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L’AUTRE Burkina /PSR : "2008 sera rude et difficile"

Publié le mardi 5 février 2008 à 11h42min

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Alain Zoubga

Le Bureau politique national de l’Autre Burkina/Parti pour le socialisme et la refondation a tenu sa première session de l’année le 27 janvier 2008. Le communiqué de presse ci-dessous prend compte des travaux de cette session.

Le Bureau politique national (BPN) de l’Autre Burkina/PSR a conclu les travaux de sa première session le dimanche 27 janvier 2008 sur 3 points essentiels : la vie du parti depuis sa création, la situation nationale avec ses tendances d’évolution et la situation interafricaine.

I- La vie du parti

La naissance de notre parti a suscité des interrogations, des critiques et même des attaques à peine voilées. Aujourd’hui, le défi reste entier et les membres de notre direction politique savent qu’ils doivent faire preuve de courage, de solidarité et surtout d’esprit de parti pour une implantation progressive du parti. Aussi apprécient-ils les efforts continus des militants qui se sont engagés dans l’Autre Burkina/PSR depuis sa création. En ce qui concerne les relations avec les autres forces politiques et sociales du pays et de l’extérieur, le BPN a formulé des directives et recommandations en vue de les rendre plus dynamiques et visibles.

II- Situation nationale

Après une analyse des caractéristiques qui ont marqué l’année 2007, et dans la perspective de 2008, certains aspects ont retenu l’attention de notre parti :

1- L’action gouvernementale est actuellement marquée par les idées, engagements et autres mesures que nous propose le Premier ministre à travers des déclarations et des initiatives depuis sa nomination. A l’instar d’autres forces politiques et observateurs, nous sommes d’avis que le chef du gouvernement est en première ligne dans l’imagination des idées et autres engagements et qu’il a adopté une méthode de contact assez directe, un « style » en apparence plus visible de communication. Nous notons principalement : ses critiques sur les conditions d’attribution des marchés publics de l’Etat (projets Rood Woko, Zaka...), les conditions de nomination des DG, l’utilisation abusive des véhicules de l’Etat ; ses toutes premières décisions au sujet de l’affaire du DG de la Douane ; son engagement à faciliter l’accès aux sources d’information à la presse nationale ; la création de l’Autorité supérieure de contrôle de l’Etat (ASCE). Tous ces engagements et idées, dignes d’une certaine volonté de rupture, voire de refondation, peuvent être mis à l’actif du PM. D’ailleurs, on constate une certaine insistance dans sa méthode, comme en témoigne cette autre déclaration au journal "Le Pays" : « Quand j’ai présenté le dossier (ASCE) en Conseil des ministres, il y en a qui m’ont dit que j’allais leur créer des problèmes. J’ai rétorqué qu’ils allaient effectivement avoir des problèmes parce que c’est ce que le chef de l’Etat veut, et s’ils ne sont pas disposés à l’accepter, qu’ils quittent le gouvernement. » Mais en a-t-il la volonté certaine ? A-t-il les épaules suffisamment larges pour mettre en œuvre tout cela, dans ce système des nouveaux riches ? C’est tout le mal que l’on peut lui souhaiter !

Mais le tout n’étant pas d’avoir l’imagination fertile, il faut, pour le PM, oser aller jusqu’au bout, car « tout ce qui vient de l’imagination de l’homme est réalisable par l’homme », nous disait le chef de la Révolution d’Août ! Du reste, quand le PM a déclaré en 2007 :« le ciel devrait être la seule limite à nos rêves et nos actions », l’Autre Burkina/PSR avait déjà dit que cette affirmation avait un contenu révolutionnaire et patriotique mais que, malheureusement, notre Premier ministre ne semblait pas porter dans son coeur les révolutionnaires et les patriotes !

Nous ne sommes ni des illusionnistes ni des nihilistes, mais les événements semblent se dérouler malheureusement dans le sens de nos interrogations et inquiétudes : l’affaire Ousmane Guiro semble en voie d’être classée avec le dessaisissement du juge Sory même si le PM dit : « ...personne n’est au-dessus de la loi. Ce dossier va donc aller jusqu’au bout » (sic.). En ce qui concerne l’utilisation abusive des véhicules de l’Etat, les nombreux laisser-passer qui sont délivrés permettent de contourner la mesure ; la politisation des postes dans l’administration se renforce, et dans beaucoup de ministères et autres institutions, seuls « les camarades » peuvent être des DG ou même de simples chefs de services. En outre, le dossier de la mairie de Ouaga, le pitoyable marché de fourniture d’habillements des gardes pénitentiaires, l’implication douteuse et illégale des hommes politiques, si ce n’est de leurs proches, dans les transactions commerciales, préoccupent assez peu le gouvernement.

Et comme si cela ne suffisait pas, l’Assemblée nationale aussi décide de s’offrir régulièrement des avantages financiers et matériels.

Du côté de la Justice, dans le dossier Norbert Zongo, c’est toujours le non-lieu ; cependant, nous notons quelques frémissements positifs, comme dans l’affaire du journaliste Newton Amed Barry de "L’Evénement", celle du capitaine Boukary Kaboré, dit le lion, et l’affaire du PAI.

C’est dans ce contexte que le mauvais classement de notre pays (176e/177) dans le rapport du PNUD provoque indignation et rejet au niveau ce ceux qui croyaient que le nombre de sommets et fêtes organisés (500 millions de F CFA dépensés pour la seule journée du 11-Décembre), les médiations dans les conflits et le nombre de villas à Ouaga 2000 sont des indicateurs de développement à prendre en compte dans l’IDH. Le Burkina Faso est dernier dans l’UEMOA et avant-dernier au sein de la CEDEAO !

Pour l’Autre Burkina/PSR, ce classement est bel et bien justifié ! Le PM qui se présente en « redresseur »veut des résultats, mais est-il possible d’avoir des résultats avec cette équipe qui est au service d’un système injuste ? Une chose est sûre au pays des hommes « intègres », c’est tout le contraire de « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut », et nombreux sont ceux qui ne travaillent pas ! Nous devrions travailler maintenant ! Et ceux qui ont fait la preuve de leur

incompétence et paresse doivent rendre le tablier, les autres qui sont impliqués directement ou non dans les dossiers sales doivent être démis et poursuivis selon la loi !

2- Les perspectives de l’année 2008

Après les vœux, place à la réalité ! Ce qui caractérise 2008, c’est le fait qu’elle ne sera pas une année politique en principe ! Toutefois, il ne faut pas se tromper, elle sera difficile et rude. Depuis 2007, les prémisses d’une telle évolution sont nombreuses :

- la vie chère marquée par une augmentation jamais égalée des prix des céréales, du savon, de l’huile, du pain, du lait, du sucre, de l’eau, de l’électricité, du ciment et, récemment, des hydrocarbures, ce qui ne manquera pas d’allumer le front social.

- le désordre dans nos écoles et universités où le limogeage du Pr Odile Nacoulma ne sera pas une solution à la situation de blocage car les problèmes sont ailleurs !

- la révolte de la rue contre les« Etablissements les Kundé » suite à un acte d’assassinat crapuleux, l’affaire dite de la mercedes tueuse, les affrontements entre forces militaires et de polices, la fronde des militaires retraités, les attaques intervillageoises, le banditisme sur nos routes, l’assassinat du cambiste Idrissa Ouédraogo, etc., sont des signes d’un ras-le-bol et de désespoir ! Sur ce dernier point, félicitations aux autorités pour avoir réagi rapidement, une fois n’est pas coutume, même si nous croyons savoir que la peur d’une révolte populaire contre des intérêts où sont associés les affairistes politiciens au pouvoir explique en grande partie cette « admirable » opération de nos gouvernants. Toutefois, cette affaire renferme beaucoup de zones d’ombre !

Pour la suite, au-delà de l’absence d’accord d’extradition entre nos deux pays, et malgré l’envoi de deux de nos avocats Beyrouth, notre pays doit demander l’extradition du présumé assassin, car il s’agit d’un crime crapuleux, commis chez nous et contre un Burkinabè ! Le point de vue du consul du Liban chez nous indique qu’il s’agit d’une question de souveraineté : « Même avec des conventions, ils (les Libanais) refusent d’extrader leurs compatriotes. »

- Ie flux inévitable et souhaité du mouvement Trop c’est trop (TCT) ! Après des périodes de reflux, ce mouvement va certainement rebondir si l’on tient compte du sentiment général au sein des travailleurs et de la jeunesse ; en outre, le message du nouveau président du Collectif le 13 décembre 2007 va clairement dans ce sens.

3 - C’est pourquoi, l’Autre Burkina/PSR s’interroge sur la politique réelle du gouvernement face à la chute du pouvoir d’achat des populations, alors que depuis plus de 30 ans l’augmentation cumulée des salaires n’atteint pas le 1/4 de cette chute ! Et plus près de nous, notre parti apprécie mal l’attitude de notre gouvernement face la situation de la SOSUCO où la mévente est le résultat de la fraude organisée par des hommes d’affaires véreux et leurs complices proches du pouvoir ! C’est une telle évolution inquiétante de notre société qui fait dire à un notable sénoufo que « le Burkina est une sorte de volcan entrée en activité depuis le 15 octobre 1987, et qui a commencé à laisser échapper des gaz depuis le 13 décembre 1998 ; bientôt il pourrait cracher des laves de feu sur nous ! »

3 - La question du changement !

L’évolution telle que décrite ne doit pas constituer une fatalité, ne la rendons pas irréversible ! Trois grands acteurs ont la responsabilité historique de sauver notre pays : le régime d’abord, principal responsable du mal national, doit ouvrir les yeux face à la réalité, sortir de son entêtement et de l’autosatisfaction, dans le cas contraire l’histoire peut se répéter chez nous comme au Mali ou ailleurs. La société civile ensuite doit continuer ses luttes, renforcer son unité pour conduire les populations à la victoire sur le front social. Enfin, l’opposition politique doit comprendre, plus que par le passé, qu’elle a un rôle historique à jouer, une mission fondamentale à accomplir, à savoir la refondation nationale, car il est incontestable que les petites réformes superficielles ne peuvent plus guérir notre mal. Et c’est justement parce que 2008 n’est pas une année électorale, qu’elle doit être une occasion pour fonder les bases du changement : la refondation, que nous voulons, certes, révolutionnaire, mais sans pour autant rejeter les autres visions et orientations de toutes les forces qui croient à la refondation !

III - Situation interafricaine

Les luttes démocratiques continuent de vivre des moments difficiles dans plusieurs pays en Afrique. En exemple, les cas du Cameroun, du Gabon et surtout le Kenya, une situation horrible et humiliante pour notre continent. Néanmoins, on note ailleurs quelques cas isolés où la démocratie semble avoir gagné : Ie Bénin et le Mali à côté de nous, les votes au congrès de l’ANC et, à un degré moindre, le renversement du gouvernement au Niger par une motion de défiance, ce dont ne peut rêver le Burkinabè. A moins que dans sa timide « croisade » le PM ne remette en cause les intérêts des puissants du régime qui décident alors d’arrêter ses velléités !

Dans l’actualité africaine, la question des APE est essentielle au moment où les USA, l’UE et la Chine se livrent une guerre économique. Ces APE que tente d’imposer l’UE à nos Etats recouvrent des enjeux économique, politique et social à l’instar des PAS. Dans les conditions actuelles, ils pourraient fragiliser davantage nos économies en général, et les budgets de nos Etats en prendront un coup. Aussi, tout en appréciant la démarche intelligente de l’UEMOA et de la CEDAO sur cette question, nous souhaitons que les forces sociales de notre pays et du continent en fassent une priorité de lutte.

Quant à la crise ivoirienne, elle demeure une grosse préoccupation du continent. Nous encourageons les principaux acteurs à croire toujours à la paix et félicitons les autorités ivoiriennes et le peuple ivoirien dont le courage et le patriotisme ont permis de garder la Côte d’Ivoire une et indivisible ! C’est la raison pour laquelle nous souhaitons une juste solution pour le cas du sergent-chef Ibrahim Coulibaly, dit IB, l’un des chefs historiques des forces nouvelles, afin de consolider l’œuvre de réconciliation nationale pour la paix ! L’année 2007 a été difficile, l’année 2008 ne sera pas moins difficile ! Mais nous croyons en notre peuple, capable de s’assumer autour des valeurs comme le travail, la dignité et l’espoir !

Le changement, c’est maintenant.

Le président national du parti l’Autre Burkina/PSR

Alain Dominique Zoubga

Légende :

Dr Alain Dominique Zoubga, président national de l’Autre Burkina/PSR (ph.d’arch.)

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