LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Dominique Strauss-Kahn à Ouagadougou : Rapprocher le Fonds monétaire international des Africains

Publié le mardi 26 février 2008 à 10h23min

PARTAGER :                          

Présent à Ouagadougou pour une visite de 72 heures, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss Kahn a eu, le lundi 25 février, une séance de travail avec des chefs d’Etat et de gouvernement de l’espace UEMOA. Ceux-ci ont plaidé pour que le FMI se rapproche davantage de l’Afrique pour lui permettre de faire face aux défis de la mondialisation dans un contexte de crise économique.

Quatre mois après sa nomination à la tête du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss- Kahn est venu discuter avec les chefs d’Etat de la région sur les possibilités de coopération et sur la santé de l’économie dans l’espace UEMOA. L’Afrique de l’Ouest qui a soutenu sa candidature à la tête du FMI attend beaucoup du Fonds. Le Français Dominique Strauss -Kahn (DSK) qui a placé son mandat sous le signe de la réforme de l’institution en vue de l’adapter aux exigences actuelles a justifié son premier déplacement dans la région par le fait que l’Afrique est un terrain « où le FMI doit investir beaucoup et où il y a beaucoup d’enjeux ».

Ainsi, il a eu une table ronde avec les chefs d’Etat, Blaise Compaoré du Burkina Faso, Faure Gnassingbé du Togo, Laurent Koudou Gbagbo de la Côte d’Ivoire, Amadou Toumani Touré du Mali, Yayi Boni du Bénin et les Premiers ministres du Niger et de la Guinée ainsi que l’ambassadeur du Sénégal au Faso. « Nous attendons que le FMI puisse améliorer sa gouvernance, notamment en rendant ses instruments financiers beaucoup plus accessibles aux Africains particulièrement pour les pays fragiles, ceux en situation de crise. Nous attendons aussi une meilleure représentation du continent au sein des instances d’administration du Fonds », a soutenu le président Compaoré à l’issue de huis clos.

Mais avant ce huis clos de plus de deux heures, le directeur général du FMI a eu un petit déjeuner avec le Premier ministre burkinabè, Tertius Zongo et des audiences avec les délégations présidentielles. Se félicitant de commencer sa visite africaine à Ouagadougou sous l’hospitalité du président Compaoré qui a réuni plusieurs chefs d’Etat pour discuter au niveau régional, DSK a déclaré que dorénavant, des politiques devraient être conduites avec diligence dans un moment difficile. « La crise économique dans le monde a des conséquences partout, y compris en Afrique où on a certes enregistré des taux de croissance remarquables », a poursuivi M. Strauss-Kahn. En effet, au cours des dernières années, l’Afrique a connu de façon régulière des taux de croissance supérieurs à 5%.

Et le directeur général du Fonds d’ajouter que le FMI est un des partenaires du continent qui aide l’Afrique occidentale à avoir un taux de croissance plus élevé que par le passé. Pour cela, il a été question des mesures à prendre, des progrès enregistrés et des possibilités de coopération à entreprendre et de la façon dont le FMI peut aider au développement de l’Afrique. Institution de coopération, le FMI traîne pourtant une mauvaise image auprès des pays en développement, du fait des conséquences désastreuses de ses programmes d’ajustement structurels et autres conditionnalités entrepris aux lendemains des années 90 sur leurs économies. « Le FMI est présenté souvent comme un pompier qui vient éteindre l’incendie et qui noie tout sur son passage », a d’ailleurs reconnu DSK. Il a aussitôt ajouté que « cette vision partielle et ancienne du Fonds » doit céder la place à une nouvelle ère. En effet, le FMI entend accroître son assistance technique aux Etats africains, contribuer à la construction des nouvelles capacités en vue de faire fonctionner la Banque centrale. Il envisage aussi d’aider à asseoir des systèmes fiscal et douanier adaptés tout en veillant à ce que l’endettement ne dérape pas.

En somme, son rôle va consister à réunir les conditions de la croissance. « C’est en ce moment que les agences de financement comme la Banque africaine de développement peuvent financer des projets », a estimé M. Strauss-Kahn. Celui-ci a insisté sur la nécessité de créer un environnement économique assaini pour que la croissance se consolide sur le continent. En cela, le FMI devra être plus proche de l’Afrique à travers la modernisation de ses instruments et de sa manière d’intervenir pour permettre aux Etats de faire face aux enjeux de la mondialisation, comme l’a souhaité le président béninois.
Pour Yayi Boni le fait que Dominique Strauss-Kahn soit un socialiste ne dérange aucunement la région. « C’est d’abord un homme politique et un brillant économiste. Tout le monde reconnaît sa valeur intrinsèque. On s’est ailleurs félicité de son arrivée à la tête du FMI », a-t-il conclu.

S. Nadoun COULIBALY
coulinad@hotmail.com
Bachirou NANA


La parole aux acteurs

A l’issue du huis clos qui a duré plus de deux heures, plusieurs personnalités apprécient le déroulement des travaux.

Blaise Compaoré, président du Faso : Nous attendons du FMI qu’il améliore sa gouvernance, notamment rendre ses instruments financiers beaucoup plus accessibles aux Africains, particulièrement aux pays fragiles, les pays en situation de crise. Nous attendons aussi une meilleure représentation du continent dans les instances d’administration de ce fonds. Le FMI n’est pas un organisme de financement du développement mais un organisme qui aide surtout à organiser la structure macro- économique de l’Etat pour permettre le développement. C’est une institution qui a une place importante dans le mouvement de développement de notre pays. Un collègue a souligné que le fait d’avoir été un homme politique peut aussi aider à la connaissance des dossiers africains.

Boni Yayi, président du Bénin : Le FMI doit aller au-delà de sa fonction classique. En ce moment, nos relations deviennent de plus en plus complexes, notamment la gestion de la mondialisation. Si le FMI devait rester ou avoir l’image qu’il avait jusque-là, on ne va pas s’en sortir. C’est la raison de l’arrivée de Dominique Strauss Kahn. C’est un homme politique averti de la complexité des problèmes économiques mondiaux et surtout des défis de la mondialisation. Nous saluons son arrivée. Il est venu nous rassurer de compter sur le FMI qui va se rajeunir. Que le Fonds va essayer d’adapter ses instruments, ses méthodes, ses procédures pour tenir compte de nos préoccuations essentielles en tant que pays pauvres très endettés.

Jean Baptiste Compaoré, ministre de l’Economie et des Finances : Cette rencontre au sommet entre les chefs d’Etat et le directeur général du FMI, était une prise de contact pour certains, d’autres ont pu échanger sur des points sur lesquels il s’étaient entrenus auparavant. J’ai trouvé cela très riche comme enseignement, aussi, les débats vont se poursuivre au niveau bilatérale. Les pays de l’UEMOA attendent du FMI une meilleure organisation, un soutien plus accru pour ces pays fragilisés par des chocs exogènes. Les chefs d’Etat ont fait part de leurs préoccupations et du soutien qu’ils attendent du directeur général du FMI. Ce dernier s’est montré très sensible et a promis d’engager des actions dans le cadre des réformes qu’entreprendra son institution.

Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI : Les chefs d’Etat de l’UEMOA attendent que le FMI continue d’apporter son soutien aux pays en termes d’assistance technique de financement. Ils ont besoin que nous soyons présent, ce que je leur ai confirmé, pour continuer à former des cadres, à organiser les recettes fiscales, à réformer le système douanier. Et aussi pour leur fournir des financements dont ils ont besoin pour passer des cas difficiles comme la hausse du prix du baril de pétrole et des produits alimentaires. La hausse des prix des produits alimentaires provoque des réactions de la population dans tous les pays et encore plus dans les pays à bas revenu. Le FMI n’a pas de réponse de court terme à apporter, c’est un phénomène mondial, plutôt des réponses de long terme. Des réponses de court terme, c’est par exemple de telle ou telle mesure fiscale, des propositions de modifier tel ou tel aspect de leur politique de façon à soulager la pression.

Propos recueillis par SNC-BN

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique