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Rentrée 2008 des politiques : Des professeurs ès prédiction

Publié le mardi 26 février 2008 à 10h48min

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Affaire donc à suivre, que peut-on dire d’autre. Mais cet état d’esprit traduit avant tout, la curieuse manière qu’ont les hommes politiques burkinabè à montrer qu’ils existent et qu’ils se préoccupent du sort de leurs concitoyens. Déroulant à tour de rôle, leur rentrée 2008, n’est-ce pas qu’à nouvelle année, nouvelle ambition, des leaders de l’opposition ont prédit pour le Burkina Faso l’apocalypse !

Après le « chat noir » du Nayala, voilà l’ex-impresario, Ram Ouédraogo qui réserve au pays le Kenya (sic) si on ne refondait pas les choses tel que lui le comprend et le veut. Sa sortie malheureuse, a-t-il soutenu très sérieusement, est dénuée d’arrière pensée politique. Et pour cause, il n’est pas un crève-la-faim comme d’autres opposants parce qu’étant un parachuté du show-biz, qui « portait des costumes et des chaussures de 300 000 FCFA ». N’est-ce pas que nos politiciens ont cette stature de véritables grands hommes ayant une claire idée du mieux-être des Burkinabè. Pourquoi ne s’en retourne-t-il pas vers son milieu originel ?

Mais, tout le monde l’avait remarqué après quelques mois passés hors de l’hémicycle, la pénurie s’installe. Raison économique sans doute au premier chef, ces leaders là ne peuvent pas vivre sans... Ne pas disposer du mandat de député et des avantages qui vont avec, il est fort logique, qu’ils soient pris d’une forte fièvre de « refondanite ». Pêle-mêle, il faut tout refonder et de fond en comble ! Alors, le meilleur scénario et qui naturellement apportera l’écran de fumée à leurs desseins serait d’abord d’indexer la constitution, puis les seconds couteaux tels le financement public des partis, le statut de l’opposition, l’organe en charge de l’organisation des scrutins. Ainsi, on met à profit le nouvel an, une occasion bonne pour décliner vœux, souhaits, attentes et ambitions.

Pour assurer un avenir radieux au cher Faso, il faut ni plus ni moins assurer celui des figures connues, qui s’ennuient loin du parlement. Que les partis qu’ils représentent aient un, deux, trois députés ou plus, peu importe, pourvu que eux disposent de ce statut dû aux leaders prédestinés !!! On réduit forcément la démocratie à la satisfaction d’intérêts individuels et un de nos récents éditoriaux se demandait à haute voix « Et si la refondation de la démocratie commençait par la vie des partis » ? Loin de nous, l’idée de ressasser un sujet qui du reste tient plus à cœur les politiciens qu’à nous.

A preuve, à peine finissait-on d’écrire que Ram, le week-end dernier rentrait dans les mêmes souliers et nous servait la même soupe. Certes, le dialogue réclamé à cor et à cri ou la deuxième rectification prônée par un certain « chat noir », peut se concevoir parce que la démocratie est dynamique. Mais entre se remettre en cause et annoncer une tragédie imminente pour le Burkina, la relation des deux phénomènes relève d’un grand écart digne d’équilibristes sans génie.

A ce jeu là, on voit forcément se profiler le débat de l’alternance. Celle-ci se réduit à un jeu de relecture des textes selon l’imagination assez courte de politiciens pensant à tort que le pouvoir se donne par un angélisme d’un autre genre, ils rêvent au point de se dire que le CDP est à l’heure de passer la main. Quitte à les décevoir, aucun parti ne passe le témoin comme dans un relais parce qu’il aurait terminé sa portion de course à effectuer. L’alternance obéit à des conditions à remplir et l’opposition telle que organisée n’est pas en situation de la réaliser. Dispersée aux quatre vents, incapable de présenter un projet politique hors des sentiers battus, ne disposant pratiquement pas de cadres, elle s’oblige alors à se battre pour des strapontins pour les figures connues ayant chacun leur parti et donc leur chose. Face à cette réalité, la refondation n’a plus son sens parce qu’elle n’est pas vue sous le prisme de l’équilibre des institutions et de l’ancrage de la démocratie.

Naturellement, il y aurait des choses à dire sur les textes et le cadre du MAEP vient à point nommé. Il offre la tribune à l’opposition d’avancer ses propositions pour l’amélioration de la gouvernance politique. Si ces textes dits comportent des dispositions néfastes, tout cadre permettant la discussion est bon à prendre. Au moins avec le MAEP, personne ne tirera la couverture à soi comme ce sera sans doute le cas du face-à-face réclamé par Ram. Après tout, le fait d’être opposant n’est pas synonyme de bonne foi. Le « je parle pour le bien de la république » est une rengaine déphasée et ne convainc plus à force d’être répétée à l’envi. Ennuyeux !

Souleymane KONE

L’Hebdo

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