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Télécommunications : Des fantômes utilisent nos lignes téléphoniques

Publié le mardi 26 février 2008 à 10h13min

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Ce n’est pas une plaisanterie ! Je vous assure que ma ligne téléphonique est squattée par un fantôme. Je vous explique : j’ai installé une ligne il y a plus d’une décennie. J’ai mis le poste dans un coffret avec serrure de sorte que l’on ne puisse pas accéder aux touches pour appeler. On décroche le combiné, uniquement pour répondre aux appels. Et depuis, je ne paye que 2500 F de redevance mensuelle.

Mais voilà que je reçois une facture de vingt-quatre mille francs et des poussières en janvier, soit une augmentation de 1000%. Même au pays de Mugabe, où l’inflation fait le saut à la perche, celle-ci n’a pas atteint cette hauteur vertigineuse ! Aurais-je été cardiaque que cela m’eût été fatal. Dieu merci ! C’est seulement mes yeux qui ont rougi. C’est tout furax que je me suis rendu à l’ONATEL pour signaler l’erreur de facturation. L’agent de service était sceptique quand je lui déroulais mon explication.

J’ai alors demandé que l’on me ressorte la liste des numéros composés à partir du numéro 40 55 00 96 , c’est-à-dire de mon poste. Rendez-vous me fut donné sous quinzaine, et je me suis entendu dire ce jour-là (le 15e jour) que l’Onatel était en train de mettre un nouveau système en place et qu’il n’était plus possible d’avoir la liste des appels du mois antérieur. Donc, le client ne pourra plus faire des réclamations concernant sa facture. Bizarre ! Devant ma mine déconfite, on m’offrit néanmoins la liste des numéros composés en février.

Mon Dieu ! On continuait à utiliser ma ligne à mon insu. Je consultai la liste et décidai d’appeler le numéro privé qui était revenu par deux fois. Je tombai sur une voix qui m’avoua recevoir souvent des appels d’une jeune fille dont il ignorait le nom et qui, selon ses dires, serait une élève de la classe de terminale. Dieu m’est témoin, aucune jeune fille n’habite chez moi. Ma nièce a onze ans et il est impossible qu’elle puisse abuser un adulte avec sa petite voix d’enfant.

En plus, il est impossible d’appeler de ma maison avec mon poste dans un coffret fermé à clé, laquelle est égarée il y a dix ans ! Je vous assure que j’ai beau inspecter en fin limier tous les recoins de ma maison, aucune trace de la fille en question.

J’ai même regardé sur le toit et jeté un coup d’œil dans le trou des toilettes turques : rien. Je suis naturellement arrivé à la conclusion que c’est un fantôme qui utilise ma ligne. Mon voisin Sanou, un vieux Bobo, m’a conforté dans cette hypothèse. Il dit que le téléphone, c’est la sorcellerie des Blancs, qu’il marche grâce à des génies qui transportent nos propos et qu’il est donc tout à fait normal que ceux-ci utilisent de temps à autre nos lignes.

Alors, j’ai décidé de changer mon abonnement et de prendre une ligne avec carte prépayée. De sorte que mon fantôme soit obligé d’acheter une carte s’il persiste à vouloir utiliser ma ligne. No card, no call ! Pour ça et pour les appels du fantôme, je dois payer 43 000 F CFA et des restes… Aïe, il me faudra racler toutes mes économies péniblement thésaurisées pendant des années et me retrouver sans un rond. Voilà comment on achève un honnête citoyen.

Comme je ne suis pas homme à faire du ramdam autour de mes problèmes, je me tais. Sinon, j’aurais crié mes malheurs sur tous les toits et peut-être que d’autres victimes des fantômes de l’ONATEL se seraient jointes à moi et nous aurions fait un raffut d’enfer. Nous pourrions peut-être contraindre l’Onatel à recruter un prêtre exorciste pour sécuriser nos lignes ou à regarder dans sa boîte si ne s’y cache pas un Fantomas ou… un agent indélicat ! Mais comme d’habitude je ne dirai rien. Motus et bouche cousue !

Barry Saidou
Secteur 7 OHG
Tel : 40 55 00 96

L’Observateur

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