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Un étudiant au Premier ministre : "Secouez le cocotier de l’éducation malade !"

Publié le mercredi 6 février 2008 à 10h45min

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Dans cette lettre ouverte au Premier ministre, cet étudiant en licence de Droit à l’université de Ouagadougou (il a demandé l’anonymat) attire son attention sur la situation de précarité que vivent les étudiants de l’UFR Sciences juridiques et politiques. Par conséquent, il demande à Tertius Zongo d’en faire une priorité afin que le problème connaisse un solutionnement.

Excellence Monsieur le Premier ministre

Tout d’abord, recevez mes salutations les plus distinguées et que l’on me permette de rappeler et de vous assurer que votre arrivée à la tête du gouvernement a suscité et continue de susciter tant et tant d’espoirs chez les Burkinabè du pays réel dont je fais partie. C’est fort de cela que je me suis permis de saisir ma petite plume afin de vous entretenir sur une urgence parmi toutes celles qui assaillent notre petit pays.

En effet, en ma qualité d’étudiant inscrit en Licence de droit, je ne peux rester indifférent face à la déliquescence de notre système éducatif dans sa partie Enseignement supérieur.

Au risque d’être long, souffrez que je vous égrène seulement le chapelet de quelques problèmes à l’UFR Sciences juridiques et politiques (SJP).

Voilà, Excellence, dans cette UFR, l’année académique, faut-il le rappeler à commencé en janvier et ce pour des raisons d’égoïsmes de ses premiers responsables, d’une part, et, d’autre part, pour des excès de zèle de certains de leurs sous-fifres. Vu la situation actuelle, j’ai la faiblesse de penser que le retard dont je vous ai parlé plus haut, n’était que la partie visible de l’iceberg.

Tenez-vous bien, Excellence. Non content d’avoir commencé en janvier (donc un trimestre de perdu !), l’on perd encore du temps avec des programmations "loufoques" dans la mesure où les professeurs programmés ne se sont jamais présentés ; dans le meilleur des cas, certains sont venus prendre contact avec leurs étudiants et après plus rien.

Exemple : En 3e année, le professeur de Fiscalité n’a jamais mis pied dans l’amphithéâtre ; il a un passif d’environ 20 heures de cours (la fiscalité, nous a-t-on dit, est une matière fondamentale donc très coefficientée !). En 2e année, le professeur de Droit judiciaire privé bien que programmé n’a pas encore été aperçu par ses étudiants. En 1re année, le professeur de Théorie générale des obligations (TGO) est venu comme pour décliner son identité à ses étudiants. Depuis, on ne le voit plus.

Toutes ces matières dont je fais cas sont très capitales parce que devant constituer le "plat de résistance" de notre formation et nous permettre de donner le meilleur de nous-mêmes quand nous travaillerons, (si travail on en trouve !).

Concernant, ces enseignants, je crois savoir que ce sont des agents publics. Mais pourquoi viennent-ils nous enseigner seulement quand leur emploi du temps le leur permet ? Comme si donner des cours était une activité subsidiaire.

Un diplômé mal formé est une bombe sociale

Ah ! je comprends, les enfants du peuple ! l’université du peuple ! mais attention ! car "le jour où le peuple se mettra debout, ça sera vos malheurs". Est-il besion de rappeler qu’un diplômé mal formé et qui plus est, sans-emploi, c’est une bombe sociale ?

Excellence, l’on vous a écouté lors de votre Discours de politique générale, quand vous nous promettez le site du SIAO (OUAGA II n’étant pas prêt) pour décongestionner le site de Zogona.

Effectivement, le SIAO a été retenu pour des cours normalement des premières années de droit et d’économie (confère vos déclarations). Mais, quelle ne fut pas notre surprise, quand on nous a informés que c’est toute l’UFR/SJP (1re, 2e, 3e et 4e années) qui devrait s’y rendre. Pas besoin d’un doctorat pour réaliser qu’on n’a pas résolu le problème, on l’a juste déplacé. Illustration parfaite, le "pavillon vert" du SIAO retenu a une capacité d’accueil semble-t-il de 1 300 étudiants, alors qu’en 1re année de droit, il y a un effectif d’environ 2 500 étudiants (excusez du peu !) Concernant toujours le SIAO, les cours y ont été programmés de la date du 28 janvier au 9 février, mais comble de l’étonnement, le SIAO est occupé pour le SAAHEL et le SAFID, conséquence : pas de cours, il faut attendre ! (pays pauvre et toujours en train d’attendre ! !)

Face à cette explication de l’Administration SJP préssurée par la présidente de l’UO, explication qui ressemble bien à du dilatoire, je me suis demandé si tout au long de l’année académique, du reste hypothétique, on n’en sera pas très souvent à interrompre les cours pour cause de salons, concerts, mariages et autres, dans la mesure où la vocation première du SIAO est d’abriter le Salon et des salons.

Cher Premier ministre, on vous a vu secouer le cocotier "Douanes", secouez aussi, celui de l’Education qui, dans son ensemble, est malade. Il est vrai que les PAS ont "dépriorisé" des secteurs comme l’enseignement, la santé, etc... Qu’à cela ne tienne, nos leaders gardent une marge de manoeuvre, fût-elle en portion congrue.

C’est pourquoi, je vous demande de jouer de tout votre poids, de faire valoir encore une fois votre intégrité (denrée devenue rare au Faso) et votre pragrmatisme à l’américaine, pour oeuvrer à ce que les cours démarrent effectivement à l’UFR/SJP, mais aussi dans toutes les autres UFR dont les étudiants se tournent toujours les pouces et "tuent" le temps autour du thé ! (A qui la faute ? !).

Nous, enfants du peuple, nous réclamons une formation de qualité, nous voulons pouvoir contribuer à l’émergence de ce Faso qui nous abrite et où reposent nos ancêtres. Est-ce trop demander ? Chaque jour, l’on parle de renforcement des capacités de formation des ressources humaines, alors, donnez un contenu concret à tous ces concepts, en réinjectant un nouveau souffle à l’université de Ouagadougou.

Vous souhaitant, excellente réception de ma lettre, recevez en ces lignes, Excellence Monsieur le Premier ministre, les hommages d’un pauvre étudiant qui, à l’instar de tous ses camarades, ne demande que des conditions humaines pour apprendre et comprendre.

Un étudiant en Licence de Droit

PS. Le système LMD (Licence Master) Doctorat) ne servirait à rien si des amphithéâtres à grande capacité ne sont pas construits, si des universités ne sont pas ouvertes, si des enseignants ne sont pas recrutés et bien rémunérés.

Au total, rien ne marchera en Afrique, si ses dirigeants refusent de s’assumer, d’appliquer leurs solutions à leurs problèmes car, comme l’a dit l’illustrissime Pr Ki-ZERBO, "On ne développe pas, on se développe".

Le Pays

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