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Liberté d’expression en Afrique de l’Ouest : La dépénalisation des délits de presse pour l’ancrage de la démocratie

Publié le jeudi 28 février 2008 à 10h56min

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Le Centre national de presse Norbert-Zongo organise du 27 au 29 février 2008 à Ouagadougou, un séminaire régional sur la dépénalisation des délits de presse en Afrique de l’Ouest. Les patrons de presse, les syndicats et associations de journalistes et les hommes de droit venus de la région ouest-africaine prennent part à la rencontre.

Défendre la liberté d’expression et de presse en vue d’ancrer et d’approfondir la démocratie dans l’espace CEDEAO et en Mauritanie, tel est le souci du Centre national de presse Norbert-Zongo (CNP/NZ) à travers l’organisation du séminaire sur la dépénalisation du délit de presse. Une trentaine de participants venus du Bénin, du Burkina Faso, du CapVert, de la Côte d’Ivoire, de Gambie, du Ghana, de Guinée, de Guinée-Bissau, du Liberia, du Mali, de Mauritanie, du Niger, du Nigeria, du Sénégal, de la Sierra Leone et du Togo vont renforcer leur compréhension sur la dépénalisation des délits de presse en Afrique de l’Ouest, harmoniser les points de vue sur la question, élaborer un document de plaidoyer et mettre en place une stratégie de plaidoyer au niveau régional.

Un vœu cher aux journalistes africains

Le séminaire se déroule sous forme de communications, sur des sujets tels que "la dépénalisation des délits de presse face à la responsabilité sociale du journaliste", "dépénaliser les délits de presse en Afrique de l’Ouest : pourquoi et comment", "Pour ou contre la dépénalisation dans le processus démocratique en Afrique de l’Ouest".
"Le journalisme constitue l’un des rares domaines d’activités où une faute professionnelle est susceptible d’être sanctionnée par un emprisonnement", a déploré le président du comité de pilotage du Centre national de presse Norbert-Zongo (CNP/NZ), Chérif Sy.
"Est-ce à croire que la presse est moins nécessaire que d’autres corps de métiers à l’éclosion et à la consolidation de la démocratie ?" S’est-il interrogé.

Assurément non, "si tant est qu’il ne saurait y avoir de démocratie véritable sans une presse libre et plurielle", a-t-il ajouté. Pour le président du Conseil supérieur de la communication du Burkina Faso, Luc Adolphe Tiao, ce sujet récurrent s’invite à l’actualité par la situation de nombreux journalistes du continent, embastillés ou subissant des sévices dans l’exercice de leur fonction.

Il s’agit donc pour les journalistes, de défendre leur plume ou leur micro tout en restant à l’abri des harcèlements, des agressions, des procès fantaisistes. Pour sa mission d’éclairage, de conscientisation et d’information, le journaliste, selon Luc Adoph Tiao "doit être protégé et soustrait de la menace virtuelle des peines afflictives. Alors, faut-il fabriquer aussi des délinquants impunis ?" Au risque de jeter le discrédit sur les médias, Chérif Sy est clair là-dessus. "Les hommes et les femmes des médias ne revendiquent aucune impunité au nom de la noblesse et de l’utilité publique du métier qu’ils exercent". Il ressort de l’intervention du président du CSC, Luc Adolphe Tiao, que les gouvernements ne sont pas toujours hostiles à la dépénalisation des délits de presse, mais émettent des réserves sur les éventuelles conséquences sur les citoyens. Le terme en lui-même prête parfois à confusion.

Alors, les différents acteurs sont unanimes à dire que la réflexion doit être approfondie sur le sujet. "Nous devons rassurer et convaincre que le nouvel aménagement juridique que nous appelons de tous nos vœux, ne tend pas à faire du journaliste un super homme qui ne répond de rien dans la société dont il traduit les soucis et les rêves", a suggéré M. Tiao. "Si cette condition est réunie, nous sommes prêts à continuer avec plus de pugnacité notre plaidoyer en faveur d’une dépénalisation rapide de l’activité médiatique", a-t-il rassuré les journalistes.

Assétou BADOH


Un appel en faveur de Moussa Kaka

"Sans avoir la prétention de nous immiscer dans les procédures judiciaires en cours au Niger, je voudrais saisir la tribune qui m’est offerte, pour lancer au nom du Réseau des instances africaines de régulation de la communication (RIARC), un appel aux autorités nigériennes pour la libération du journaliste Moussa Kaka, dans l’attente d’un procès équitable". A travers ces propos, le président du CSC, Luc Adolphe Tiao en appelle à la sensibilité des autorités nigériennes, face à toutes les démarches qui convergent vers un plaidoyer en faveur de notre confrère nigérien Moussa Kaka.

AB


Le Togo, sacré veinard

Deux pays sur la quinzaine que compte l’espace CEDEAO ont dépénalisé le délit de presse. Il s’agit du Togo et du Ghana. Daniel M. Lawson-Drakey, directeur de la Maison de la presse du Togo explique l’expérience de son pays en matière de dépénalisation des délits de presse : "L’environnement politique à l’époque a favorisé cette dépénalisation".

Mon pays traversait une crise politique et c’est en réponse à l’engagement pris par l’Etat togolais devant l’Union européenne qui lui avait demandé la dépénalisation de délits de presse. Nous avons été associés à la relecture des textes, toutes les actions ont été suivies par les chancelleries occidentales. Nous avons eu un coup de chance. Aujourd’hui, nous travaillons à corriger les confrères qui n’ont pas compris que le journaliste a une responsabilité sociale. Si nous ne prenons garde, nous allons offrir le lit aux détracteurs de la dépénalisation ou même revenir à des peines privatives de liberté pour les délits de presse".

AB

Sidwaya

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