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Tchad-France : Dictateurs africains, soyez tranquilles

Publié le mercredi 6 février 2008 à 10h59min

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Avis aux chefs d’Etat africains de la zone francophone, qui ne le savent pas encore. Ceci est une précieuse recette pour tenir entre les mains, l’élixir du pouvoir à vie. Faire tout pour plaire à la France et être le garant de ses intérêts. Faire modifier la Constitution autant de fois qu’on le souhaite – on est quand même en Afrique !

Puis, organiser des élections les moins élégantes et les moins propres qui soient, et dans lesquelles les observateurs internationaux ne verront que du feu et qui s’empresseront d’entonner le couplet rituel : les quelques irrégularités enregistrées ne sont pas de nature à entacher les élections ! Ajoutez à tout cela – cerise sur le gâteau - des accords de coopération ou de défense, et que sait-on encore, qu’on aura passés avec l’ancienne métropole. Et bingo !

Après cela, allez dormir tranquille, car vos ennemis rencontreront toujours sur votre chemin… la France prête à intervenir en votre faveur, militairement ou diplomatiquement. Elle pourrait même aller jusqu’à faire voter une résolution pour condamner les combattants du changement. Peu importe que vous ayez passé des décennies au faîte de l’Olympe ! Car, si l’alternance est bonne pour la France, aux yeux de l’Hexagone, elle n’est pas nécessaire pour les pays africains ! A tel point que Paris ne lèvera jamais le petit doigt pour condamner tous ces tripatouillages constitutionnels qui maintiennent à vie, des chefs d’Etat africains au pouvoir. Et voilà comment la France se joue des peuples africains qui n’auraient pas eux aussi droit au changement ou, si vous voulez, à la "rupture" !

Avec son "ami", la France, le président Idriss Déby peut donc n’avoir aucune crainte pour son pouvoir. Du moins tant qu’il sera le garant des intérêts de la France, qui indique qu’elle "fera son devoir" sur fond de menace d’intervention militaire.

Dire que Nicolas Sarkozy avait fait de la rupture avec les dictatures du continent, un des thèmes majeurs de sa campagne ! Tous ces Africains qui avaient placé leur espoir en lui n’ont plus que leurs yeux pour pleurer face au maintien de l’ordre ancien.

A l’épreuve du terrain, Sarkozy aura compris que les intérêts de la France sur le continent noir s’accommodent mal d’une rupture ! Finalement, il n’aura pas respecté ses engagements : ni sur la rupture, ni sur le pouvoir d’achat des Français, etc. Il faut à présent craindre une damnation ad vitam de l’Afrique. Que des opposants tchadiens soient arrêtés et que cela ne dérange pas encore la conscience de la France si respectueuse… des droits de l’homme, c’est grave. Si, sous l’angle de la défense des droits de l’homme, la France est méconnaissable, l’humanitaire socialiste Bernard Kouchner l’est doublement pour s’être visiblement rangé du côté de Déby. Face au drame tchadien, est-il encore besoin d’organiser des élections au Tchad, comme dans bien d’autres pays du continent, alors qu’elles ne donnent généralement lieu à aucun suspens ? Comme bien d’autres présidents africains, ne faut-il pas proclamer Idriss Déby Itno, empereur du Tchad ?

On veut bien comprendre que l’accord de coopération qui existe entre les deux pays, intervienne en cas d’agression extérieure. Mais de quelle attaque extérieure parle-t-on quand des Tchadiens - qu’ils viennent du Soudan ou du fin fond de la terre - s’attaquent à des Tchadiens ? Après tout, on comprend la France qui ne s’est certainement pas rangée du côté de Déby pour des prunes, encore moins pour ses beaux yeux. "La France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts". Une phrase lourde de sens et qui fait encore sourire son auteur, le Général de Gaulle, de l’autre côté de la vie.

Cheick Beldh’or SIGUE

Le Pays

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