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Flambée des prix : Le réveil tardif du gouvernement

Publié le jeudi 28 février 2008 à 11h30min

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Irruption réprobatrice des croisés de la lutte contre la vie chère. Réveil brutal du gouvernement après les casses à tous les vents dans deux villes du pays et des menaces par-ci et par-là. Une semaine après les émeutes constatées à Bobo-Dioulasso, à Ouahigouya et à Banfora et quelque deux mois après la hausse vertigineuse des prix des produits, les autorités gouvernementales daignent enfin sortir de leur mutisme affligeant pour se lancer, frénétiques, à des concertations tous azimuts. Six rencontres en une journée.

Un record de marathonien qui traduit, s’il en est besoin, la grande capacité de communication de l’exécutif lorsque seulement une crise se déclenche. En effet, bien de Burkinabé ont été sidérés de constater la torpeur dans laquelle se prélassait le pouvoir pour circonscrire, à défaut de pouvoir l’arrêter, le volcan social qui remontait des profondeurs.

Point n’est besoin d’être analyste politique chevronné pour comprendre que le commun des Burkinabé en a ras-le-bol de ces flambées des prix. Comme acculé dans ses derniers retranchements, le gouvernement s’est résolu à réagir.

Le mardi 26 février 2008, Tertius Zongo, si ce n’est Blaise Compaoré lui-même, a dépêché, voire poussé les ministres vers les organisations syndicales ; les associations de consommateurs et mouvements de droits de l’homme ; les communautés catholique, musulmane et protestante ; et les chefs coutumiers.

Consignes : expliquer une flambée des prix qui ne s’explique pas et surtout, requérir le soutien des partenaires sociaux à la préservation de la concorde nationale. Comment ne pas se réjouir d’une telle démarche, qui plus est, vise à première vue la préservation de la paix sociale ?

Seulement, nombre de Burkinabé s’interrogent, dépités, sur la noblesse des intentions du gouvernement. A juste titre car gouverner, le sait-on, c’est prévoir. Depuis le mois de décembre 2007, la flambée des prix n’a cessé de ronger le pouvoir d’achat des travailleurs.

Et vogue la galère ! Depuis ce temps, les autorités sont restées sourdes aux gémissements du panier de la ménagère. Et quand la presse se fait l’écho de la valse étourdissante des étiquettes, le gouvernement, par un communiqué laconique aux nauséeux relents de démagogie, promet des mesures énergiques pour soulager la misère des consommateurs.

Pendant que des tracts appelaient à des manifestations contre « l’augmentation des taxes et impôts » que l’on tente désespérément de démentir aujourd’hui, ça ronronnait dans les ministères. Pour ne se réveiller qu’après les chaudes journées des 20 et 21 février derniers.

Quelquefois, on est fondé à penser que nos dirigeants qui mangent gras, boivent frais et roulent carrosse ne sont pas sur la même planète que nous, tant notre pouvoir d’achat et le leur n’ont aucune commune mesure. Cela expliquerait aisément qu’ils soient si peu sensibles quand on leur apprend que le prix du litre d’huile de cuisine a connu une hausse de plus 250 F CFA ou que le savon a connu une inflation de 30%.

Et c’est toujours sous la pression des crève-la-faim, des pieds poudreux que nos autorités se résolvent, du haut de leurs îlots de bonheur, à regarder l’océan de misère dans lequel se noient les petites gens. Certes, mieux vaut tard que jamais.

Mais de grâce, que l’on nous épargne ces rencontres spectacles au cours desquelles des ministres, aux allures de one-man-show, déversent leur bile sur de pauvres journalistes, prononcent des sourates, ou crient alléluia amen !

Messieurs les membres du gouvernement, trouvez-nous des moyens pour amoindrir le choc de l’envolée des prix. Dieu vous le revaudra. Les consommateurs aussi.

Alain Saint Robespierre

L’Observateur

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