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Tchad : Idriss Déby dans les tourments de la déstabilisation

Publié le lundi 4 février 2008 à 12h48min

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N’Djamena, la capitale tchadienne est aux mains de rebelles depuis le 2 février 2008 bien que la présidence soit toujours sous contrôle des forces loyalistes. "Tombera", "tombera pas", telles sont les questions que plus d’un se posent désormais, lorsqu’on évoque l’avenir du pouvoir Déby au Tchad.

Après le Libéria, la Sierra Léone, le Soudan et la Côte d’Ivoire, un autre pays africain a sombré dans une crise de violences qui oppose le régime en place à des rebelles dirigés par trois chefs de guerre. N’Djamena, la capitale, est tombée aux mains de ceux-ci le week-end du 3 février 2008. Mais le chef de l’Etat tchadien, Idriss Déby Itno contrôle le domaine présidentiel où il se serait retranché avec ses soldats. D’intenses tirs de chars des forces gouvernementales ont retenti dans la capitale, à proximité de la présidence.

Ils ont échangé des coups de feu avec les "assaillants" et demandé aux habitants de la zone d’évacuer les lieux. Selon des sources informées, des hélicoptères de l’armée régulière ont ouvert le feu sur une colonne de dizaines de pick up de l’alliance rebelle. Idriss Déby qui mène un combat (presque gagné par ses adversaires) puisque pris dans un étau de rebelles bien armés serait "en attente de renforts, notamment des soldats tchadiens de la Fomuc, la force multinationale de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC)".

Il espère alors réitérer son exploit du 13 avril 2006 lorsqu’il avait repoussé les rebelles aux portes de la capitale. C’est sans doute pourquoi il a refusé la proposition de la France de l’évacuer en France. Pourtant, ses chances de sortir victorieux de ce conflit sont très minces. En effet, il ne bénéficie pratiquement pas du soutien de son principal allié, la France, qui est plutôt préoccupée à protéger ses ressortissants, cela bien que Paris et N’Djamena soit liés par des accords de défense datant de 1986, et axés essentiellement sur l’intégrité territoriale du Tchad. Des frères du même pays étant en conflit, la France a annoncé : "Nous continuons à rester neutre dans ce combat". Et son premier diplomate, Bernard Kouchner d’ajouter, "Nous soutenons le pouvoir, nous soutenons la légalité". Par ailleurs, la Fomuc est silencieuse depuis la reprise des hostilités. Or le temps n’est plus favorable au président Déby, les rebelles s’approchent un peu plus chaque jour, chaque heure, chaque seconde de leur cible : "le chef de l’Etat".

Cela avec la "bénédiction" de leur voisin, le Soudan. M. Déby a toujours accusé ce dernier de soutenir la rébellion. Peut-être avec juste raison si l’on se réfère au fait que ce pays a des intérêts à le faire. Le principal est qu’il pourrait retarder l’arrivée de la force mixte ONU-Union africaine, lui qui s’est toujours opposé à l’envoi de forces onusiennes dans son pays.

Une responsabilité partagée

Idriss Déby veut-il mourir en martyr, dans la légitimité de son pouvoir d’Etat ? Même s’il y est arrivé par la force des armes et a échappé à plusieurs coups d’Etat, va-t-on le laisser mourir (au cas où il serait effectivement retranché à la présidence) ? Tout porte à croire que oui. L’Union africaine, (UA) relativement à ce conflit, semble avoir adopté la politique du fait accompli. Il a commis le président libyen Mouammar Khadafi de négocier un cessez-le-feu. Un des chefs rebelles aurait accepté la trêve à condition que ses deux autres alliés l’acceptent aussi.
Le président congolais Dénis Sassou N’Guesso a, à son tour, été mandaté pour trouver une solution à la crise. En attendant ladite solution, le Tchad est en train de brûler. L’ONU et l’Union africaine ont vivement condamné ce coup de force. Mais cela suffit-il à l’heure où l’UA envisage créer les Etats-Unis d’Afrique. ? Ce problème couplé à celui du Kenya révèle la nécessité pour l’UA de revoir sa capacité d’anticipation, de réaction et d’action, face aux crises. L’attaque des rebelles au Tchad bloque par ailleurs les mécanismes de résolution des conflits au Soudan, en l’occurrence au Darfour.

Le déploiement de la force européenne Eufor est mis en cause. Par conséquent, deux pays voisins sont en crise de violence. Idriss Déby qui était arrivé à la tête de l’Etat tchadien comme un sauveur, en chassant son prédécesseur, risque de finir de manière pire.

Séraphine SOME
serasome@yahoo.fr

Sidwaya

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