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Union africaine : Un "Chinois" à la présidence

Publié le lundi 4 février 2008 à 12h56min

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C’est l’une des principales décisions de la dixième session ordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement, qui s’est tenue du 31 janvier au 02 février 2008 à Addis-Abeba en Ethiopie. Un sommet qui s’est aussi et naturellement penché sur l’actualité brûlante du continent, notamment les violences postélectorales au Kenya et la situation au Tchad, où rebelles et forces loyalistes s’affrontent à l’arme lourde depuis vendredi à N’Djamena. Nous y étions avec la délégation burkinabè, conduite par le président Blaise Compaoré.

Ce mercredi 30 janvier 2008, on n’avait pas senti passer les 5 heures qui séparent Ouagadougou d’Addis-Abeba. Le rutilant avion présidentiel à la moquette beige et à la toiture ciel qui scintille de lumières étoilées la nuit venue avait en effet effectué un vol tranquille, mais voilà qu’à 10 minutes de sa destination, et alors qu’il amorçait sa descente sur la capitale éthiopienne, il entrait dans une zone de turbulences, brève mais intense. Comme pour présager des discussions qui s’annonçaient à ce dixième sommet ordinaire de l’Union africaine (U.A.).

Il est vrai que, comme c’est souvent le cas, les sujets qui fâchent ne manquent pas. Au nombre de ceux-ci, et à différents degrés, les velléités réitérées du Soudanais Omar El Béchir d’assurer la présidence en exercice de l’Organisation panafricaine alors qu’il avait déjà été recalé pour cause de conflit au Darfour ; le fameux audit de l’institution, au chevet de laquelle s’étaient penchés une brochette de personnalités du continent expertes dans les questions de gouvernance et conduites par le Nigérian Adebayo Adedeji, ancien secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), et dont le rapport proposait de douloureuses mais indispensables réformes pour plus d’efficacité ; ainsi que le choix de celui ou de celle qui allait succéder au Malien Alpha Omar Konaré à la présidence de la Commission de l’U.A.

En guise d’apéro aux bagarres diplomatiques qui se profilaient à l’horizon, surtout sur ce sujet, Mouamnar Kadhafi décide de rencontrer le mercredi 30 janvier dans la soirée son petit monde de la CEN-SAD, la Communauté des Etats sahélo-sahariens, la dernière invention de son cru. Officiellement pour "harmoniser" leurs points de vue. On ne le sait que trop, le colonel Kadhafi, nouveau chantre autoproclamé du panafricanisme, tient à ses Etats-Unis d’Afrique même si, de temps à autre, il chasse des Africains de chez lui. Kadhafi trouve d’ailleurs que le thème central du sommet, "Le développement industriel de l’Afrique", est inapproprié et veut changer l’ordre du jour de la rencontre.

Un Guide que personne ne suit

La réunion kadhafienne avec ses obligés de la CEN-SAD est prévue à 19 h 30 dans l’un des nombreux salons d’un hôtel de la place. Le président de l’Union des Comores, Ahmed Abdallah Sambi, est le premier à arriver au lieu de la convocation. La salle est vide. Il est suivi à 19 h 45 par Blaise Compaoré, contraint de deviser avec le premier venu devant un verre de thé. Les uns après les autres, les autres chefs d’Etat défilent et petit à petit, c’est un véritable "grain" on ne peut plus prestigieux qui se forme avec, en plus des deux premiers, Thomas Yayi Boni du Bénin, Faure Gnassingbé du Togo, Amadou Toumani Touré (ATT) du Mali, Lansana Kouyaté, le premier ministre guinéen, et Aïchatou Mindouaoudou, la ministre nigérienne des Affaires étrangères.

20 h 30, toujours pas de Guide, qui aime, comme chacun le sait, se faire désirer et qui se fiche de la ponctualité comme de sa première barboteuse. La ponctualité, dit-on, est la politesse des rois, manifestement pas celle des "Guides". On imagine l’agacement de ses pairs mais si ça se trouve ils doivent y être maintenant habitués. "Ils n’ont pas le choix ; comme la plupart sont des pays nécessiteux et lui sont redevables, il faut bien qu’ils supportent ses caprices", ose un diplomate d’un des pays concernés.

A 20 h 35 enfin, le leader de la Grande Jamahirya arabe libyenne populaire et socialiste daigne enfin apparaître. Abdoulaye Wade, lui, a la bonne idée de s’emmener à 21 heures, évitant ainsi le poireau qu’ont dû subir ses homologues. Le conciliabule de la CEN-SAD se terminera après minuit sinon en queue de poisson, du moins sans résultat tangible, les autres n’ayant pas voulu suivre le Guide (c’est un comble) dans ses prétentions. "Quand tu parles à un ami et, comme il ne peut pas te dire ouvertement non, il se tait en baissant la tête, tu dois comprendre ", résume un diplomate burkinabè.

C’est qu’en fait d’harmonisation des vues, le colonel Kadhafi non seulement voulait retoquer l’ordre du jour, jugé "inadéquat", de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement mais aussi et surtout, proposer au pied levé la candidature d’Ali Triki, son "monsieur Afrique" à la tête de la Commission de l’U.A. On sait finalement qu’il n’en a rien été, les Libyens ayant remisé au placard leurs ambitions non sans avoir fait circuler une méchante, discourtoise et même irrévérencieuse lettre.

Sortir du pacte colonial, de "l’Afrique marché"

Le lendemain 31 janvier 2008, à la CEA, c’est un Kadhafi tout de blanc vêtu avec, en vert sur son sein droit une carte de l’Afrique, qui fait son entrée dans la salle de conférences, dont il ressort une heure à peine après au moment où Amr Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe, s’apprêtait à intervenir. A part cela, ce fut un sommet plutôt tranquille au cours duquel on a vu un Konaré, plus magistral que jamais, tenir le crachoir 45 minutes durant sans lire son texte pour, tour à tour :

rendre hommage à d’illustres fils de l’Afrique à l’image de Nasser, de N’Krumah, de Lumumba, de Frantz Fanon ou d’Afro-Américains tels Martin Lutter King ;
s’inquiéter de la crise financière internationale, des changements climatiques, des conflits en Afrique, même s’il ne veut pas se laisser "noyer" par les foyers de tensions, cela, d’autant plus qu’à côté du Darfour, de la Somalie, du Kenya, du Tchad, d’Anjouan aux Comores, il y a des motifs d’espoir et une remontée de la pente en Sierra-Leone, au Liberia, au Burundi, au Sud-Kivu, en Côte d’Ivoire ;
plaider la cause de l’industrialisation de l’Afrique, car "il nous faut sortir du pacte colonial, de l’Afrique marché", de la simple exploitation de nos matières premières pour les transformer nous-mêmes et diversifier nos économies" ;

dénoncer "l’injustice historique qui est faite à l’Afrique, le seul continent à ne pas disposer d’un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU", ainsi que "les Programmes d’ajustement structurel (PAS), qui ont étouffé nos industries et qui n’ont pas créé de richesses" de sorte qu’il faut repenser toute la philosophie de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international ;

déplorer l’apparition de nombreuses mafias sur le continent autour de la drogue, des armes légères ou de l’immigration clandestine, etc. On a ainsi vu un Konaré (qui parlait comme un livre) tantôt plaintif tantôt vindicatif quand il n’est pas rêveur comme lorsqu’il évoque la création d’une Agence africaine de l’énergie atomique ou d’une agence spatiale africaine quand il ne prône pas l’adoption du ki-swahili comme langue africaine. "Nous devons faire en sorte que d’ici 2050, il y ait une langue parlée partout sur le continent. Cette langue existe déjà, c’est le swahili mais je ne demande pas de l’imposer", tranche-t-il. Et lorsqu’il a fini d’égrener les motifs d’espoir et les sources d’inquiétudes, il conclut, toujours optimiste : "Notre situation n’est pas une fatalité".

Plaidoyer pour un véritable Exécutif africain

Bon prince, il n’oublie pas au détour d’un paragraphe de prêcher la réforme de l’U.A., l’érection de sa commission en un véritable Exécutif continental dont le président sera doté des pouvoirs, des prérogatives, des structures et des moyens pour gérer au mieux notre maison commune. On n’en est pas encore là, mais son testament politique africain décliné, le professeur d’histoire a tiré sa révérence, laissant la place à Jean Ping, ministre d’Etat gabonais chargé des Affaires étrangères, de la Coopération et de la Francophonie, élu face à deux autres prétendants : Abdulaï Osman Conteh, ancien vice-président de Sierra-Leone actuellement juge en chef de Bélize (petit Etat d’Amérique centrale, ancienne Honduras britannique), et Inongé Mbikusito Lewanika, ambassadrice de Zambie aux Etats-Unis.

Il est 16 heures 30 ce vendredi 1er février 2008 quand l’information, qui se susurrait depuis quelque temps tant le prétendant était en pole position, commence à fuiter. Les coups de fils du nouveau président, les accolades qu’il reçoit et les hourra des membres de la délégation gabonaise viennent confirmer la nouvelle. Aussitôt, une meute de journalistes, fatigués de faire le pied de grue depuis la veille, assaille l’heureux élu et c’est pratiquement l’émeute quand les éléments du protocole et de la sécurité viennent l’enlever littéralement sous le crépitement des flashs pour l’introduire dans le saint des saints. A 66 ans, une autre vie commence pour celui qu’on surnomme le "Chinois" (il est né d’un père chinois et d’une mère gabonaise) et qui a battu ses concurrents avec 31 voix sur un total de 46 votants.

Propos de circonstance ou le pensent-ils vraiment, personne ne doute de la capacité et de l’expérience de cet homme, qui a présidé de septembre 2004 à septembre 2005 la 59e session de l’Assemblée générale des Nations unies. Ni Djibril Bassolet, le chef de la diplomatie burkinabè (l’impétrant a d’ailleurs remercié le Burkina pour son soutien décisif), ni le Guinéen Lansana Kouyaté, ni l’Ivoirien Amara Essy (qui occupa ce poste), que nous avons interrogés, ne se font du souci quant à la pertinence de ce choix. Pas même Ali Triki, qui a dû pourtant faire le deuil de ses ambitions et que nous avons accosté alors qu’il gravissait les marches du bâtiment peu après l’élection de Ping : "L’élection s’est bien passée, nous sommes très content. Nous avons félicité notre ami Jean Ping, nous lui souhaitons bonne chance et on va travailler avec lui", dit-il tout égrenant son chapelet, qui ne quitte jamais sa main.

Une question d’homme et de personnalité

Quant à savoir s’il en a l’étoffe, si, un peu à l’image d’un Thabo MBéki succédant à Nelson Mandela, Ping, nonobstant ses compétences, ne va pas chausser les bottes du géant Konaré, qui pouvait parler d’autant plus librement qu’il est ancien chef d’Etat (même si cela lui a aussi valu de solides inimitiés), les personnes que nous avons approchées sont d’un tout autre avis. Djibril Bassolet : "je pense que le fait de n’être pas un ancien chef d’Etat pourrait également être un avantage... mais au total je crois que tout cela est une question d’homme et de personnalité mais aussi une question d’orientation à donner par les chefs d’Etat, qui dirigent véritablement. Le président de la Commission en quelque sorte ne fait que mettre en œuvre leurs orientations". Mais pour Amara Essy, il faut qu’on aménage les structures pour qu’il puisse réussir, "car, quelles que soient vos compétences, si on n’a pas les structures adéquates on va au devant de problèmes".

Une chose est sûre : avec le départ de Konaré, c’est une page importante de l’histoire de l’U.A. qui se tourne et il faut espérer que le soldat Ping sera à la hauteur de l’immensité de la tâche qui l’attend. Mais si l’élection du Gabonais a constitué le point focal de la rencontre d’Addis, les dirigeants africains se sont aussi penchés sur les situations au Kenya et au Tchad. Tout en déplorant les violences interethniques nées de la présidentielle litigieuse du 27 décembre 2007, qui ont fait à ce jour près d’un millier de morts et environ 250 000 déplacés, les dirigeants africains ont appelé au sens de la responsabilité du président Mwai Kibaki et de l’opposant Raila Odinga ; ils ont aussi décidé de soutenir la médiation entreprise depuis quelques jours par le Ghanéen Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations unies, mandaté du reste par l’U.A. Annan a d’ailleurs obtenu vendredi la conclusion d’un accord entre les deux parties, qui devrait mettre fin aux violences même si, à Addis, certains, pour qui la reprise du scrutin est la seule solution qui vaille, ne cachaient pas leur pessimisme.

Pour ce qui est du Tchad, l’U.A. a lancé un message de fermeté sur la tentative de renversement par la rébellion du président Idriss Déby Itno, rappelant son "rejet de tout changement inconstitutionnel" et lançant un appel, dans le communiqué clôturant le sommet, à un "dialogue constructif entre les parties". Elle a du reste mandaté séance tenante le président congolais, Denis Sassou N’Guesso, et le colonel Mouammar Kadhafi pour "trouver une solution négociée à la crise actuelle". Commentaire d’un diplomate dans les couloirs de la CEA : "L’U.A. condamne pour le principe mais s’il y a un changement de régime, elle sera bien obligée de faire avec. Tout ce qu’elle pourra exiger, c’est une courte transition ponctuée par des élections transparentes. D’ailleurs où est cette U.A. quand ces démocratures foulent aux pieds les règles les plus élémentaires de la démocratie, violent les droits de l’homme et pillent les richesses nationales ?"

Ousséni Ilboudo


Le Sommet en... brèves

• Il y avait à Addis-Abeba, comme à tous les sommets de l’Union africaine, tout ce que l’Afrique compte de bons, de moins bons, de mauvais et de franchement détestables chefs d’Etat. Les parfaits démocrates étaient là, les vilains despotes aussi, les bons gestionnaires des deniers publics côtoyaient les prédateurs de leurs propres peuples. Certains dans tous les cas, et ils sont coutumiers du fait, ne se sont pas donné la peine de se déplacer. Ainsi du locataire du palais d’Etoudi, Paul Biya, du Tunisien Zine el Abidine Ben Ali ou de l’Egyptien Hosni Moubarak. Autres absences remarquées : celles de l’Ivoirien Laurent Gbagbo (représenté par son premier ministre, Guillaume Soro), du Nigérien Mamadou Tandja ou du Tchadien Idriss Déby Itno. Il faut dire que ce dernier avait des chats plus urgents à fouetter et vu la tournure des événements dans son pays, on comprend pourquoi il n’a pas pris le risque de faire le déplacement d’Addis, car il aurait pu, comme d’autres avant lui (Patassé, Ould Taya...), se voir fermer les portes du Tchad. Mwai Kibaki par contre était l’une des attractions de la rencontre, et sa présence a pu étonner plus d’un (on peut aussi comprendre qu’il soit venu défendre sa cause) au regard du chaos dans lequel a sombré le Kenya depuis la présidentielle contestée du 27 décembre 2007. Alpha Oumar Konaré, le désormais ancien président de la Commission de l’U.A., a même parlé d’épuration ethnique et de génocide. "Arrêtez ! Arrêtez ! Arrêtez !", a-t-il d’ailleurs martelé aux différents protagonistes du drame Kenya.

• Parmi les raisons invoquées par la Libye pour prétendre à la présidence de la Commission, le fait que, de l’OUA à l’U.A., la partie nord du continent n’a jamais occupé ce poste. Ce qui est vrai et même défendable à bien des égards. Seulement la manière utilisée, un mélange d’improvisation et de chantage, n’a pas plu, et c’est un euphémisme, à beaucoup. Sans oublier l’envergure de son candidat. Autre obstacle rédhibitoire : les Libyens ne sont pas connus pour leur réputation de sérieux et de rigueur.

• Le président tanzanien, Jakaya Mrisho Kikwete, est depuis jeudi dernier le nouveau président en exercice de l’Union africaine. Il remplace ainsi John Kufuor, dont les trois coups de marteau ont officiellement ouvert ce jour-là la dixième session ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement. Dans son discours d’ouverture, Kufuor a notamment remercié ses pairs pour la confiance qu’ils avaient placée en lui, considérant que la charge qu’il vient d’assumer est en quelque sorte le couronnement de sa vie politique, puisque son deuxième et dernier mandat à la tête du Ghana s’achève à la fin de cette année. Et le "gentle giant" comme on le surnomme du côté d’Accra de lâcher à l’endroit de ses homologues après avoir égrené le long chapelet des défis à relever : "Nous n’avons pas le droit de trahir nos peuples". Pourvu seulement qu’il soit entendu.

• Après Addis-Abeba, le prochain sommet de l’UA aura lieu courant juillet en Egypte, plus précisément dans la station balnéaire de Charmel-Cheikh. Ainsi en ont décidé les participants à la dixième session ordinaire, qui vient de se tenir.

• Les services de sécurité éthiopiens et des Nations unies (puisque le sommet se tenait à la CEA) auront été particulièrement intraitables avec, comme corollaires, les inévitables prises de bec avec aussi bien les journalistes que les membres des délégations étrangères, y compris la garde rapprochée des présidents. Une sécurité à cran, d’autant plus imperméable que, dans la plupart des cas, les éléments ne pigent que le patois local (l’amharic notamment).

Alors inutile de discuter avec. La délégation burkinabè aura d’ailleurs bu jusqu’à la lie la coupe de la phobie sécuritaire éthiopienne. Il était en effet entendu, avec Saidou Ouédraogo, le directeur de la Communications du président du Faso, que les journalistes qui accompagnaient son patron pourraient l’interviewer à l’aéroport peu avant le décollage pour Ouaga. C’était sans compter avec le cerbère qui gardait l’entrée du Salon d’honneur, interdit, selon lui, aux pisse-copies. L’intervention du directeur du protocole d’Etat, Léon Yougbaré, de l’aide de camp, le lieutenant-colonel Sawadogo Zitiba, n’y feront rien. Pas même celle de ses propres camarades éthiopiens. Tout ce beau monde a eu beau lui expliquer, le bougre, visiblement bouché à l’émeri, ne voulait rien entendre. Avec le sourire en plus.

• Un sommet, c’est aussi l’occasion de rencontres bilatérales tous azimuts. Le président du Faso a ainsi été reçu (ou a reçu) en audience différentes personnalités. Il s’agit notamment de ses homologues mauritaniens, Sidi Ould Abdalahi, soudanais, Omar el Béchir, congolais, Denis Sassou N’Guessou, du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, sans oublier le professeur Mohamed Séghir Babès, président du Conseil économique et social algérien et chef de la mission pour le Burkina du mécanisme d’auto-évaluation par les pairs (MAEP).

• Pour les journalistes, la couverture de rencontres comme la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’U.A. se réduit bien souvent à un interminable pied-de-grue. Une fois la cérémonie officielle d’ouverture terminée, ils deviennent en effet indésirables sauf quand l’un ou l’autre des participants, pour les besoins de sa communication politique, donnent une conférence de presse. Alors on s’occupe comme on peut, on grappille des bribes d’informations, qui filtrent à dose homéopathique.

Le reste du temps, on s’affale sur une chaise quand il y en à côté ou sur les marches ; on fait les 100 pas pour se dégourdir les jambes afin qu’elles ne soient pas ankylosées ; on boit une tasse de café ou de thé en avalant un en-cas ; on fait un brin de causette pour tromper l’ennui ; on fait un petit tour au press center, toujours surbooké... Et ça recommence...

• En juin dernier à Accra, un panel de haut niveau, présidé par le Nigérian Adebayo Adedeji, ancien secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), avait été mis en place pour auditer l’U.A. Les auditeurs, qui ont passé au peigne fin les structures de l’organisation panafricaine, ont remis leur rapport. Après avoir relevé les faiblesses qui minent l’U.A., les éminents experts africains des questions de gouvernance ont fait des recommandations pour rectifier ces insuffisances structurelles. On apprend ainsi, au titre des facteurs qui entravent l’action de l’U.A., qu’une bonne partie du personnel n’a pas les qualifications requises. Le rapport d’audit déplore aussi l’ordre du jour, très chargé, des chefs d’Etat pendant les sommets, ce qui expliquerait que la plupart des dossiers soient traités avec du retard et pas toujours au fond. L’équipe d’Adedeji suggère également de faire passer le mandat du président en exercice d’un à deux ans et de ramener le nombre de sommets de deux à un par an.

On parle en outre du renforcement du rôle du président de la Commission qui, selon le vœu d’Alpha Oumar Konaré, devrait avoir "le pouvoir, les prérogatives, les structures et les moyens nécessaires" pour accomplir sa mission. Il s’agit de faire de la Commission un véritable Exécutif continental et de doter son président de suffisamment d’autorité, d’indépendance, de coudées franches pour accomplir sa mission. Il est vrai que ce dernier apparaît quelquefois comme le garçon de course des présidents. De surcroît, il est à la tête d’une institution qui est véritablement gérée (pour ce qui est des finances, du personnel, etc.) par le vice-président et se retrouve, par exemple, ordonnateur d’un budget qu’il n’exécute pas, ce qui peut poser problème. "Si les propositions du panel sont bien exploitées, elles nous permettront d’avancer", commente le désormais ancien président de la Commission.

Rassemblées par O. I.

L’Observateur

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