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Troubles sociopolitiques en Afrique : leçons de choses

Publié le mardi 26 février 2008 à 10h31min

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Poussée de fièvre sociale au Burkina Faso sur fond de "lutte contre la vie chère", émeutes meurtrières à Douala au détour d’une tentative (?) de modification de la constitution, "attaque à main armée" contre le pouvoir de N’Djaména...

La rue africaine gronde et fait trembler les tenants du pouvoir qui ne savent plus où donner de la tête, face à ces insurrections populaires. Des émeutes pourtant prévisibles, depuis la montée en puissance du néolibéralisme, consécutivement à la chute du mur de Berlin et la déconfiture du bloc de l’Est qui s’en est suivie. Déjà en butte à un passif de cinq siècles d’esclavage et de colonisation, l’Afrique n’a pas su gérer son indépendance politique, les dirigeants préférant, plutôt que de suivre la voie salvatrice de l’intégration politique et du développement endogène, se laisser insérer voire ingérer mécaniquement par ce système prédateur. Conséquence comme le note Joseph Ki-Zerbo (Repères pour l’Afrique, P. 16), "l’Afrique dans tous les compartiments (investissements, budgets, créances, agriculture, recherche etc.) est ingérée par le marché mondial. C’est une vraie inclusion qui débouche sur une exclusion après instrumentalisation dans un rôle d’exploité, de dominé, de mondialisé. Aucun continent n’est aussi extraverti et aliéné".

Voilà pourquoi il subit de plein fouet les effets pervers de ce marché mondial, théâtre d’action de boursicoteurs, de financiers usant de taux d’usuriers et d’Etats prédateurs. Le ministre de l’Economie et des Finances Jean-Baptiste Compaoré l’a indiqué dans notre édition d’hier, "l’indice des prix a grimpé" dans la quasi-totalité des pays de la sous-région. C’est que, dans la plupart de ces pays, "l’antithèse principale du développement est la pauvreté et plus exactement la paupérisation, essentiellement depuis l’option néolibérale des PAS imposés par les institutions de Bretton Woods".

C’est dire qu’il va falloir revoir la copie, et la visite de Dominique Strauss-Kahn au Burkina et la table ronde qu’il doit avoir avec certains chefs d’Etat doit poser les bases de ce "new deal". Mais, la vraie option réside dans le développement endogène, "mixte dans la verticalité du temps entre l’ancien et le neuf et dans l’horizontalité de l’espace poreuse à tous les souffles du monde" (Aimé Césaire).

Ce constat d’ordre général posé, le cas burkinabè appelle quelques remarques, si tant est que leur concomitance avec certaines visites de marque dans notre pays est loin d’être fortuite. Déjà certaines manifestations (décembre 2006) avaient coïncidé avec des événements d’envergure, ce qui n’est pas loin de donner à toutes ces ratonades, une portée politique. Le "troisième larron cagoulé" ou l’opposition clandestine pour ne pas la nommer, chercherait-elle les conditions subjectives de sa "révolution nationale démocratique et populaire". On ne le sait trop, mais, les gouvernants doivent ouvrir l’œil et le bon, car, rien n’est plus facile que d’instrumentaliser des populations psychologiquement préparées. Il faut agir ici et maintenant contre la vie chère.

Boubacar SY

Sidwaya

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