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Justin KOUTABA, ministre de la Jeunesse et de l’Emploi : "Il faut d’abord savoir faire un métier avant de dire qu’on chôme"

Publié le jeudi 21 février 2008 à 11h23min

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Justin Koutaba

Dans son programme « le progrès continu pour une société d’espérance » le président du Faso en ce qui concerne l’emploi est formel : « L’emploi est au cœur des préoccupations de mon programme. L’insertion professionnelle des jeunes assure un dynamisme économique à notre pays. Le gouvernement mettra en place, avec nos partenaires au développement, des programmes ambitieux de création d’emplois et de résorption du chômage… ». Pour traduire cette volonté affichée, un ministère « plein » de la Jeunesse et de l’Emploi a été créé avec un programme ambitieux dont les résultats commencent à être concrets sur le terrain.

Nommé en janvier 2006, le ministre Justin KOUTABA a en charge ce jeune ministère. Il a bien voulu nous recevoir le lundi 11 février dernier à son cabinet pour un tour d’horizon des activités de son ministère. Pendant près d’une heure, on n’a pas vraiment senti le philosophe parler, mais plutôt un spécialiste des questions de jeunesse et d’emploi.

Quelles sont les missions assignées à votre département qui est en quelque sorte une récente dénomination ?

Justin KOUTABA (JK) : Conformément à l’article 29 du décret N°2006-216/PRES/PM du 15 mai 2006 portant attributions des membres du Gouvernement, le ministère de la Jeunesse et de l’Emploi a pour missions essentielles d’assurer la mise en œuvre et le suivi de la politique du Gouvernement en matière de jeunesse et d’emploi.
A ce titre et en relation avec les autres départements ministériels concernés, il est chargé en matière de jeunesse, de l’éducation, de l’animation et de la promotion de la jeunesse en dehors du cadre scolaire ; de la réglementation et du suivi des mouvements et organisations de la jeunesse ; de la formation du personnel d’encadrement et d’animation de la jeunesse ; de l’intégration de la jeunesse dans le processus de développement national ; de la création et de l’équipement d’infrastructures d’accueil et d’animation de la jeunesse ; des questions de formation et d’emploi des jeunes ; de la création et de l’animation des cadres d’écoute et de dialogue avec les jeunes. En matière d’emploi le ministère s’occupe de la promotion de l’emploi et de la lutte contre le chômage ; de l’appui conseil aux jeunes en matière de création d’entreprise ; de l’organisation, de la promotion et du suivi du secteur informel ; de la promotion de l’auto-emploi ; de la formation professionnelle continue et de l’apprentissage ; de la création de certificats de qualification professionnelle.

Quelle est votre vision de l’emploi dans un pays en voie de développement comme le Burkina Faso ?

JK : Dans un Pays en Voie de Développement (PVD) comme le nôtre, le chômage, le sous-emploi et la pauvreté constituent des problèmes de fond pour le développement durable, car pouvant compromettre les droits humains fondamentaux, affecter la dignité des communautés et être une menace pour la stabilité sociale, économique et politique. Le potentiel de création d’emplois décents dans les PVD et particulièrement au Burkina Faso est relativement peu élevé en raison de la faiblesse de la productivité du secteur agricole, du caractère embryonnaire du secteur industriel et de la croissance rapide de la population.
Dans un tel contexte, l’emploi ne devrait pas être considéré seulement comme une résultante de la croissance économique, mais comme aussi et surtout un objectif majeur à prendre en compte dans les politiques économiques et sociales.
C’est bien dans cette perspective que le troisième axe du Cadre Stratégique de Lutte Contre la Pauvreté privilégie la promotion de l’emploi qui constitue par ailleurs un des principes directeurs devant guider sa mise en œuvre.

Pour traduire de manière plus explicite cette volonté, le Gouvernement a décidé d’élaborer une Politique Nationale de l’Emploi qui devra permettre d’agir simultanément sur deux volets, à savoir : l’élargissement de la création d’emploi et l’amélioration de la qualité des emplois avec comme fil conducteur, la lutte contre la pauvreté. Une seconde orientation de fond entend cibler prioritairement les jeunes qui sont les plus touchés par le chômage.

Et si on vous demandait le taux de chômage au Burkina Faso ?

JK : Le taux de chômage pour l’ensemble du pays est relativement faible puisqu’il était de 2,8% en 2003 et de 3,3% en 2007 selon les enquêtes de l’INSD. Ce faible taux se justifie par le fait qu’en milieu rural où réside 85% de la population active, il est plus question de sous-emploi que de chômage. Les jeunes ruraux ne chôment pas dans la mesure où ils sont occupés pendant la saison pluvieuse et c’est juste pendant les six mois de saison sèche qu’ils sont dans une situation de sous-emploi. Le chômage est donc un phénomène essentiellement urbain qui touche majoritairement les jeunes car 69,4% des chômeurs en milieu urbain sont dans la tranche d’âge allant de 15 à 34 ans.

Monsieur le ministre, quand on parle de chômage, on voit surtout la jeunesse bobolaise. Qu’est-ce qui peut expliquer cela puisqu’on dit que les jeunes de Bobo sont beaucoup plus confrontés au problème de chômage que ceux de Ouagadougou ?

JK : Je pense que c’est une idée reçue, répétée et perpétuée. Il y a un certain nombre de clichés qui sont véhiculés par rapport aux jeunes de Bobo quand on parle des jeunes de notre pays. Pour moi, les jeunes burkinabè ont les mêmes problèmes. Ils ont les problèmes d’éducation, de formation, de motivation, d’insertion socio-professionnelle, qu’ils soient de Ouagadougou ou de Bobo-Dioulasso. On entretient de plus en plus un certain nombre de préjugés sur la jeunesse bobolaise laissant croire qu’elle est beaucoup plus touchée par le chômage que celle de Ouagadougou, de Ouahigouya, de Fada ou d’ailleurs. Ce n’est pas du tout vrai. Les jeunes bobolais comme ceux des autres localités se battent pour se former, pour leur insertion professionnelle ou sociale.

Comment est structuré le marché national de l’emploi ?

JK : Le marché national de l’emploi est d’abord structuré du bassin d’emploi rural qui occupe 85% de la population active. Le bassin d’emploi rural est le lieu où le marché est quasi inexistant. Il se ramène majoritairement au cadre familial. Le travail y est morcelé et largement non rémunéré. La population active y est principalement occupée dans l’économie agricole de subsistance. D’où l’importance du sous emploi qui est la caractéristique majeure de ce bassin d’emploi.
Il y a ensuite le bassin d’emploi moderne qui représente 4% de la population active. Il correspond à l’économie urbaine structurée et à l’emploi dans la fonction publique. Il n’atteindrait pas les 200 000 employés avec plus de 80 % de cet effectif dans les deux grandes villes que sont Ouagadougou et Bobo-Dioulasso.

Et enfin, le bassin d’emploi informel qui occupe 11% de la population active. Ce bassin d’emploi informel, dominé par l’auto-emploi, se caractérise par la faiblesse de son organisation et de son fonctionnement traditionnel. C’est le principal pourvoyeur d’emplois en milieu urbain. L’emploi féminin y représente plus de la moitié des effectifs. Il est constitué principalement de petites activités et de l’artisanat.

Quel est l’apport de l’ANPE dans la lutte contre le chômage ?

JK : L’Agence Nationale pour l’Emploi (ANPE) issue de la restructuration en 2004 de l’Office national de la promotion de l’emploi, joue un rôle capital dans la lutte contre le chômage des jeunes au Burkina Faso. Elle s’investit dans l’appui à l’insertion socioprofessionnelle en mettant l’accent sur la formation et l’intermédiation entre les employeurs et les demandeurs d’emploi sur le marché de l’emploi. Elle intervient essentiellement dans les deux volets que sont l’emploi et la formation professionnelle.

En ce qui concerne le volet emploi, l’ANPE, depuis des années, se charge de la promotion de l’emploi salarié et de l’emploi indépendant. Au titre de l’emploi salarié, l’Agence mène beaucoup d’activités en faveur des jeunes sans aucune discrimination pour leur permettre d’être embauchés dans l’immédiat ou plus tard par les employeurs tels que les sociétés d’Etat, secteur privé, filiales de multinationales, ONG, fondations. Au nombre des activités menées, l’on peut citer, entre autres, l’accueil et l’enregistrement des demandeurs d’emploi ; le placement des demandeurs d’emploi à travers le traitement des offres d’emploi et la prospection dans les entreprises ; le développement des stages d’initiation à la vie professionnelle d’une durée de 3 à 6 mois ; l’organisation de sessions de formation en techniques de recherche d’emploi permettant aux jeunes diplômés d’avoir des méthodes et des techniques appropriées qui facilitent l’obtention d’un emploi salarié sur le marché de l’emploi.

Pour parler de l’emploi indépendant, il est indéniable que l’offre d’emploi salarié, depuis bon nombre d’années, reste de loin inférieure à la demande. Face à cette réalité, l’ANPE développe des activités dont la finalité est de permettre aux jeunes de s’investir dans l’initiative privée à travers la création et la gestion de micro ou petites entreprises.
Pour ce faire, l’Agence nationale pour l’emploi développe les activités telles que l’organisation de sessions de formation en entrepreneuriat (technique de création d’entreprises) pour permettre aux jeunes d’avoir l’esprit d’entreprise et des aptitudes techniques pour créer des micro ou petites entreprises ; l’assistance technique aux promoteurs de micro ou petites entreprises dans le montage de dossiers de projet à soumettre pour financement aux institutions bancaires ou financières ; l’intermédiation dans la recherche de financement au profit des promoteurs de micro ou petites entreprises.
Depuis 2006, le ministère de la Jeunesse et de l’Emploi a initié deux projets d’appui à l’insertion socioprofessionnelle au profit des jeunes diplômés issus des universités et des écoles supérieures. Les projets ont été exécutés avec succès par l’Agence nationale pour l’emploi du fait de sa longue et riche expérience en matière d’insertion socioprofessionnelle des jeunes au Burkina Faso.

Le premier projet à être lancé en 2006, est le projet Top Vacances Emploi (TVE) qui a été exécuté du 15 juillet au 15 octobre 2006. Il a permis à 300 jeunes diplômés issus de l’université de Ouagadougou de bénéficier de stages, de formation en entrepreneuriat et en techniques de recherche d’emploi. A ce jour, plus de 50% des bénéficiaires du projet sont soit embauchés ou toujours en position de stage dans l’espoir d’une future embauche.

Le deuxième projet intitulé « Appui à l’insertion socioprofessionnelle des jeunes diplômés des universités, écoles et instituts supérieurs de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso (PA/ISJD) » a concerné 500 jeunes diplômés des deux grands centres urbains du Burkina Faso. Ce projet s’est exécuté de septembre à décembre 2007. A l’instar du projet TVE, le projet PA/ISJD a été exécuté sur la base de 3 composantes que sont les stages, les sessions de formation en entrepreneuriat et en techniques de recherche d’emploi. Une évaluation du projet est en cours pour permettre au ministère de la Jeunesse et de l’Emploi de mesurer les résultats atteints.

A la suite du succès éclatant des deux premières éditions susmentionnées, le ministère s’active cette année pour lancer la 3e édition du projet d’appui à l’insertion professionnelle qui couvrira les villes de Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et Koudougou. Le gouvernement, à travers cette initiative, contribue énormément à lutter contre le chômage des jeunes diplômés au Burkina Faso.
Sur le plan de la formation professionnelle, l’ANPE vise prioritairement la promotion de l’emploi indépendant qui peut également déboucher sur l’emploi salarié.

En vue de la promotion de l’emploi salarié, l’ANPE accueille des travailleurs d’entreprises pour leur perfectionnement en organisant des sessions de formation modulaire. A l’issue de 3 ou 6 mois, voire plus les travailleurs formés sont remis à la disposition de leur employeur avec de nouvelles compétences. A travers cette formation de courte durée, l’ANPE œuvre à la consolidation des emplois salariés existants car la formation qu’elle développe permet de renforcer les compétences techniques et professionnelles des travailleurs salariés.

Quant à la promotion de l’emploi indépendant, l’ANPE cible, chaque année, les jeunes déscolarisés ayant le niveau de la classe de CM2 ou du certificat d’études primaires pour bénéficier d’une formation professionnelle. La durée de la formation peut varier de 9 mois à 3 ans. Les filières de formation sont, entre autres, la menuiserie, la mécanique automobile et motocyclette, la forge, la coiffure, la coupe- couture, la maintenance et la réparation des machines de bureau, la plomberie, le froid et la climatisation.

Il faut noter que la formation professionnelle couvre les 11 centres de Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Dori, Fada N’Gourma, Ouahigouya, Kaya, Tenkodogo, Tougan, Banfora, Diébougou et Dédougou.

En 2007, votre département a lancé le programme de formation aux métiers de 10 000 jeunes. En quoi consiste-t-il ? Quel bilan peut-on en faire ?

JK : Le ministère de la Jeunesse et de l’Emploi, conformément à sa vision et à sa stratégie de promotion de l’emploi et de la formation professionnelle, a initié le Programme de formation aux métiers (PFM) de 50 000 jeunes sur la période de 2006 à 2010, soit une durée de 5 ans dont l’exécution a été confiée à l’Agence nationale pour l’emploi. Il est donc prévu la formation de 10 000 jeunes par an sur toute l’étendue du territoire national.
En réalité, les Burkinabè ne savent pas faire grand chose de leur main. Notre système éducatif n’a pas favorisé la formation professionnelle ou la formation aux métiers. Il a plutôt inculqué l’esprit fonctionnariat que l’esprit entreprenariat.

C’est pour cela qu’il y a dans certains grands chantiers, puisque le pays se construit, beaucoup d’étrangers venus des pays frères et voisins pour intervenir dans le domaine du bâtiment ou des routes. Je prends pour exemple le bâtiment à six étages qui abrite notre ministère. Pendant sa construction, il n’y avait pas plus de cinq ouvriers qualifiés burkinabè sur le chantier. C’est tout simplement dû au fait que les Burkinabè n’apprennent pas de métiers.

Il nous a donc paru très important et stratégique d’orienter les jeunes vers la formation aux métiers. Nous pensons que c’est la meilleure façon de lutter contre le chômage des jeunes parce qu’on aurait augmenté leur employabilité. Il faut d’abord savoir faire un métier avant de dire qu’on chôme. Quand on ne sait rien faire, c’est difficile de dire qu’on est chômeur. Nous les comprenons parce qu’au Burkina Faso, nous avons une conception très réduite sinon très réductionniste du chômage qui veut que quand quelqu’un vous dit qu’il est chômeur c’est pour dire qu’il n’est pas fonctionnaire ou qu’il a échoué à un concours de la Fonction publique. Nous pensons qu’il est temps d’entamer une rupture avec cette vision.

Il nous faut maintenant créer des passerelles entre la formation classique, la formation professionnelle et l’apprentissage aux métiers pour que les jeunes scolarisés ou déscolarisés, diplômés ou non diplômés puissent apprendre un métier. Ainsi, ils pourront s’auto-employer ou se faire employer pour leur compétence ou qualification. C’est pour vous situer la philosophie et la vision qui soutiennent ce programme de formation de 10 000 jeunes aux métiers que nous avons commencé pour qu’à l’orée de 2010/2011 nous ayons 50 000 à 70 000 jeunes Burkinabè qui puissent dire que je sais faire tel métier. C’est un dispositif qui, à notre avis, va permettre de lutter efficacement contre le chômage des jeunes.

A l’heure actuelle, il est prématuré de parler du bilan dans la mesure où le programme a officiellement été lancé le 30 octobre 2007 et il se construit. Ce que je peux dire, c’est que pour ce programme, le gouvernement a mis à la disposition du ministère de la Jeunesse et de l’Emploi, 600 millions de FCFA. Il est par ailleurs important de relever que ce programme de formation aux métiers vise à travers des actions de formation souples et adaptées, à mettre à la disposition des 13 régions du pays une main-d’œuvre jeune et qualifiée. C’est aussi une autre manière d’accompagner la décentralisation par la mise en œuvre des compétences.

Vous semblez beaucoup plus vous focaliser sur l’auto-emploi. Pourquoi cette option ?

JK : Les possibilités d’emplois salariés qu’elles soient publiques ou privées sont limitées. Vous avez certainement remarqué qu’en 2007, le nombre de candidats aux concours de la Fonction publique s’élevait à plus de 300 000 alors que le nombre total de fonctionnaires du pays est autour de 76642. Si en une seule année, on se retrouve avec plus de 300 000 postulants pour la Fonction publique, cela donne à réfléchir. Ce n’est pas possible de les employer tous. D’où la nécessité de promouvoir l’auto emploi. A titre illustratif, entre 1999 et 2003, le taux d’absorption annuel moyen des demandeurs d’emploi dans le secteur privé était de 13,2%. Celui de la fonction publique était respectivement de 3,3% et de 1,7% en 2005 et en 2006. Avec de tels taux d’absorption des demandeurs d’emploi, il est nécessaire que les politiques d’emploi soient plus orientées sur l’auto emploi.

Cette formule ne va-t-elle pas aggraver la précarité de l’emploi ?

JK : Bien au contraire, cette option est réaliste et durable en ce qu’elle incite à la création de richesses et d’emplois nouveaux. Cette formule s’accompagne le plus souvent d’actions de renforcement de capacités de formations à l’entreprenariat et à la gestion d’entreprise et de suivi des promoteurs d’entreprises. Pour moi, la formation professionnelle est donc une issue très pertinente.

Mais monsieur le ministre, il y a des jeunes qui disent qu’ils ont des projets en main et ils n’arrivent pas à les réaliser parce que les structures de financement qui existent ont des conditions difficiles. Que leur répondez-vous ?

JK : A travers le forum national des jeunes qui est un cadre qui permet aux jeunes de s’exprimer librement, nous avons pu effectivement écouter les difficultés que certains rencontrent pour le financement de leurs projets. Mais je dois avant tout dire qu’il y a un problème d’information. Les jeunes n’ont pas l’information nécessaire sur ce qui existe comme dispositif de financement au niveau de l’Etat. Rien qu’au ministère de la Jeunesse et de l’Emploi, il y a des structures de financement des projets ou des initiatives de petites et moyennes entreprises telles que le Fonds d’appui à la promotion de l’emploi, le Fonds d’Appui au Secteur Informel (FASI), le Fonds d’Appui à la Formation Professionnelle et à l’Apprentissage (FAFPA) et comme vous l’avez remarqué depuis le dernier forum national des jeunes, il a été créé un fonds d’appui aux initiatives des jeunes (FAIJ) qui a été approvisionné par le chef de l’Etat à hauteur d’un milliard de FCFA.
En ce qui concerne les difficultés, il faut noter qu’il n’y a pas de crédit sans garantie ou sans caution alors que les jeunes étant au départ de la création d’une entreprise ou de l’auto emploi, il leur est difficile d’avoir ces garanties. Mais ce qu’il faut remarquer, c’est que ces fonds créés pour la promotion des entreprises des jeunes développent un système de crédit différent de celui des institutions bancaires. Pour le moment, nous n’avons pas encore trouvé de système qui permette de donner de crédit sans taux d’intérêt ou sans garantie.

Mais c’est important de souligner qu’il y a une certaine souplesse, une flexibilité au niveau des fonds gérés par le ministère de la Jeunesse et de l’Emploi parce que les taux d’intérêt sont très faibles et les garanties demandées sont insignifiantes. Par exemple, au niveau du Fonds d’appui au secteur informel (FASI) non seulement le taux d’intérêt est entre 4 et 8% selon le type de projet mais aussi un simple vélo, une moto ou un frigo peut constituer une garantie pour bénéficier d’un financement.
De même pour le Fonds d’appui aux initiatives des jeunes (FAISJ) qu’on vient de créer, le taux d’intérêt est de 4% en sus d’un taux très préférentiel pour les jeunes filles et les personnes handicapées avec des garanties très souples. Il s’agit d’une façon à permettre aux jeunes de pouvoir se lancer dans l’entreprenariat tout en minimisant les obstacles et difficultés d’accès à ce fonds en attendant de trouver d’autres formules un jour.

Avec le temps, il sera peut-être possible de tendre vers la caution solidaire ou la caution morale ou le maintoring.
Ce que nous prenons également comme dispositif en la matière, c’est la formation en entreprenariat. Il ne suffit pas de nos jours d’avoir le crédit ou d’avoir de l’argent pour créer une entreprise. Il faut d’abord s’avoir comment créer et gérer une entreprise. Dans ce sens, dans les jours à venir, nous allons mettre l’accent sur un grand programme de formation de 5 000 jeunes à l’entreprenariat par an qui vont élaborer des projets éligibles au FAIJ. Ce fonds constitue d’ailleurs une innovation visant à améliorer l’accès des jeunes au financement des microprojets et à renforcer leur insertion socioprofessionnelle.

D’aucuns disent que le Forum national des jeunes est plutôt un défouloir pour eux. Qu’en dites-vous ?

JK : Il faut d’abord préciser que le Forum national des jeunes est une initiative de son Excellence Monsieur le Président du Faso qui a convoqué la première édition les 10 et 11 juin 2005.
Le forum national des jeunes s’inscrit dans la vision du Chef de l’Etat qui estime que pour que la jeunesse soit véritablement artisan de l’édification de son pays, pour susciter sa participation consciente à la construction d’une nation unie et prospère, il faut nécessairement l’écouter et lui donner l’occasion d’exprimer franchement ses préoccupations.
Du reste, une des principales orientations du Chef de l’Etat en matière de jeunesse exprimées dans son programme quinquennal, « le progrès continu pour une société d’espérance » est la consolidation des canaux de dialogue avec les jeunes.

Le forum national des jeunes se justifie amplement par la nécessité pour le Chef de l’Etat et le Gouvernement de se mettre à l’écoute d’une frange majoritaire de notre peuple, en lui donnant l’occasion de partager des sentiments sur ses préoccupations majeures et de dégager des pistes d’action communes pour leur prise en compte.
Dans le processus de conquête du progrès économique et social, les multiples quêtes de la jeunesse ont toujours constitué des priorités fortes de l’action gouvernementale.

En plaçant les jeunes au cœur du débat, en recherchant leur pleine adhésion à l’identification et à l’opérationnalisation de stratégies adéquates à leur épanouissement, le Gouvernement entend œuvrer avec eux à la création de grandes opportunités pour sécuriser leur avenir.
Qui mieux que la jeunesse elle-même, pétrie des contingences de son environnement, tout en s’assumant historiquement, est à même de formuler des propositions réalistes pour garantir l’accomplissement de ses espoirs ?

Un défouloir ? Loin s’en faut. Le forum national des jeunes est un véritable espace de concertations, où les jeunes de façon consciente et responsable font des analyses sans complaisance des principales questions à l’ordre du jour et dégagent des propositions pertinentes, courageuses et souvent audacieuses.
Le Gouvernement reste très attentif aux diverses recommandations issues des forums nationaux des jeunes.
En trois éditions, le forum national des jeunes
a fait la preuve de son efficacité comme moyen d’implication de la jeunesse au processus de développement national. Cette implication, au-delà des discours abstraits est de nos jours une réalité objective dans notre pays.
Je pourrais citer ici quelques actions en faveur de la jeunesse qui sont issues des recommandations du forum national des jeunes. Il s’agit de la création d’un ministère consacré à la jeunesse ; la création du fonds d’appui aux initiatives des jeunes ; l’institutionnalisation annuelle du forum national des jeunes ; l’élaboration d’une politique nationale de la jeunesse en cours ; la mise en place très prochainement du conseil national des jeunes ; et diverses autres actions sectorielles.

A l’occasion de la Journée internationale de la Jeunesse 2007, des voix se sont élevées contre les méga concerts en arguant que ça ne résoud pas le problème de l’emploi. Que répondez-vous ?

JK : A l’époque nous ne nous sommes pas engagés dans le débat en tant que tel. Nous avons estimé que c’était un débat libre et démocratique et que s’il était suivi de suggestions et de critiques pertinentes allait nous permettre d’aller de l’avant. En tout état de cause, il y a ceux qui agissent et ceux qui réagissent ou qui critiquent. Chacun fait son travail. Et pour un ministère comme le nôtre, la réponse la plus appropriée à ces genres de débat, c’est l’action. Pour peu que l’action soit conforme aux missions du département ou aux aspirations des jeunes. Par ailleurs, nous pensons que la jeunesse a des besoins multiformes. Si l’emploi est une préoccupation, la jeunesse a bien d’autres besoins. Les jeunes Burkinabè sont aujourd’hui à l’écoute du monde, ils sont dans le diapason mondial et ils expriment des besoins auxquels nous sommes là pour répondre.
Pour être plus précis, l’objectif des méga concerts n’est certainement pas de résoudre le problème de l’emploi des jeunes même si la musique aussi est un emploi pour eux.
Pour mieux cerner le sens des méga concerts, il faut se mettre dans la philosophie de la célébration de la journée internationale de la jeunesse qui est une résolution de l’ONU. Chaque année l’ONU définit le thème et donne des orientations en matière de commémoration.

En 2007 le thème a été « Permettre aux jeunes d’être vus, d’être entendus, c’est promouvoir leur participation au développement ».
Conformément aux indications des Nations unies et en vue d’une meilleure déclinaison de la philosophie de la célébration de la Journée Internationale de la Jeunesse, le ministère de la Jeunesse et de l’Emploi a programmé les activités autour des axes majeurs il s’agit de la participation des jeunes au développement de leur pays ; de l’éducation des jeunes par l’écocitoyenneté et la sensibilisation sur les fléaux contemporains ; et des loisirs. Ainsi donc, nous avons identifié et réalisé quatre activités phares. Il y a eu l’opération 65/15 qui a consisté à planter 650 000 arbres en 15 minutes dans 130 communes, engendrant la création de 300 emplois temporaires ; ensuite, nous avons organisé les campagnes d’information, de sensibilisation et de formation sur la santé de la reproduction et sur la lutte contre les IST/VIH/Sida ; l’opération zéro sachets noirs qui a consisté au ramassage des sachets plastiques.

A ces trois activités majeures selon toujours les recommandations des Nations unies, nous avons organisé les activités festives qui veulent que partout dans le monde et dans chaque pays lors de la journée internationale il soit organisé des festivités pour que les jeunes puissent s’épanouir ou fêter cette journée qui est la leur. Voilà ce qui a valu l’organisation des méga concerts et animations culturelles.
L’ensemble de ces activités s’intègrent harmonieusement et constituent un tout cohérent qui répond aux exigences du thème.
Mais pour en venir à l’organisation des concerts, il faut dire que ce n’est qu’un aspect de la célébration de la journée internationale de la jeunesse. Ceux qui les condamnent ne font surtout pas cas des autres activités.

Les concerts ont servi de support aux campagnes de sensibilisation sur la santé de la reproduction et les IST/VIH Sida.
Nous avons estimé qu’en lieu et place des causeries éducatives, des conférences ou sessions de formation, les concerts présentent l’avantage de drainer des multitudes de jeunes qui, au-delà de la distraction et du délassement qui sont du reste légitimes pour des jeunes, bénéficieraient d’informations utiles sur la santé de la reproduction et les IST/VIH/Sida, susceptibles de leur faire adopter de bons comportements.

Ceux qui ont assisté à ces concerts peuvent bien le témoigner. Ils ont été de véritables moyens d’éducation de masses où tous les artistes se sont impliqués par leurs messages dans ces campagnes de sensibilisation qui ont atteint environ 1 million et demie de jeunes. Il est aussi bon de préciser que l’organisation de ces concerts dans les 13 régions est une requête des jeunes eux-mêmes qui, dans les rapports de la première édition de la journée internationale de la jeunesse 2006 qui nous sont parvenus ont déploré le fait que les concerts soient destinés uniquement aux jeunes de Ouaga et Bobo.
D’ailleurs, il faut encore préciser que lors des débats de zones préparatoires au forum national des jeunes il est ressorti que les jeunes des provinces et des communes veulent aussi leurs concerts.
C’est dire tout simplement que, comme l’emploi, la formation et l’éducation, les loisirs aussi sont un besoin pour les jeunes. Notre département, qui est un ministère de la Jeunesse et un ministère de l’Emploi s’emploie chaque jour à apporter des réponses ciblées à chacune des grandes préoccupations des jeunes.

Parlons du corps de volontaires Burkinabè. Qu’est-ce que c’est au
juste ?

JK : Le corps de Volontaires nationaux est l’ensemble des personnes qui s’engagent par contrat, sans contrainte à temps plein pendant une période déterminée à exercer une activité non rémunérée pour l’intérêt général. Ces volontaires nationaux ne sont ni des travailleurs au sens du droit du travail, ni des fonctionnaires au sens du statut de la fonction publique.
Du reste, la loi adoptée le 29 novembre dernier par l’Assemblée nationale instituant le corps des Volontaires nationaux n’est qu’une formalisation de l’engagement citoyen que beaucoup de Burkinabè pratiquaient déjà.
Les Volontaires nationaux ont pour mission d’apporter un appui technique aux services étatiques, décentralisés, paraétatiques, aux structures de soutien et de création d’entreprises, aux organisations de la société civile, aux ONG oeuvrant dans le domaine de développement du pays.

N’est-il pas calqué sur le modèle américain ?

JK : L’Amérique comme d’autres pays a effectivement depuis les années 60, un corps de volontaires et notre pays a une longue tradition d’accueil de ces volontaires étrangers, qu’ils soient américains, canadiens, italiens, français ou japonais pour ne citer que ceux là. Le système des Nations unies a également développé un corps de volontaires. Au niveau africain, la charte africaine de la jeunesse en cours de ratification par notre pays en fait une recommandation. Notre démarche n’est pas de calquer sur les autres modèles mais de reconnaître que ce type d’engagement est une source d’enrichissement mutuel, tant pour le volontaire que pour la société tout entière. Nous sommes fiers d’être le premier pays d’Afrique à avoir adopté un cadre juridique reconnaissant l’engagement volontaire. Nous avons ainsi évité le piège d’autres pays qui se sont lancés dans l’aventure du volontariat sans lui donner un cadre juridique.

Comment va-t-il fonctionner ?

JK : Un Groupement d’Intérêt Public intitulé « GIP- Programme National de Volontariat au Burkina Faso » doit être créé au cours du 1er semestre 2008 afin de gérer les volontaires. Ce groupement doit permettre d’associer dans la gestion des volontaires l’Etat burkinabè à la société civile qui était très demandeuse de ce corps de volontaires nationaux.
Le GIP-PNVB aura son autonomie financière et pour pouvoir mettre à la disposition des structures, de nombreux volontaires sur le terrain, il devra bénéficier de subventions publiques mais aussi développer des partenariats stratégiques avec les partenaires techniques et financiers.
Dans une première phase de 3 ans, le PNVB va tester ses activités dans 6 régions : les régions du Sud-Ouest, de la Boucle du Mouhoun, du Nord, du Centre-Est, de l’Est et du Sahel. Dans chacune de ces régions, une organisation de la société civile a été sélectionnée pour être le Centre Régional de Volontariat (CRV). Les CRV identifient les missions à confier aux volontaires.

N’est-ce pas un SND bis ?

JK : C’est vrai que volontariat national et le Service national de développement (SND) ont des objectifs communs qui sont le développement économique et social par un engagement citoyen désintéressé et sont de ce fait complémentaires. Cependant, les deux entités se différencient dans les modalités de leur mise en œuvre.
Le volontariat national se distingue du SND sur un certain nombre d’éléments. Il faut d’abord souligner que le SND est un engagement obligatoire pour tout Burkinabè âgé de 18 à 30 ans, contrairement au volontariat national qui est un engagement librement contracté et sans contraintes. Ensuite, le SND s’adresse exclusivement aux citoyens Burkinabè alors que le volontariat national est ouvert aussi bien aux burkinabè qu’aux ressortissants étrangers résidant au Burkina Faso depuis au moins 2 années. Le SND s’effectue pour une durée continue d’un an à l’opposé du volontariat national dont la durée minimale est de 6 mois et la durée maximale de 12 mois, avec une possibilité de renouvellement jusqu’à 3 ans. Et enfin les appelés du SND sont généralement affectés dans les services publics de l’Etat ou dans les centres de production ouverts à cet effet, tandis que les volontaires nationaux ont un domaine d’intervention plus vaste que celui du SND.
En définitive, le volontariat national et le SND ne se dédoublent pas, mais se complètent plutôt pour l’intérêt général.

Quels sont les avantages dont peut bénéficier un volontaire ?

JK : Le volontariat est une période de partage entre le volontaire et la communauté qui l’accueille. Le volontariat favorise la rencontre entre les jeunes d’horizons divers et le brassage culturel, gage d’un monde de paix et de solidarité. Il contribue en effet à renforcer la cohésion sociale grâce aux liens de confiance, de réciprocité et d’amitié qu’il tisse entre les citoyens. Le volontaire met son expertise, son savoir-faire au service de la communauté et en retour, acquiert de l’expérience professionnelle qu’il pourra faire valoir sur le marché du travail. De plus, le volontaire acquiert une assurance, une maturité, un « savoir-être » qui lui serviront en tant qu’actif. Indépendamment du caractère désintéressé de l’engagement, le volontaire perçoit une allocation forfaitaire qui a un caractère alimentaire.
La loi prévoit un droit au repos hebdomadaire et annuel, une protection sociale contre les risques professionnels, une formation civique et enfin une attestation à l’expiration de son contrat.

Quel sera le mode de recrutement ?

JK : Les candidats au volontariat pourront déposer un dossier de candidature auprès de la cellule de coordination à Ouagadougou et auprès des 6 Centres Régionaux de Volontariat déjà opérationnels. Une base de données va ainsi être constituée.
Pour chaque mission identifiée, la cellule de coordination cherchera dans la base de données les candidats correspondant au profil demandé. Le choix entre plusieurs candidats potentiels se fera ensuite par entretiens menés dans les Centres Régionaux de Volontariat.

Que devient le volontaire après le service rendu ?

JK : Le volontariat n’est pas à confondre à la période de stage qui peut précéder l’engagement définitif dans le secteur privé ou au stage probatoire de la Fonction publique.
Le volontariat n’est pas conçu comme un passage obligé avant toute embauche mais constitue un dispositif de mobilisation de l’expertise aux fins d’appuis ponctuels aux organisations oeuvrant dans le domaine de l’intérêt général. Le volontaire ne s’engage pas dans l’intention d’être embauché à la fin de son contrat par la structure bénéficiaire qui n’est pas non plus tenue par une obligation de recrutement. Pour preuve, toute personne peut se porter candidat au volontariat national quel que soit son niveau d’étude, de formation ou de qualification. Il lui faut seulement répondre aux critères de la mission proposée.
Cependant, il est indéniable que l’expérience de volontariat sera un élément important dans le curriculum vitae d’un chercheur d’emploi. L’ancien volontaire aura non seulement acquis une expérience professionnelle, mais également un savoir être, une confiance en soi qui le serviront.

Pour cette année 2008, que proposez-vous à la jeunesse burkinabè ?

JK : Il faut d’abord souligner que nous avons reçu une lettre de mission du Premier ministre. Par rapport à cette lettre de mission fondamentale pour nous orienter, nous avons initié un certain nombre d’actions majeures.

Ainsi, cette année nous allons lancer le programme de formation à l’entreprenariat de 25000 jeunes sur cinq ans en raison de 5000 par an. 500 de ces 5000 seront identifiés avec des projets individuels, et 100 avec des projets collectifs qui seront financés par le Fonds d’appui aux initiatives des jeunes (FAIJ). Nous pensons donc avec ce programme créer au moins 600 entreprises jeunes par an. Nous comptons aussi renforcer le programme d’insertion socioprofessionnelle des jeunes diplômés en fin de cycle des universités et instituts supérieurs publics et privés. Cela va engager un millier de jeunes diplômés. Nous allons poursuivre l’ouverture des guichets uniques des fonds nationaux de financement sous tutelle du ministère. En 2007, nous en avons ouvert 6 dans six régions du pays dans l’objectif de doter toutes les régions d’un guichet unique. Le programme de formation de 10 000 jeunes aux métiers va également se poursuivre. La première vague sera élevée au niveau II. Nous allons célébrer la journée internationale et africaine de la jeunesse en plus du Forum national des jeunes qui s’est institutionnalisée. Nous procéderons à la mise en place du Conseil national de la jeunesse et tenir la deuxième édition du Salon des métiers.

Conformément à la lettre de mission du Premier ministre, il se tiendra le quatrième forum des acteurs du secteur informel.
Dans quelques jours, nous allons procéder à la mise en place des 100 premiers volontaires nationaux. Nous comptons aussi renforcer les capacités organisationnelles des jeunes avec la mise en œuvre courant mars du projet 5000 ordinateurs au profit des associations de jeunesse. Il sera adopté cette année, la politique nationale de l’emploi suivie de son plan d’action opérationnelle.

Dans les semaines à venir, nous allons introduire la politique nationale de la jeunesse tout en engageant l’organisation et le soutien des mouvements et associations de jeunesse en les appuyant financièrement et en les aidant pour leur mobilité et activités de vacances. C’est dans ce sens que nous avons déjà acquis huit cars dont deux de VIP. Nous comptons en avoir huit autres cette année. Ce qui va permettre de mettre à la disposition des jeunes de chaque région un moyen de transport. De façon spécifique, nous allons organiser les vacances entreprenariales pour les jeunes qui seront formés en entreprenariat qui iront dans les pays de la sous région notamment au Bénin pour un partage d’expériences. Nous avons prévu la construction de six centres d’écoute et de dialogue.

Evidemment, il y aura des actions d’écocitoyenneté avec d’autres ministères. Très prochainement nous allons procéder à la publication de six guides de recherche d’emplois pour les jeunes ainsi qu’un guide qui contient les opportunités d’emplois indépendants que nous avons répertoriées par rapport aux opportunités économiques par région afin de constituer une base de données pour les jeunes qui veulent entreprendre. Nous avons même quantifié les coûts de réalisations.

Par Idrissa BIRBA et Drissa TRAORE


Zoom : Le paysan, l’universitaire et le ministre

Avant d’être appelé au gouvernement le 6 janvier 2006, le Pr. KOUTABA était enseignant chercheur à l’université de Ouagadougou où il a occupé les fonctions de Directeur-adjoint de l’Unité de formation et de recherches en sciences humaines (UFR/SH) (2000-2003), puis directeur (2003-2006).

Le ministre de la Jeunesse et de l’Emploi a vu le jour le 1er novembre 1959 à Guilongou dans la province de l’Oubritenga. Son cursus scolaire commence d’abord dans son village natal avant de se poursuivre au petit séminaire de Pabré et au collège de Tounouma (Bobo-Dioulasso) où il obtient le BAC en 1981. C’est ensuite les études universitaires de philosophie à Strasbourg en France. Nanti d’un doctorat, il commence sa carrière professionnelle à l’université de Ouagadougou en tant qu’épistémologue. Il est aujourd’hui Maître de conférences.
Le ministre KOUTABA est aussi membre de la jeune Chambre économique qu’il a présidée en 1995. Il est sénateur et conseiller spécial du président mondial de la jeune Chambre internationale. Lauréat du concours international d’Art oratoire (Hararé), M. Justin KOUTABA est chevalier de l’Ordre des palmes académiques.

Le ministre KOUATABA, ce n’est pas seulement le travail intellectuel, il est aussi et surtout « amoureux » de l’agriculture et de l’élevage et lorsque on lui pose une question portant sur ces deux domaines, « extra intellectuels », il répond non sans avoir mentionné avec un brin d’humour que cela relève en quelque sorte de sa vie privée et finit par répondre. Pourquoi donc M. KOUTABA fait-il de l’agriculture et de l’élevage ?

Réponse : « J’ai toujours aimé l’agriculture et l’élevage. Je suis fils de paysan et mon père m’a appris à cultiver et à élever. J’ai aimé cela si bien que très tôt, depuis que j’étais étudiant, j’ai initié l’élevage. Avec ma bourse, j’ai commencé à acheter des animaux… et quand j’ai eu la possibilité dans les années 95-97, j’ai créé une petite ferme d’agriculture et d’élevage, et aujourd’hui, je produis beaucoup de viande, je produis beaucoup de lait. Cela me permet les week-ends de faire autre chose, d’autres activités que celles intellectuelles et d’administration. Ce qui oxygène l’esprit et permet d’avoir un peu de recul par rapport à certaines choses… ».

C’est à cet homme facile d’approche et aux multiples « casquettes » que le président du Faso a confié le jeune ministère de la Jeunesse et de l’Emploi. Ce poste gouvernemental semble bien lui convenir au regard des résultats positifs sur le terrain dans les domaines en charge de son ministère depuis quelques années. Si philosopher, c’est aussi rêver, le rêve du philosophe-ministre c’est sans doute une jeunesse burkinabè pleine de vitalité et débarrassée du chômage et du sous-emploi. Son rêve deviendra-t-il réalité pour les jeunes du Faso ? Prions le Seigneur !o

Ben Alex BEOGO

L’Opinion

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