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Strauss-Kahn à Ouaga : Une visite qui tombe à pic

Publié le lundi 25 février 2008 à 11h21min

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Le nouveau directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn (DSK), est au Burkina Faso depuis ce dimanche 24 février 2008. Le FMI a été créé officiellement le 27 décembre 1945, après la conférence monétaire et financière de Bretton Woods aux USA en juillet 1944.

L’institution, qui regroupe aujourd’hui 185 pays, avait pour objet de réguler le système monétaire international de change fixe et de mettre un terme aux dévaluations sporadiques des monnaies. Avec la disparition de la fixité des taux de change dans les années 70, le FMI est devenu un instrument de régulation financière et d’aide aux pays en développement, c’est-à-dire qu’il intervient dans les économies à balances de paiements déficitaires. Du reste, il est de nos jours un principal protagoniste de la dette des pays du Sud.

Autant dire donc que la visite du premier responsable d’une telle structure dans un pays comme le Burkina Faso est un événement. Elle l’est doublement, puisque que cette visite survient après une semaine qui aura été houleuse dans notre pays avec la montée du mercure social, consécutive à la valse des étiquettes. Une venue opportune également, surtout que de tout temps les institutions de Betton Woods ont été accusées à tort ou à raison d’être à la base de nos maux, notamment avec les PAS et leurs corollaires de réductions drastiques de personnel et de libéralisation à tous crins, toutes choses que nos Etats, faibles, ont dû accepter en pliant l’échine.

DSK tombe donc à pic au Burkina, pays PPTE avant- dernier du classement du PNUD, pour constater de visu les vraies choses (notamment la misère crasse et non les villas-palais de Ouaga 2000 si ce ne sont les voitures futuristes) surtout après la tempête des 18 et 19 février derniers. « Que peut attendre le continent africain du FMI avec à sa tête un socialiste français ? Pas grand-chose, répondraient certains... pour d’autres ce serait le contraire, si DSK parvenait à relooker l’institution et à comprendre les Africains », écrivions-nous dans notre Commentons l’événement du 1er octobre 2007.

En tout cas, il se pourrait que cette visite apporte du nouveau pour la sous-région, puisque cette présence de l’ex-député du Val-d’Oise a été un prétexte tout trouvé pour Blaise Compaoré, président en exercice de l’UEMOA, de convoquer un sommet extraordinaire avec ses pairs pour échanger avec le DG du FMI. Avec comme plat de résistance les défis et le rôle du Fonds.

Il s’agira de mieux expliciter les deux faces de Janus, qui collent à la peau de l’institution, qualifiée à la fois de gendarme des finances internationales lorsqu’elle impose ses PAS et de pompier quand elle intervient pour éviter la banqueroute à certains Etats. Sans oublier la grande réforme dont a besoin le FMI, dont le rôle, qui interfère souvent avec celui de la Banque mondiale, doit être mieux défini. L’une des grandes missions dévolues à DSK dans cette boîte est d’ailleurs ce grand toilettage que de nombreux pays appellent de tous leurs vœux.

Mais ce conclave avec les présidents des pays de la zone UEMOA se penchera sans doute sur ces crises à répétition qui surviennent çà et là et dont le commun dénominateur est la cherté de la vie. Hier à Dakar ce sont les Sénégalais qui ont profité d’un mouvement de tous ceux qui squattent les abords des rues pour crier leur ras-le-bol face à leur misère grandissante. Aujourd’hui, ce sont des Burkinabè qui donnent la réplique. Demain à qui le tour ? Ce sera sans doute de cette problématique structurelle que nos premiers responsables vont débattre avec celui qui a fait de la mondialisation le cadre obligé de son action politique(1).

La rédaction

Note : Dans son ouvrage La flamme et la cendre, écrit en 2002 à la veille de la présidentielle, DSK défend cette idée à travers son projet socialiste

L’Observateur

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