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Femmes musulmannes de Gounghin : La maîtrise du coran au féminin pluriel

Publié le mardi 8 juin 2004 à 07h08min

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La mosquée de Gounghin, située derrière le marché dudit quartier, était en fête dans la matinée du 6 juin 2004. Pour cause, 23 femmes venaient d’achever leur formation sur la lecture du coran, ce précieux document qui constitue la référence pour tous les musulmans. Cette cérémonie de remise de diplôme s’est faite en présence de plusieurs dignitaires religieux.

Dès le matin, les Djellabas et les robes blanches se le disputaient aux babouches. Comme il fallait s’y attendre, la couleur dominante était la blancheur immaculée. A la tribune officielle, un tapis rouge était déroulé et s’étendait jusqu’à la grande porte. La largeur mise à part, ce tapis n’avait rien à envier, de par sa longueur, à celui déroulé au salon d’honneur de l’aéroport international de Ouagadougou.

Il était le passage "obligé" des dignitaires religieux, pour accéder à de gros fauteuils confortables. Aux environs de 10h, c’est une succession des cheiks des plus charismatiques de la ville de Ouagadougou : cheik Aboubacar Doukouré, chef de la Tidjania, cheik Aboubacar Sana, président de la communauté musulmane, et l’inénarrable cheik Mahmoud Bandé qui, à une certaine époque, faisait la une des causeries pour ses "wazou" (prédications) lors desquelles il décochait des flèches acérées sur les vendeurs de mil rouge, les fabricant de dolo et ceux qui ne jurent que par le contenu des petites calebasses utilisées dans les cabarets.

L’arrivée de cet illustre invité crée toujours un petit événement dans les milieux musulmans au Burkina Faso. Si fait que, venu en retard, on a suspendu les discours. Et après les salamalecs d’usage, on a procédé à son installation avant de continuer la cérémonie.

L’importance de la cérémonie était manifeste à plus d’un titre.

En effet, pendant plusieurs années, 23 femmes ont suivi avec assiduité un formation en lecture du coran. Cela ne relève pas de l’ordinaire dans le milieu africain, traité de phallocratique par la plupart des femmes.

Ainsi, des femmes qui sont musulmanes pratiquantes, il y en a à foison. Mais celles qui maîtrisent le coran se comptent au bout des doigts. La responsable de l’association Ityad islamia, Mme Kadidja Tiendrébéogo, qui était aux anges, assurera que cette expérience sera un précédent : "Nous voulons encourager les femmes à prendre cet exemple. Beaucoup pensent qu’à moins d’avoir un mari qui est maître coranique, il est impossible pour une femme de savoir lire le coran. Nous avons donné la preuve que même en continuant nos activités quotidiennes, nous pouvons atteindre cet objectif". Il y a eu plusieurs interventions pendant la cérémonie.

Entre autres, celles de la présidente de la section féminine, Aminata Ouédraogo, d’Adja Oumou Koulsoum Ouédraogo, de cheik Aboubacar Sana, de cheik Mahmoud Bandé, de cheik Mahamoud Doukouré et l’intervention du parrain des femmes formées, M. Alassane Ouédraogo. Les deux interventions les plus marquantes ont été celles d’Adja Oumou Koulsoum et du président de la communauté du Burkina, cheik Aboubacar Sana. La première a émerveillé les spectateurs par son érudition dans la langue arabe.

Le second, cheik Aboubacar Sana, par la bonne atmosphère de détente qu’il a apportée pendant la cérémonie. Il prendra d’ailleurs l’exemple de cette dame, Adja Oumou Koulsoum : "Ici, parmi nous, il y a des imams qui ont une barbe qui vaut 1 mètre et demi. Mais ils envieraient le savoir de cette femme. Cependant, malgré ce savoir que peut et doit avoir la femme, cette dernière doit garder à l’esprit que sa vraie place, c’est aux côtés de son mari".

Le programme de ces femmes qui fréquentent la mosquée de Gounghin prévoit en outre la formation de 300 autres femmes en lecture du coran.

La responsable de l’association Ityad islamia, Mme Kadidja Tiendrébéogo, voit même plus loin : "Nous demandons aux femmes qui ont appris le coran de persévérer dans l’apprentissage. Car on n’a jamais fini d’apprendre". Un autre projet tient à cœur les membres de l’association, qui consistera à se regrouper pour mener des activités génératrices de revenus.

Voici un exemple de regroupement qui nous change des harems de certains de nos vieux sultans locaux.

Issa K. Barry
L’Observateur

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