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Succession d’Alpha Oumar Konaré : Ping et les bottes du géant

Publié le lundi 4 février 2008 à 12h54min

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L’ancien président malien Alpha Omar Konaré, lui, qui ne cachait plus son impatience de quitter la tête de la Commission, se voit enfin soulagé par l’élection à la majorité absolue et au premier tour du scrutin du poulain des doyens de nos gouvernants. Entendez, bonnes gens, Omar Bongo Ondimba, qui s’est fait le devoir de pistonner son ministre des Affaires étrangères et vice-Premier ministre, Jean Ping, ce fidèle parmi les fidèles, dont on dit qu’il a le profil du métier.

Car, pour une surprise, son élection à la présidence de la Commission de l’Union africaine en est une. Au-delà de l’immense tâche qui t’attend, bien de prétentieux frappaient, en effet, aux portes de l’institution, dont le trouble-fête en puissance pouvait sans conteste être le ministre libyen des Affaires africaines, Ali Triki, sorti des tentes bédouines de Syrte par le Guide à l’effet de concrétiser son cirque des Etats-Unis d’Afrique.

Mais l’exploit du protégé du président gabonais est encore loin d’une victoire, car il s’agira maintenant de réussir là où Alpha Oumar Konaré a échoué. Mission a priori impossible, si l’on considère que, tout ministre des Affaires étrangères et vice-Premier ministre qu’il est, Jean Ping succède à un ancien président de la République, qui pouvait, lui, revendiquer le droit de discuter d’égal à égal avec ses homologues d’hier.

Une autre page de l’Union africaine vient ainsi de se tourner, mais les mêmes maux qui grèvent l’industrialisation et le développement du continent, thème de ce Xe sommet des chefs d’Etat et de gouvernement, demeurent d’actualité : la pauvreté ; la pandémie du VIH/Sida ; les conflits ethniques et régionaux, la malgouvernance et l’allergie manifestée par nombre de nos dirigeants dans la pratique de la démocratie sont d’autant plus préoccupants que les querelles internes qui minent la sœur cadette de l’organisation de l’unité africaine, déjà vieille de huit ans, puisque portée sur les fonts baptismaux en 2000 à Durban en Afrique du Sud.

Jean Ping hérite d’une institution toujours à la recherche de ses repères, et qui ne cesse de lever le pas dans la longue et pénible marche vers l’intégration africaine. Et nous ne croyons pas si bien dire quand au moment où nos gouvernants se retrouvent à Addis pour leur présentation de vœux, à l’exemple du Rwanda de Kagamé, au Kenya voisin de Kibaki, les machettes et les flèches empoisonnées sèment quotidiennement la mort par centaines, au terme d’une élection truquée et calamiteuse, critiquée et dénoncée tant par les grandes puissances que par les observateurs internationaux. L’opposition, à travers le mouvement démocratique orange (ODM), a beau avoir la raison avec elle et crier à la fraude, l’Afrique des monarques et des pouvoirs dynastiques reste sourde et muette.

Rien d’étonnant alors si la crise du Darfour a fini par embraser le Tchad, avec l’entrée des rebelles à N’Djamena, au moment même où s’achevait le sommet d’Addis. Comme le dit si bien le doyen Omar Bongo Ondimba, qui négocie actuellement un demi-siècle de règne sur le "monastère" gabonais, on ne saurait cautionner une prise de pouvoir par les armes, mais combien sont-ils, ceux de ses pairs qui ont enjambé des urnes, marché dans le sang et sur des cadavres pour atteindre leur palais ?

Vivement donc que tous ces anges soient interdits du paradis de l’Union africaine. Nous devons certes condamner le coup de force des rebelles tchadiens, mais comment en est-on arrivé là ? El Hadj Bongo a beau jeu de prêcher pour sa chapelle, pardon pour sa mosquée, mais qu’il fasse sien l’adage qui veut que qui sème le vent récolte la tempête. Pendant que nous y sommes, de quoi nos chefs d’Etat peuvent-ils se prévaloir dans la prévention des crises actuelles au Darfour, au Kenya et au Tchad ? En tous les cas, l’incendie est déjà allumé et nous attendons que les illustres pompiers, Denis Sassou N’Guesso et Mouammar Kadhafi, mandatés par le sommet pour jouer les médiateurs, nous révèlent ce dont ils sont capables.

Bernard Zangré

L’Observateur

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