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Immigration clandestine : L’analyse du REPLIC

Publié le vendredi 8 février 2008 à 10h45min

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Qu’est-ce qui explique le phénomène de l’immigration clandestine de l’Afrique vers l’Europe ? Qui en est responsable ? Le Réseau panafricain de lutte contre l’immigration clandestine (REPLIC) répond, sous la plume de la présidente de son bureau exécutif national, à ces interrogations dans l’analyse qui suit.

L’immigration clandestine est, de nos jours, une épine au pied des pays d’Europe et d’Afrique. En effet, qu’elle soit clandestine ou "subie" ou qu’elle soit légale ou "choisie", l’immigration reste une préoccupation majeure que partagent les pays riches du Nord et les pays pauvres du Sud. Pour l’Afrique, en particulier, elle se pose en obstacle au développement. En effet, faut-il le rappeler, l’immigration occasionne considérablement la fuite des bras valides et des cerveaux qui constituent respectivement la force de travail et l’intelligentsia indispensables pour asseoir un développement durable sur le continent.

Par conséquent, une lutte acharnée doit s’imposer à tous les niveaux contre le phénomène dont les formes dévastatrices évidentes sont d’ordre à maintenir dans le retard et le sous¬-développement. Cependant, s’il est à noter avec désespérance la croyance chimérique des jeunes en ce que l’Europe est un eldorado où, dans l’espoir d’un mieux-être, les uns et les autres se laissent aller à l’exil par tous les moyens, y compris les plus suicidaires et inhumains et au péril de leur vie, en traversant le désert à pied ou en embarquant en haute mer, il conviendrait, en revanche, de relever les causes connues du phénomène aux plans politique et socio-¬économique. Aussi pouvons-nous, sans risque de nous tromper, affirmer que le manque de perspectives rassurant à l’horizon, le chômage, la pauvreté humaine et matérielle, les conflits armés contraignent les milliers de jeunes africains à l’exode vers les pays occidentaux, non sans, ce faisant, des conséquences dommageables pour l’Afrique. Car, outre quelques rares avantages, générés dans une moindre mesure, l’émigration clandestine se caractérise par de multiples inconvénients aussi considérables que lourds à supporter pour les pays.

Pays riches et pauvres responsables

Les capitaux rapatriés par les diasporas africaines, même bien qu’utiles dans certains cas comme la survie des familles, l’investissement dans les PME/PMI et le secteur informel, la plus- value y relative reste insignifiante et beaucoup marginale pour pouvoir constituer des bases économiques solides capables d’impulser un développement véritable. Mieux, l’Afrique perd une partie de sa ressource humaine qualifiée au profit de l’Europe. En effet, comme l’a été la traite négrière, le caractère massif, irrégulier et incontrôlable de l’émigration clandestine enlève à l’Afrique les compétences indispensables pour soutenir l’innovation et le développement endogène. De ce qui précède, il convient de situer les responsabilités. En effet, aussi bien les dirigeants des pays riches d’Europe et d’Amérique que ceux des pays pauvres du Sud, notamment d’Afrique, sont accusables d’une façon ou d’une autre.

Les premiers pour la réduction drastique de l’aide au développement, le maintien de la dette et l’iniquité dans le commerce international concernant particulièrement les injustices subies sur le marché par les matières premières africaines. Sans oublier les nombreuses barrières multiformes qui se dressent aux Africains quand ils veulent se rendre en Europe, même dans les conditions régulières, en dépit du droit international des personnes consacré par l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme qui garantit le libre établissement et la non- entrave à la circulation des personnes et des biens.

Quant aux seconds, ceux-ci doivent être accusés pour la mal gouvernance, le manque de démocratie et l’absence de perspectives rassurantes pour la jeunesse. Ainsi, au regard de l’état des lieux, très préoccupant, et après une analyse minutieuse de la problématique, le REPLIC, d’une part, se félicite-t-il du

plaidoyer, sur l’immigration clandestine, fait par le Président du Faso, Son Excellence Blaise Compaoré, dans son discours d’ouverture de la Conférence des chefs d’Etat de l’UEMOA, tenue dernièrement à Ouagadougou. Puis, d’autre part :

- exhorte les dirigeants africains à accorder une place de choix à la question de l’immigration sous toutes ses formes ;

- propose aux pays d’organiser des foras nationaux de la jeunesse en rapport spécifiquement à l’immigration clandestine afin de recueillir les avis et propositions concrètes des jeunes sur la question ;

- suggère la tenue d’une conférence des gouvernements de l’espace CEDEAO sur l’immigration clandestine et ses conséquences aux fins de trouver des solutions à même de l’endiguer.

Pour le Bureau exécutif national

La présidente

Miriam Tènè Samaké

Le Pays

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