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Fouilles sur les ruines de Loropéni : L’équipe de recherche fait le bilan à mi-parcours

Publié le vendredi 15 février 2008 à 09h34min

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Le samedi 9 février 2008, la première tranche de fouilles archéologiques effectuées sur les ruines de Lorpéni était presqu’à terme. Un bilan à mi-parcours a été fait en présence des autorités administratives, coutumières, de la presse et aussi d’élèves du primaire et du secondaire.

C’est le 18 janvier 2008 qu’une équipe pluridisciplinaire de chercheurs s’est mise à pied d’oeuvre à Loropéni à la recherche d’informations complémentaires sur les mines de Loropéni. Après environ 3 semaines de fouilles, les chercheurs ont collecté quelques vestiges sur près de 4 secteurs délimités.

En général, ce sont des tessons céramiques, des objets en fer (pointes de flèche, lames de daba) et du charbon qui ont été exhumés. Les vestiges trouvés ont été conservés dans un local de la Direction de l’Action sociale en attendant les analyses. Un tas d’ossements a été également exhumé, mais en état de pulvérisation.

Les autorités administratives et coutumières, conduites par le préfet de Loropéni, et les élèves ont constaté de visu le travail de fouille. Pour ce faire, les 2 chefs d’équipe, Lassana Simporé et Lassana Koté, tous enseignants à l’université de Ouagadougou, ont chacun dans son secteur de fouille donné quelques explications aux visiteurs. Ils disent procéder par carroyage pour fouiller les secteurs délimités de façon à pouvoir réintégrer les différents éléments déplacés. Deux secteurs d’entrée et d’autres supposés être des secteurs d’habitation ont été fouillés en priorité. Sur un des secteurs, l’équipe dirigée par Lassina Koté a présenté aux visiteurs ce qu’elle a pu découvrir séance tenante. C’était d’abord un pot en céramique retrouvé à 70 cm de profondeur. Non loin de là, c’est ensuite un collecteur qui avait été mis à nu. Pour le professeur Jean-Baptiste Kiethega, il faut la découverte de scories pour déterminer s’il s’agit d’une forge ou d’un fourneau. Un fait jusque-là inédit et fascinant également mis à nu par les chercheurs est la découverte de murs enfouis au sol à l’intérieur des ruines.

Grâce aux objets découverts, les membres de l’équipe de recherche sur les ruines de Loropéni sont unanimes que certains énigmes tomberont en désuétude ; surtout que la prochaine phase du travail va intégrer l’exploitation du matériel découvert à en croire le superviseur de l’enquête, le professeur Kiethega. Il souligne que les gros charbons par exemple seront soumis à des analyses anthropologiques et les plus petits seront envoyés pour des datations radiocarbone "de façon à discriminer les auteurs des ruines".

Hompko Sylvestre KAMBOU


Membres de l’équipe pluridisciplinaire sur le site

- Professeur Jean Baptiste Kientega : superviseur

- Mme Dola Guigah Angèle (université de Lomé-Togo) : expert d’appui de l’UNESCO

- Adande Alexis (université d’Abomey Calavi - Bénin) : expert d’appui de l’UNESCO

- Dr Lassina Simporé (université de Ouaga) : équipe de fouille

- Dr Lassina Koté (université de Ouaga) : équipe de fouille

- Professeur Sita Guinko : botaniste

- Sanou Sia Christophe : géo-morphologue

- Gobgnimbou Mustapha : recherche source orale

- Ky Jean Célestin : recherche source orale

- Da Igninibon (élève inspecteur : appui recherche source orale

- Des étudiants en histoire et archéologie


Des experts et des étudiants s’expriment

Sur le site, nous avons tendu notre micro à deux membres d’appui de l’UNESCO venus de deux Etats voisins et à deux étudiants prenant activement part aux activités de fouilles.

Alexis Adondé, université d’Abomey Calavi en république du Bénin.

Nous apportons un appui extérieur au travail de nos collègues"

Je séjourne actuellement au Burkina Faso plus précisément à Loropéni dans le cadre de l’appui que l’UNESCO veut apporter à l’équipe de recherche archéologique du Burkina Faso qui, comme vous avez pu le constater, est en train de développer une campagne de fouille sur ce site. C’est la première recherche archéologique sur le site de Loropéni, un site découvert au 19e siècle par les Français et qui ont commencé à écrire sur celui-ci dès 1902. Notre rôle, c’est d’apporter un regard extérieur au travail que font nos collègues et de les assister par nos suggestions. Comme on le dit , un regard extérieur permet de distancier un peu par rapport à une recherche qui se déroule. En ce qui concerne la méthodologie et à la demande des collègues, il n’y a pas l’ombre d’un doute, ce sont les normes de recherche archéologique internationale qui sont appliquées sur ce chantier de fouille. Vous avez pu voir les équipements dont ils sont dotés, vous avez pu voir le développement des recherches en cours, le quadrillage, la méthode de stratigraphie, le prélèvement des échantillons et l’équipe n’est pas composée d’archéologues seulement. Elle est accompagnée par des botanistes, des geo-morphologues et des historiens pour justement avoir une approche hollistique parce que l’archéologie du 21e siècle n’est pas une archéologie isolée, des techniciens purs et durs qui s’isolent des autres disciplines. Elle est plutôt un dialogue interdisciplinaire pour comprendre un site relativement complexe et la complexité de la culture africaine. Puisque la culture africaine n’est pas une culture seulement faite d’éléments tangibles de construction mais il y a également la nature qui l’entoure. Il faut une bonne lecture de tous ces éléments pour mieux comprendre la culture.

Mme Aguigah Angèle Dola, université de Lomé, ancien ministre de la culture du Togo

"Je suis agréablement surprise"

Je suis agréablement surprise d’être en contact avec de gigantesques ruines qui sont assez impressionnantes. Pour l’avoir choisi comme site à inscrire au patrimoine mondial, je crois que ce n’est que justice rendue à nos ancêtres qui ont pu élever de si gigantesques ruines. Cela va donner une importance culturelle aux populations, un savoir-faire traditionnel, un génie architectural que nos ancêtres avaient avant l’arrivée des Européens. C’est cela qui est très important.

Mariam, Traoré étudiante en 4e année d’histoire et archéologie

"Sans la pratique, on n’est pas archéologue"

Nous sommes ici sur les ruines de Loropéni et nous avons commencé les fouilles il y a à peu près 3 semaines. Actuellement, nous sommes satisfaits, nous avons découvert beaucoup de choses : la céramique, du fer, et aujourd’hui nous venons de découvrir une forge. Nous sommes vraiment satisfaits.

C’est vrai que nous avons une campagne de fouille qui nous permet de nous former. Mais, en réalité, sans la pratique, on ne naît pas archéologue. Et les fouilles d’un mois sur les ruines de Loropéni constituent pour nous une opportunité spéciale qui fait que je suis comblée.

Sanogo Dramane, étudiant en 4e année d’histoire, option archéologie

"Notre formation ne peut pas se limiter à ce que nous apprenons en amphi".

Après 3 semaines de fouilles, nous avons pu découvrir beaucoup de choses et à l’heure actuelle, nous nous en réjouissons. Nous espérons qu’avec les instruments que nous avons découverts et également les méthodes qu’on va utiliser pour interpréter ces documents, nous pourrons parvenir à l’objectif qu’on s’est fixé à savoir avoir des informations sur les ruines de Loropéni pour qu’on puisse les classer dans le patrimoine mondial de l’UNESCO.

Chaque fois qu’un étudiant participe à un terrain, c’est un plus et c’est fondamental parce que notre formation ne peut pas se limiter seulement à ce que nous apprenons en amphi. Cela nous permet d’acquérir certaines expériences, d’avancer et de comprendre beaucoup de choses. Cela nous permet par exemple de savoir comment fouiller, comment avoir des informations sur certaines questions données.

Propos recueillis par Hompko Sylvestre KAMBOU

Le Pays

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