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Présidentielle de 2005 : « L’ADF/RDA et le CDP font cause commune »

Publié le jeudi 10 juin 2004 à 07h54min

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La passe d’arme entre Laurent Bado et Me Bénéwendé Sankara samedi dernier sur Canal 3 et les propos jugés malheureux de Mgr Jean-Marie Compaoré dans Sidwaya, telles sont les deux articulations de l’écrit dont teneur suit où l’auteur fustige les « opposants gâteaux » et « les hommes de foi qui entrent bruyamment dans le sérail partisan ».

Monsieur le directeur de publication , Je voudrais joindre ma voix aux débats en cours pour simplement marquer mon indignation face aux propos et actes suicidaires de certaines personnes.

Avant tout, je voudrais me réjouir de la tenue de tous ces débats par voie de presse et non par la voie de la bouche des canons dont certains étaient passés maîtres. Norbert Zongo en a fait les frais. Puisse Dieu faire en sorte que le CSI n’en vienne à censurer les pages et temps d’antennes, comme des esprits retors l’ont fait pour « Presse Dimanche ». Dommage !

1 - Le débat à Canal 3 le samedi 05 juin 2004

La topographie du débat à Canal 3 est exactement ce qui se présentera en 2005.

L’ADF/RDA et le CDP font cause commune et dans l’opposition (symbolisée par Maître Sankara et son illuminé professeur), il y a des gens qui sont assis à la même table, mais qui ne font pas le jeu de l’opposition. Du reste, Maître Sankara l’a dit au cours de l’émission en demandant si l’acte posé par chacun (qui se dit opposant) fait le jeu du pouvoir ou de l’opposition.

En interprétant cette topographie du décor à Canal 3, le candidat de l’ADF/RDA n’a d’adversaires que ceux de l’opposition vraie et non le candidat du CDP.

Du reste, ne dit-on pas que c’est l’opposition de M. Blaise ? On le verra en 2005. Le CDP, à travers l’ex-opposant, selon ses dires, veut masquer la réalité, en esquivant le débat sur les qualificatifs des opposants. Il y a bel et bien de faux opposants comme de vraies opposants et on les connaît.

A sa décharge effectivement, il y a des notions polaires pour qualifier des opposants comme Sankara, qui est à l’antipode de Gilbert, tout comme il y a des notions scalaires, en escalier, plus ou moins proches, et c’est le cas de Gilbert, Bado, Tamboura, etc. Chacun a une virulence oppositionnelle qui n’est pas catégorique mais caractérielle.

Schématiquement, à la présidentielle de 2005, l’ADF/RDA tire sur l’opposition vraie que l’opposition gâteau aura débusquée grâce au faux compagnonnage.

Pour clore sur ce point, qui n’est que la lecture comportementale des acteurs des débats du 05 juin 2004, que retenir de M. Bado ?

L’intellectuel se perd dans ses propres conjectures. Quand il dit que l’opposition est incapable de se choisir 1 sinon 3 candidats à cause du narcissisme politique de ses leaders, est-ce que lui M. Bado n’aime pas sa personne, même si au cours du débat il a édulcoré son moi ?

En effet, « c’est moi (Laurent Bado) qui ai créé le Groupe Justice et Démocratie ». « C’est encore moi Laurent qui ai demandé que l’opposition se réunisse » ou encore « j’ai été voir l’opposition afin qu’on crée ceci, cela ».

Alors, que fait ce paternalisme, ce moi qui est à la base, comme si les autres ont la conscience éteinte. C’est parce que justement ils n’ont pas la conscience morte, mais la mémoire vive, qu’ils refusent de se laisser mener en bateau par un opposant qui n’a rien de tel ! Démonstration.

A Bobo-Dioulasso, devant ses militants et repris sur les ondes, M. Bado a dit que lui ne veut pas de l’alternance. Nous comprenons cela comme c’est pas que Monsieur Bado ne veut pas être « l’alternateur », mais il ne veut pas d’alternative, donc pas de changement à la tête du pays.

Du reste, M. Bado s’affiche incompétent, puisqu’il a dit à une conférence de l’OBU « qu’est-ce qui prouve que si l’opposition prend le pouvoir elle fera mieux que Blaise ». Interprétation, cela veut dire que lui-même, premier conférencier du Burkina (Cf. le débat à Canal 3) est incompétent, que tous ceux qui veulent le changement par les urnes sont nuls et ad vitam ! Pour lui donner une réponse, effectivement, dans l’opposition, il n’y a personne pour faire autant que ce que ce régime a fait en matière de crimes et d’interventionnisme dans les affaires d’autrui.

Mais si c’est pour bien faire, il y a dans l’opposition, des gens pour réduire la pauvreté du plus grand nombre, pour que les routes ne soient plus comme le tronçon Boromo-Bobo et pour que la fiscalité soit payée par tous. Les rôles de ce nouvel Etat, c’est servir le peuple et non se servir du peuple, Là, l’opposition peut le faire et de fort belle manière. Surtout avec les sankaristes.

Enfin, sur ce débat, on retient que l’équilibre du temps imparti à chacun n’a pas été équitable : Maître Sankara n’a pas eu la parole pour demander à M. Bado des preuves sur ses allégations concernant la part des 33 travailleurs non grévistes de la SOTRAO.

Si seulement M. Bado pouvait être un tant soit peu de bonne foi, il doit reconnaître, lui qui se dit professeur de droit, que s’il y a détournement, le barreau d’un côté et le gouvernement de l’autre auraient sanctionné Maître Sankara depuis longtemps. Mais comme Maître Sankara est propre et ne doit aucun centime, c’est des hommes acquis à Blaise Compaoré qui sont malheureusement utilisés comme c’est le cas des opposants gâteau et des juges pourris.

2 - Les propos de l’archevêque de Ouagadougou

Avec tout le respect qu’on lui doit, on ne peut pas ne pas mettre son titre, car c’est à ce titre qu’il a été invité à Sidwaya. Sinon, il a des homonymes parfaits au Burkina à qui Sidwaya ne daignera pas envoyer une invitation. (le gérant SHELL rond-point des Nations unies est son homonyme). Donc, si Monseigneur proclame urbi et orbi que dans l’opposition, il n’y a pas quelqu’un pour remplacer Monsieur Blaise, qu’on lui pose les questions suivantes :

. Est-ce qu’à l’avènement au pouvoir d’un opposant à Blaise Compaoré, l’Eglise catholique et lui-même ne vont pas reconnaître le régime, ne vont pas lui apporter conseils ? Il n’y a pas de génies ou des présidents-nés. On a besoin de quelqu’un qui sait écouter, entendre raison et qui n’est pas versé à commettre toutes sortes d’abus pour lui et les siens. Et parmi les opposants vrais, il y en a qui feront des miracles pour le bonheur du Burkina.

. Ensuite, est-ce que le pouvoir c’est une équipe où c’est un totalitariste, autocrate qui gouverne ? Quel bilan fait-il des gouvernements avec ou sans opposition et aussi des débats à l’Assemblée nationale avec l’opposition ?

. Enfin, Monseigneur était-il au Burkina en 1980, lorsque l’Eglise a béni le coup d’Etat du CMRPN comme un don du ciel ? Ou alors, ne sait-il pas pourquoi en France, l’Eglise et la République depuis Richelieu font deux et non une seule entité ?

Pour donner un avis sur la question, je pense humblement que Monseigneur Jean-Marie Compaoré devait être pondéré et savoir que cette prise de position frontale, le disqualifie à l’avenir pour servir dans les causes nationales.

Au Burkina, il manque des gens de références qui sont neutres. De sorte que s’il y a un problème national, on les écoute pour leur solution. Après les anciens chefs d’Etat qui ont fait allégeance, les monarques, les coudes à terre, voici les hommes de foi qui entrent bruyamment dans le sérail partisan.

Des rappels à l’ordre étaient arrivés à des musulmans pour leur dire de ne pas bénir un régime en public car tous les fidèles ne sont pas pour le régime, et les protestants ont eu des contestations en leur sein, pour avoir donné l’onction sans assurance au pouvoir à travers les commissions électorales et autres services rendus. Enfin, si Monseigneur, après tant d’années n’est pas encore Cardinal, il ne faut pas qu’il pense que dans l’opposition vraie, il n’y a pas de présidentiables. Et Monseigneur Compaoré a-t-il oublié le gazage de l’Eglise le 03 janvier 1999 par le pouvoir de Blaise Compaoré suite à l’assassinat de Norbert Zongo ?

Finalement, en cas de crise, nous ne le souhaitons plus, qui peut parler aux Burkinabé pour qu’ils se réconcilient ? Ceux incriminés ont le droit de vote, mais leur position ne leur commande pas des prises de position publiques et partisanes. Pour savoir se retrouver, il faut savoir se quitter. Le débat ne peut se contenir dans une page et l’occasion viendra pour se parler même en débat dans l’audiovisuel.

En attendant, mes contacts sont : mamadoukab@hotmailcom ou au 76 57 67 64. Pourquoi ne pas m’exprimer si je suis libre ? et vous aussi !

El hadj Mamadou Kabré

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