LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Burkina-Côte d’Ivoire : Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération regionale à abidjan

Publié le jeudi 21 février 2008 à 11h00min

PARTAGER :                          

Le ministre burkinabè des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, M. Djibrill Ypéné Bassolé a effectué du lundi 18 au mardi 19 février 2008, une visite d’amitié et de travail en Côte d’Ivoire. Au cours de son séjour à Abidjan, le ministre Bassolé a eu une séance de travail avec son homologue ivoirien, M. Issouf Bakayoko.

Il a rencontré successivement l’ensemble du corps diplomatique africain et le représentant spécial du facilitateur du dialogue direct inter-ivoirien avant d’être reçu en audience par le président de la Commission électorale indépendante (CEI), le Premier ministre Guillaume Soro et le président de la République Laurent Gbagbo.

Avec les premiers responsables politiques ivoiriens, le ministre burkinabè des Affaires étrangères et de la Coopération régionale a passé en revue l’état de la coopération entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire avec notamment la tenue en fin avril prochain à Ouagadougou, de la session de la grande commission mixte ivoiro-burkinabè. Monsieur Bassolé a mis à profit son séjour, pour visiter le Port autonome d’Abidjan. Le ministre burkinabè des Affaires étrangères et de la Coopération régionale était accompagné tout au long de son séjour, de l’ambassadeur du Burkina en Côte d’Ivoire, du représentant spécial du facilitateur et des consuls du Burkina à Abidjan et à Bouaké.

Renforcement de la coopération bilatérale

Au cours de la séance de travail qui a eu lieu au ministère des Affaires étrangères, les deux délégations burkinabè et ivoirienne ont fait le point de l’état de la coopération entre les deux pays et dégagé les perspectives de cette coopération bilatérale.

Le ministre ivoirien des Affaires étrangères, Youssouf Bakayoko dans son mot introductif, a exprimé la gratitude de la Côte d’Ivoire pour les efforts soutenus du Burkina et de son président dans la mise en œuvre de l’Accord politique de Ouagadougou qui a permis à son pays de retrouver le chemin de la paix après 5 ans de crise politico-militaire.
Evoquant la question de la libre circulation des biens et des personnes dans leurs pays respectifs, les deux ministres ont souligné que le problème se situe à deux niveaux :
- la fluidité de la circulation qui exige la levée totale des multiples barrières, la simplification des formalités douanières et policières et surtout la suppression des nombreux rackets et autres tracasseries devenus monnaie courante sur le corridor Abidjan-Ouaga chez certains agents de la sécurité.
- le renforcement des forces de sécurité pour lutter efficacement contre le grand banditisme.

Tout cela pourrait, selon eux, renforcer davantage la coopération économique, normaliser et intensifier les relations diplomatiques, politiques et commerciales. A titre d’illustration et s’agissant particulièrement des relations commerciales, le volume des échanges globaux entres les deux pays, en baisse en raison de la situation de crise, est passé de 91 milliards en 2000 à 63 milliards en 2003. Fort heureusement, il est en augmentation constante depuis l’Accord politique de Ouagadougou. Dans la perspective de rendre plus dynamique et plus fort l’axe Ouaga- Abidjan, les deux parties ont décidé de mettre en place un mécanisme qui sera chargé d’inventorier les difficultés qui pénalisent les relations commerciales entre leurs pays.
Autre préoccupation des deux ministres, les conflits inter-communautaires qui opposent souvent les autochtones (ivoiriens) aux allogènes (non ivoiriens).

A ce sujet, des dispositions seront prises pour que la communauté burkinabè vive en parfaite harmonie avec leurs frères ivoiriens. Le ministre ivoirien Youssouf Bakayoko a suggéré à son homologue burkinabè la création d’un cadre de concertation qui va anticiper en identifiant les différents problèmes et en tirant sur la sonnette d’alarme afin de prévenir les éventuels risques de dérapage et de régler les conflits en amont et à la base avant d’en arriver à l’affrontement.

Toutes ces questions feront l’objet d’un examen minutieux et approfondi lors de la première session de la grande commission mixte Côte d’Ivoire-Burkina qui se tiendra en fin avril 2008 à Ouagadougou. Auparavant, le comité paritaire de suivi et d’évaluation des travaux de la dernière session s’attellera à la préparation de cette grande rencontre.

Soutien des diplomates africains à l’Accord politique de Ouagadougou

La rencontre entre le ministre Djibrill Bassolé et le corps diplomatique africain en Côte d’Ivoire a été l’occasion pour l’ensemble des diplomates d’exprimer leur totale adhésion et leur soutien à l’Accord politique de Ouagadougou qui représente selon eux, la solution la meilleure pour sortir le pays de la crise politico-militaire qu’il traverse depuis cinq ans. Tous ont salué les efforts du facilitateur et réaffirmé leur volonté et leur disponibilité à accompagner la Côte d’Ivoire dans ce difficile processus de sortie de crise.

Le ministre burkinabè des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, au nom du Président du Faso, facilitateur du dialogue direct inter-ivoirien, a remercié les représentantions diplomatiques de tous les pays impliqués dans la recherche de la paix en Côte d’Ivoire et demandé leur soutien au processus de sortie de crise. Pour M. Bassolé, le processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire a besoin d’être soutenu et accompagné par tous les partenaires au développement et le canal diplomatique constitue un des canaux indiqués pour sensibiliser la communauté internationale et pour obtenir d’elle qu’elle appuie techniquement et financièrement le processus. En cela, il entend lancer un appel à tous les pays et à toutes les organisations qui soutiennent la Côte d’Ivoire pour qu’ils puissent mobiliser les ressources nécessaires pour finaliser le processus de sortie de crise.

Notons que le budget de la CEI est estimé à 36 milliards 200 millions de francs CFA avec une contribution de l’Etat ivoirien qui s’élève à environ 10 milliards.
Faisant allusion au retard constaté dans l’application du chronogramme, le ministre Bassolé précise qu’au- delà des moyens financiers, il y a un processus d’accompagnement qu’il faut prendre en compte. Globalement, estime t-il, le processus se porte bien : “on ne peut pas espérer qu’un processus, avec autant d’enjeux notamment les compétitions électorales, se passe sans accros ” .

Pour lui, il est normal que les forces politiques en présence veuillent s’assurer que le processus ne va pas léser leurs intérêts, tout comme il est tout aussi normal que ces mêmes formations politiques veuillent que les différentes étapes du processus à savoir : le recensement électoral et surtout les élections se passent dans la transparence et l’équité.

Par rapport au délai fixé par le 3ème accord complémentaire à l’Accord politique de Ouagadougou, mettant l’organisation de l’élection présidentielle à la fin du premier semestre 2008, le ministre Bassolé s’en remet à l’entière appréciation des structures chargées de l’organisation des élections, la Commission électorale indépendante (CEI), l’opérateur SAGEM et l’Institut national de la statistique (INS), pour peu que leur proposition soit compatible avec les exigences politiques. “ Nous mettons le cap sur le mois de juin pour tenir compte de la volonté politique manifestée d’aller aux élections au mois de juin”, a déclaré Djibrill Bassolé, avant d’ajouter :“ toutefois, si les structures estiment qu’elles ont besoin d’un ou de deux semaines de plus, le politique (gouvernement) sera dans ce cas obligé de s’en remettre à l’appréciation du technique (CEI, SAGEM et INS)”. Monsieur Bassolé conclut en affirmant qu’il sera impossible d’organiser des élections si le recensement n’est pas fini ou si tout le monde ne s’est pas accordé sur les opérations y relatives.

Pour en savoir plus sur le processus électoral, le ministre burkinabè s’est rendu au siège de la Commission électorale indépendante. Avec le président de la CEI, Robert Beugré Mambe, le ministre burkinabè a pu cerner la complexité de la question, qui s’explique par des difficultés d’ordre financier et matériel.
Conformément à son programme, le chef de la diplomatie burkinabè a été reçu successivement en audience par le Premier ministre Guillaume Soro et par le président Laurent Gbagbo.
Avec le chef du gouvernement et le chef de l’Etat, Djibrill Bassolé a pu faire le tour d’horizon de l’actualité politique ivoirienne, notamment le processus de sortie de crise dans sa globalité à travers l’application de l’Accord politique de Ouagadougou.

Le ministre Bassolé a entrepris une visite au Port autonome d’Abidjan où il a eu droit à une visite guidée et des échanges fructueux avec les responsables portuaires afin de relancer les jalons pour un retour massif des opérateurs économiques burkinabè.
Au terme de son séjour abidjanais, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale a été élevé au rang d’officier de l’Ordre du mérite national de la République de Côte d’Ivoire pour les efforts consentis dans la recherche de la paix dans ce pays.

Jean-Baptiste ILBOUDO à Abidjan

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique