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Thibault Nana, initiateur de la Journée ville morte : "Je me démarque des casseurs"

Publié le vendredi 29 février 2008 à 11h03min

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La Journée ville morte a été une réussite, selon le président du RDP, Thibault Nana. Initiateur du débrayage pacifique et du mouvement spontané de lutte contre la vie chère, il se démarque de toutes les actes de violence observés et salue les décisions prises par l’Etat pour améliorer les conditions de vie des populations.

Sidwaya (S.) : Vous avez invité la population ouagalaise à observer, hier 28 février 2008, une Journée ville morte. Estimez-vous que le débrayage a été suivi ?

Thibaut Nana (T.N.) : Comme vous le savez, depuis un certain temps, il y a eu une flambée du prix des produits de grande consommation. On croyait que le gouvernement, les syndicats de travailleurs, la société civile allaient agir pour parer à cette situation catastrophique qui fait souffrir le peuple.

Mais rien ne s’est passé, personne n’a réagi, même pas l’opposition dite radicale qui ne manque pas d’occasion pour critiquer le pouvoir en place. C’est pourquoi en tant que responsable d’un parti politique, le RDP, j’ai pris la décision de venir au secours de mes compatriotes. Je ne suis pas la personne la mieux indiquée parce qu’il y a des personnes plus courageuses, plus déterminées, mieux éclairées que moi qui peuvent le faire. Il s’agit d’une manifestation pacifique qui permet aux gens d’exprimer leurs désaccords par rapport à la situation, de montrer qu’ils ne sont pas contents et qu’ils souffrent. Le débrayage a été un succès total. Tous les magasins, boutiques, commerces et autres maisons de commerce ont fermés. Rien n’a fonctionné aujourd’hui dans le secteur économique.

S. : N’est-ce pas par peur que les gens ont préféré rester chez eux pour ne pas être les victimes de violence ou de vandalisme ?

T.N. : Non, absolument pas ! Avant mon appel à manifester, j’ai au préalable conscientisé et sensibilisé les gens pour leur dire que j’ai renoncé à la marche contre la vie chère pour éviter les violences et autres actes de vandalisme. La Journée ville morte a été alors lancée pour contourner les violences. C’est une stratégie qui a été respectée par tout le monde. Je pense que la population a simplement exprimé son ras-le-bol. J’ai reçu des coups de fil de plusieurs personnes qui m’ont encouragé dans mes actions.

S. : Est-ce que des partis politiques, des organisations syndicales ou de la société civile se sont ralliés à votre mouvement pour le boycott général du travail ?

T.N. : Aucune organisation ou parti politique ne m’a approché pour me soutenir ou m’accompagner dans le mouvement.

S. : Des personnes ont manifesté et des actes de vandalisme ont même été enregistrés. Vous sentez-vous responsables de ces violences ?

T.N. : Les manifestations de mercredi dernier n’avaient aucun lien avec le problème de la vie chère. Les manifestants reprochaient au maire de la ville, Simon Compaoré, les désagréments qu’ils rencontrent à cause d’une voie non bitumée. Les actes de violence d’aujourd’hui ne me concernent pas car j’ai fait passer des communiqués à la radio pour dire aux gens de rester chez eux et de ne pas s’adonner au vandalisme. Les boutiques fermées, les marchés fermés, les bars et buvettes fermés ainsi que les stations d’essence, telle a été la consigne. Je ne suis pas responsable des violences qui seront enregistrées. Et si des gens sont arrêtés par la police, ils répondront de leurs actes. Je sais qu’il y a des infiltrés, des gens qui veulent nous détourner de nos objectifs. Mais ils ne réussiront pas.

S. Le gouvernement a entrepris une série de rencontres avec les différentes couches socioprofessionnelles, afin de les tenir informées des mesures qu’il a prises pour résoudre le problème de la flambée des prix et améliorer les conditions de vie des populations. Quel regard portez-vous sur les décisions prises dans ce sens ?

T.N. : La réaction du gouvernement était mon souhait le plus absolu. Dans mon appel à manifester, j’avais demandé une réaction rapide du pouvoir. Le Premier ministre, Tertius Zongo et le ministre de l’Économie avait été interpellés pour agir avant la marche qui devait avoir lieu le 20 février dernier. Il n’ont rien fait. La démarche des membres du gouvernement pour trouver des solutions au problème de la vie chère est à saluer. Elle est encourageante. Je m’attendais à ce qu’il y ait des communiqués émanant du régime, ce matin à la première heure pour indiquer clairement les décisions qu’il a prises par rapport à la grogne sociale et la flambée des prix. Il n’y a eu aucun communiqué du genre. C’est pourquoi le débrayage a été exécuté.

S. : Que va-t-il se passer après la Journée ville morte ?

T.N. : Puisque le gouvernement a trouvé des solutions à la vie chère, le mouvement qui avait été initié à cet effet arrête ses actions. Nous n’allions pas en guerre, ni ne cherchions à prendre le pouvoir, nous voulions une amélioration des conditions de vie des populations. La Journée ville morte prend fin à partir de 24h car l’Etat a pris au sérieux les soucis du peuple. Mais, s’il a opté pour un jeu de cache-cache pour tromper les gens et ne pas régler les problèmes, nous n’allons pas saccager les boutiques, mais nous savons où nous allons nous approvisionner en riz, en maïs et autres vivres.

Séraphine SOME

Sidwaya

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