LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

G8 : Bush veut refiler sa patate chaude

Publié le jeudi 10 juin 2004 à 07h56min

PARTAGER :                          

Georges Walter Bush est vraiment le fils de son père. Après avoir délogé de son trou de souris Saddam Hussein, lequel hantait les nuits de son géniteur, et créé le chaos en Irak, Bush Junior tient mordicus à faire trinquer le reste de l’humanité, à commencer par le G8. Le mercredi 9 juin, les 8 pays les plus industrialisés se sont rencontrés dans une petite île de Georgie. Cette île a été choisie par l’époux de Barbara.

Ainsi, selon le secret espoir de l’hôte, le Japon, la Russie, l’Allemagne, l’Italie, la France et le Canada devaient venir faire la révérence suivie de soumission. Les dossiers à l’ordre du jour sont explosifs. Ficelés par les experts de l’ancien gouverneur du Texas, sous l’œil vigilant de sa conseillère en communication Condolleza Rice, laquelle, soit dit en passant, est célibataire sans enfant et sans ami.

Voici les thèmes qui seront étalés : le projet du Grand Moyen-Orient, sécurité et terrorisme, le problème du Proche-Orient, la dette de l’Irak et les armes de destruction massive (ADM). Sur tous ces dossiers si les Etats Unis pensent pouvoir compter sur les bénis oui-oui de la Grande-Bretagne et de l’Italie - Tony Blair et Berlusconi étaient devenus des garçons de course -, il n’en est pas de même des autres pays restant à savoir le Japon, l’Allemagne, le Canada, la Russie et surtout la France. Ces pays sont persuadés que Walter Bush manipule des galettes trop chaudes et cherche à les refiler à d’autres.

Comme on le dit, ce n’est pas à un vieux singe qu’il faut apprendre à faire les grimaces. L’initiative du "projet Grand-Orient" dont le président américain veut déposer le brevet n’attire pas l’enthousiasme des premiers concernés. Si fait que l’Arabie Saoudite et l’Egypte ont décliné l’invitation pour la Georgie. Comme quoi, on ne peut pas faire le bonheur de quelqu’un à sa place.

Sur le thème de "sécurité et terrorisme", il y a également un couac : les Européens sont inquiets des empiétements sur la vie privée que constituent les partages des données sur les passagers. A propos du Proche-Orient, Bush veut une chose et son contraire : que l’on parle du Proche-Orient, mais motus et bouche cousue sur le retrait de la bande de Gaza et les escapades meurtrières de Sharon.

Là où l’objectivité et le pragmatisme américain sont battus en brèche de la part de ce pur-sang c’est concernant la dette de l’Irak. Bush, du haut de son fauteuil au bureau oval, veut que tous les pays et les institutions financières effacent l’ardoise irakienne qui s’élève à... 120 milliards de dollars. La pilule est dure à avaler pour des pays qui ne sont pour rien dans l’endettement de ce pays. L’Amérique voudrait donc d’un terrain plat pour siphonner aisément le pétrole irakien.

Décidément ni l’économie, ni la géopolitique ne sont le fort du président américain, ni les questions de ballistique d’ailleurs. Après avoir vainement cherché des armes de destruction massive en Irak, ce qui ne l’a pas empêché de faire sa guerre, laquelle fait chaque jour de petits monstres, le timonier voit des armes partout. Un porte-parole de la Maison Blanche, Sim Wikinson, dit pince-sans-rire qu’il faut "traquer les ADM". Sans blague ! Du John Wayne.

L’agence de l’énergie atomique a-t-elle déjà fait un tour au sous-sol du Pentagone pour vérifier l’existence d’armes de destruction massive ? En réalité, la hantise de Georges Bush, ce sont trois pays : la Corée du Nord, l’Iran et la Russie. Une fois ces pays désarmés et rendus inoffensifs, peut-être pourrait-il créer l’axe du Bien. Ce serait le paradis sur terre, où les lions cohabiteraient avec les chevreuils. Les Arabes en premier semblent avoir compris où leur mènerait le traquenard de l’Administration Bush.

Ainsi, ayant reniflé que le projet du Grand Moyen- Orient n’est qu’un remodelage intéressé, ils ont décidé de prendre les devants. Ce n’est pas un hasard si la tenue du sommet de Tunis a été anticipée. Il faut au moins qu’ils se tondent les cheveux avant que les Américains ne leur rasent la tête. Mais Bush n’a pas dit son dernier mot. Même après sa chute de vélo le mois passé. Vite, il lui faudra gagner des points, car l’élection présidentielle, c’est pour novembre.

Issa K. Barry
Observateur Paalga

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique