (BEN) du RDF s’est réuni à Ouagadougou le samedi 23 février 2008, à la Maison du retraité « Antoine NANGA », pour examiner la situation nationale et subséquemment statuer sur les derniers « événements » survenus dans les villes de Bobo Dioulasso, Banfora et Ouahigouya. Par la voix de son président, il porte à la connaissance de ses militants et de l’opinion tant nationale qu’internationale la présente déclaration.

Les populations nous ont confié un mandat. Celui de porter leurs voix et défendre leurs intérêts. Cette mission nous impose aussi un devoir de sincérité et de vérité à leur endroit, tant sur les conditionnalités objectives d’un avenir meilleur pour elles, que sur les questions plus immédiates et actuellement très difficiles, liées à la gestion de leur quotidien. Sont censés en témoigner les récents et violents mouvements d’humeur de nos concitoyens dans les villes précitées.

Cette exigence de loyauté nous fait d’autant plus obligation d’intervenir que les valeurs d’unité dans la diversité, de dialogue, de paix et de sécurité, de solidarité et de partage semblent ébranlées. Sans ces référents, ceux de la République, faits nôtres, ne sauraient être et se consolider, encore moins se pérenniser.

A l’instar des autres formations politiques qui, toutes tendances confondues, l’ont précédé dans

l’exercice, parfois avec beaucoup de justesse, le RDF condamne, avec fermeté, la violence et les déprédations occasionnées sur les biens de l’Etat et des privés par les dites manifestations. Il appelle à l’apaisement et à toute la sérénité requise dans la poursuite du traitement de cette épineuse question.

Un problème d’une extrême complexité

Le coût de la vie et la flambée subite des prix, que nul ne conteste, seraient à la base de ces manifestations. Il est vrai que nul ne conteste le droit légitime des populations à exprimer leur mécontentement, mais dans l’observance des lois républicaines prescrites en la matière. Il reste qu’en l’absence d’éléments irréfutables produits quant à la responsabilité directe de l’Etat (DGD, DGI, etc.) dans ces hausses abusives et intempestives, le problème apparaît d’une extrême complexité, tant dans la compréhension du mécanisme déclencheur (son véritable fondement, ses commanditaires réels ou supposés, sa soudaineté et sa violence) que dans son traitement et la gestion de ses effets. Il est donc difficile d’y apporter une réponse simple.

L’objectif du RDF, loin de vouloir ajouter aux analyses, car beaucoup a déjà été dit, reste de communiquer utilement, d’indiquer des pistes de réflexion, et suggérer des approches de solutions.

Le Premier ministre, Tertius Zongo, a affiché une volonté résolue de davantage opérationnaliser la bonne gouvernance (situation ex post, projetée) que nous saluons. Or, en économie, « Nul ne gagne, si nul ne perd ». Faire en sorte que, dorénavant, l’Etat perçoive ce qu’il aurait dû gagner (l’Etat c’est nous tous) impose nécessairement que d’autres composantes de notre tissu économique et industriel acceptent de « perdre » ou de « gagner moins » que ce qu’ils étaient indûment accoutumés à percevoir (situation ex ante, de "mauvaise" gouvernance).

La bonne gouvernance est devenue irréversible

Pour se donner une chance de démêler l’écheveau de la situation qui prévaut, le RDF estime qu’il faut d’abord se persuader que cette vérité est autant incontournable, que l’option pour la bonne gouvernance est devenue irréversible.

Un processus spontané d’anticipation et d’ajustement par les prix, relativement à la nouvelle donne s’est opéré dans des proportions injustifiées et, partant, inacceptables. Le RDF déplore cette état de fait, mais condamne "l’instrumentalisation" d’un comportement inacceptable mais purement économique, venant d’agents du même nom.

En revanche, le RDF soutient l’accroissement logiquement projeté et objectivement réalisable des ressources de l’Etat (au bénéfice des populations) d’une politique de bonne gouvernance, inscrite dans une perspective de moyen terme et dans un cadre progressif.

Apparemment ladite politique, engagée à cette fin s’est heurtée à un ajustement sur la brutalité et la soudaineté duquel il reste loisible de spéculer. Mais là n’est pas l’essentiel, pour nous.

Pour le RDF, il y a lieu :

1) Certes de sanctionner (avec discernement) les actes répréhensibles commis ;

2) D’anticiper ceux possibles à venir ;

3) D’ouvrir immédiatement, pour cela, un dialogue, afin de mieux communiquer et réconcilier ces deux perspectives, voire procéder à de possibles ajustements ;

4) D’organiser à brève échéance et à l’instar du gouvernement malien, un Forum national sur la question du renforcement du contrôle des prix des produits de première nécessité, afin de mettre en phase l’Etat, le secteur privé, les partis politiques et la société civile sur les tenants et aboutissants de la bonne gouvernance en la matière.

Les fondamentaux de l’économie mondiale (prix du baril de pétrole, demande de la Chine et des pays émergents) semblent nous installer dans une phase haussière durable du prix de certaines matières premières. Il nous faut anticiper et non subir une telle tendance.

Le RDF estime, enfin, qu’une telle assise aura l’avantage, non seulement de faire clairement et définitivement la part des choses entre les hausses réelles et présumées des différentes composantes

concourant dans la structure des prix à leur formation, mais de sérier les éléments (politiques sinon politiciens) et purement économiques inhérents à cette crise.

Constater que le problème n’est pas propre à notre seul pays, ne signifie nullement que l’on en reporte la seule responsabilité sur un système libéral mondialisé. A défaut d’avoir les ressources et la capacité politique de fonctionner en dehors de ce système, il faut oeuvrer à y trouver et sa place et son compte. Ce à quoi s’attelle précisément avec courage le gouvernement du Premier ministre Tertius Zongo.

« La vie chère n’a pas de couleur politique » ; titrait L’Observateur paalga du 25 février ; « le chaos non plus », sommes-nous tentés d’ajouter...

La célébration dernière du 47e anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale, avait offert à la classe politique l’opportunité de saluer à sa juste valeur la volonté affirmée du Chef de l’Etat et de son gouvernement de renouer avec une tradition. Celle de commémoration éclatante de ce moment décisif de notre histoire, moins par la grandeur de la cérémonie que par la profondeur du sens qui lui était donné.

Ce 11 décembre revêtait ainsi une signification toute particulière, par la réaffirmation de notre attachement aux valeurs de la République dont le Burkina Faso se veut désormais l’expression.

Puissions-nous, au-delà des turbulences actuelles ou à venir, rester arrimés à ces valeurs.

L’édification de la Nation est une œuvre de longue haleine. Notre pays reste peu nanti par la providence, mais la vision de son chef et le dur labeur de tous nos concitoyens nous rapprocheront tôt ou tard du seuil de l’émergence.

Il est impératif que le peuple face à ses dirigeants et face à lui-même, mesure constamment et observe en permanence ces valeurs républicaines. Faute de quoi nous repousserons, nous mêmes, sans le vouloir l’horizon de notre émergence.

Ouagadougou, le 25 février 2008

Pour le Bureau exécutif du RDF

Le président

Député Salvador Maurice Yaméogo

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