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Le gouvernement aux partis politiques : « La contestation autour de la vie chère est stérile »

Publié le vendredi 29 février 2008 à 11h04min

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Le gouvernement burkinabè a poursuivi, jeudi 28 février 2008 à Ouagadougou, ses consultations autour de la vie chère avec les partis politiques. Avec les leaders des formations politiques, six membres du gouvernement ont exposé la situation de la flambée des prix, les actions entreprises pour la juguler et recueilli des suggestions.

« Le gouvernement burkinabè en son conseil des ministres du mercredi 27 février 2008, a décidé à titre exceptionnel d’exempter des droits de douane pour une période de trois mois à compter de ce jour, les produits de grande consommation suivants : le riz, le sel, les pâtes alimentaires, le lait concentré sucré, le lait en poudre et les laits infantiles. Concernant certains produits de grande consommation fabriqués au Burkina Faso comme le sucre, le savon et les huiles alimentaires, les consultations se poursuivent avec les principaux industriels afin de rendre compatibles leurs prix avec les conditions d’exploitation et du marché ». Ces deux mesures majeures prises par l’Etat burkinabè, la veille, pour contenir la flambée des prix ont été portées de prime abord, jeudi 28 février 2008, aux partis politiques dans le cadre des concertations entre les différentes couches socioprofessionnelles et le gouvernement.

L’équipe gouvernementale composée de Clément P. Sawadogo, de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Mamadou Sanou du Commerce, Filippe Savadogo de la Culture, du Tourisme et de la Communication, Jean-Baptiste Compaoré de l’Eonomie et des Finances, Gilbert Ouédraogo, des Transports et Salifou Sawadogo des Relations avec le parlement , a exposé à une vingtaine de leaders politiques, la situation de la vie chère au Burkina Faso et les efforts consentis par l’Etat pour soulager les consommateurs.

Les six (6) ministres ont expliqué que les causes de la flambée généralisée des prix sont liées à des facteurs exogènes (hausse des cours de baril du pétrole et des produits de grande consommation sur le marché international) et endogènes (pluviométrie calamiteuse).
« Le gouvernement a imaginé plusieurs scénarios pour contenir le phénomène. Mais , il s’est trouvé confronté à des sérieuses difficultés quand le baril est passé de 40 à plus de 100 dollars US et le riz thaïlandais, de 200 000 à 500 000 F CFA la tonne. Il a fallu donc envisager d’autres mesures », a indiqué le ministre de l’Economie et des Finances, Jean-Baptiste Compaoré. Il est revenu sur les efforts déjà consentis par l’Etat pour atténuer les coûts du carburant à la pompe et celui de l’électricité.

« L’Etat reste redevable à la SONABHY à hauteur de 8 à 9 milliards F CFA et subventionne l’électricité à environ 22 milliards F CFA », a révélé l’argentier du Faso. Les émissaires de l’équipe de Tertius Zongo ont également décrit et condamné les incidents survenus les 20 et 21 février 2008 à Bobo-Dioulasso. « La contestation autour de la vie chère est stérile. Il y a des moyens légaux dans ce pays pour protester sans passer par des actes de vandalisme. Les auteurs des casses et des pillages seront punis conformément à la loi », a confié Clément P. Sawadogo, ministre de l’Administration territoriale et chef de la délégation
gouvernementale.

La méthode « sapeur-pompier » décriée

Cependant, face à la persistance de la flambée des prix, le gouvernement a opté de livrer une guerre sans merci à la fraude et à la corruption. « Nous avons informé les opérateurs économiques que la fraude s’exprime de plus en plus au Burkina Faso par les sous-déclarations. Pour ce faire, l’Etat a changé les règles du jeu en élargissant les compétences de COTECNA et en réorientant les pratiques douanières », a expliqué Jean-Baptiste Compaoré.
Les représentants de partis politiques présents ont à l’unanimité salué l’initiative du gouvernement d’associer cette fois-ci les leaders politiques à la gestion de la crise liée à la flambée des prix. Si certains approuvent la démarche actuelle de l’Etat face à la situation, d’autres ont fustigé la méthode « sapeur-pompier » du gouvernement. « La flambée des prix n’est un secret pour personne. L’engagement de l’Etat pour juguler le phénomène est salutaire. Quant à la corruption, c’est un fléau aussi vieux que l’humanité. « Nous soutenons le gouvernement dans sa lutte contre la corruption qui fragilise les finances publiques », a estimé Hyppolite Ouédraogo de l’ADF/RDA.

« La contestation de la vie chère est loin d’être stérile car elle a conduit le gouvernement à prendre des décisions pratiques », a fait remarquer Jean Hubert Bazié de l’UPS. Il a suggéré que les luttes engagées contre la fraude et la corruption soient régulièrement publiées et portées à la connaissance des populations. Pour Noël Yaméogo de l’UNDD, il faut instituer de telles rencontres entre gouvernement-partis politiques et même au-delà, entrevoir une refondation des institutions.

Livrant le point de vue du Groupe du 14 février, Philippe Ouédraogo s’est réjoui de ce cadre d’échange avant de demander l’établissement d’un système de fixation des prix, un contrôle de l’approvisionnement des marchés... Le Groupe du 14 février recommande au gouvernement une capacité d’anticipation pour prévenir de telles crises au lieu d’attendre que la situation s’envenime pour jouer au « sapeur-pompier ». « Le gouvernement a-t-il décidé de baisser les prix devant la pression de la rue ou son action s’inscrit-elle dans une logique isolée, voire spontanée ? « a voulu savoir Jean Hubert Bazié.

Selon le ministre de l’Economie et des Finances, le gouvernement a pris tout le temps nécessaire pour comprendre les tenants et les aboutissements de la flambée des prix, juger son impact et prendre la décision salutaire pour tous les acteurs de l’économie nationale. « Le délai d’exonération exceptionnelle de trois mois est bénéfique à l’économie nationale. Dans trois mois, ce sera la saison pluvieuse et le riz local pourrait rafler le marché de celui importé », a souligné Jean-Baptiste Compaoré.
Les émissaires du gouvernement ont invité les partis politiques à condamner les actes de vandalisme et à jouer leur rôle de conscientisation et d’apaisement pour la cohésion sociale.

Jolivet Emmaüs (joliov_et@yahoo.fr)

Sidwaya

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