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An I de l’Accord interivoirien de Ouagadougou : Tout avance, sauf le désarmement

Publié le mardi 4 mars 2008 à 09h12min

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Aujourd’hui 4 mars 2008 marque le premier anniversaire de l’Accord interivoirien de paix de Ouagadougou. En effet, c’est à cette date que le président ivoirien, Laurent Gbagbo, et le secrétaire général des Forces nouvelles, Guillaume Soro, sont venus signer les accords que leurs lieutenants se sont retirés à Ouagadougou pour concocter.

Et cela, suite à l’engagement pris par Laurent Gbagbo, dans un message à la nation à l’occasion du nouvel an, de dialoguer directement avec les ex-rebelles. Après bien des capitales européennes (Marcoussis, Kléber) et africaines (Accra, Pretoria), c’était le tour de la capitale du pays des Hommes intègres de recevoir les protagonistes de la crise ivoirienne. Comme autres négociations ayant débouché sur des accords, la rencontre de Ouagadougou a suscité, l’année dernière, à la fois des espoirs et des craintes. S’il y en a qui ont applaudi à tout rompre l’accord signé sous la houlette du facilitateur Blaise Compaoré, il y en a aussi qui étaient sceptiques. Ces derniers se disaient qu’inévitablement cet accord qui a la particularité d’établir un chronogramme précis de sortie de crise allait subir le même sort que les précédents. Mais une année après, où en sommes-nous avec cet accord signé en terre burkinabè ?

Le bilan ne sera pas totalement exhaustif. Retenons seulement quelques faits qui ont constitué soit des avancées, soit des blocages. Le premier fait majeur, au plan politique, à mettre à l’actif de l’Accord de Ouagadougou, est indiscutablement la nomination du leader des Forces nouvelles, Guillaume Soro, au poste de Premier ministre. Qui aurait cru que le pourfendeur devant l’Eternel de Gbagbo composerait un jour avec ce dernier ? On relèvera aussi qu’à la suite de l’accord signé, on a assisté à la réunification du pays après la partition de fait depuis le 19 septembre 2002. Résultat : l’on ne parle plus de Gbagboland au Sud et de Soroland au Nord. Ainsi, la zone de confiance où étaient stationnées les forces françaises de la Licorne a été démantelée. Les préfets ont regagné le nord du pays, consacrant le redéploiement de l’Administration sur l’ensemble du territoire conformément aux prescriptions de l’Accord. Le président ivoirien s’est rendu aussi à Bouaké et dans le Nord, considérée comme le fief de l’ex-rébellion, et le Premier ministre en a fait de même en se rendant dans le village natal de Laurent Gbagbo. Les audiences foraines ont pu se dérouler tranquillement, et bien des Ivoiriens se sont fait établir des documents d’identité avec lesquels ils pourront s’inscrire sur les listes électorales. Et cela en prévision de l’élection présidentielle prévue dans un premier temps en octobre 2007 avant d’être reportée au plus tard à la fin du premier semestre de cette année 2008. Le temps que certaines questions soient reglées, comme celle relative à la désignation de l’opérateur des élections, qui a fini par échoir après d’âpres discussions entre les mains de la société française SAGEM, plutôt que de celles de l’Institut national de la statistique (INSD).

Maintenant, la question se pose concernant le respect de la nouvelle échéance. Ne sera-t-elle pas une fois de plus reportée pour régler certains détails en vue de favoriser la tenue d’élection libre, transparente, ouverte à tous ? Comme cette question, d’autres sont aussi posées, malgré les avancées notables et la volonté de sortie de crise manifestée de part et d’autre, surtout après des faits gros de menaces sur le processus de paix, comme l’attentat manqué contre le Premier ministre Guillaume Soro.

Sous ce registre, le désarmement et les grades retiennent beaucoup plus l’attention. Si bien d’autres aspects de l’Accord ont été rapidement exécutés, ce n’est pas le cas du désarmement, malgré l’existence du programme de désarmement, démobilisation, réinsertion de l’Organisation des Nations unies (ONU) censé accompagner les anciens combattants qui veulent retourner à une vie civile. Les armes ont été officiellement déposées, et une cérémonie baptisée Flamme de la paix a été organisée à Bouaké pour servir d’exemple et de signal fort. Malgré tout, les ex-rebelles tardent toujours à déposer les armes, comme pour dire qu’ils n’ont pas entièrement confiance. C’est pourquoi, dans un côté comme dans l’autre, l’on doit davantage travailler à instaurer un véritable climat de confiance pour une rapide et réelle sortie de crise.

Le premier anniversaire de l’Accord de Ouagadougou sera célébré alors que le désarmement se fait toujours attendre. Ce qui fait dire à certains observateurs de la scène politique ivoirienne que tout avance dans la mise en oeuvre de l’Accord, sauf le désarmement. A ce problème sensible s’ajoute celui des grades des anciens combattants des Forces nouvelles qui voudraient intégrer l’Armée nationale, ce à quoi sont opposés bien des membres du camp Gbagbo. Tous ces points pour lesquels les protagonistes disaient s’en remettre à la décision du facilitateur sont autant d’obstacles sur le chemin de la paix. Mais après tout, l’essentiel est qu’on avance, de préférence au plus vite pour permettre à la Côte d’Ivoire de tenir le pari de l’élection et de renouer avec la grande stabilité qui l’avait jadis caractérisée.

"Le Pays"

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