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Le MPS/PF pour la limitation de tous les mandats électifs

Publié le vendredi 1er février 2008 à 10h57min

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Le Mouvement du peuple pour le socialisme/Parti fédéral (MPS/PF) dirigé par le docteur Emile Paré, a donné jeudi 31 janvier 2008 à son siège à Ouagadougou, une conférence de presse. Cette rencontre avec les journalistes a eu trait à la situation nationale et à des propositions de réformes politiques pour une stabilité du processus démocratique au Burkina Faso.

Le docteur Pargui Emile Paré et ses camarades membres dirigeants du Mouvement du peuple pour le socialisme/Parti fédéral (MPS/PF) ont rencontré jeudi 31 janvier 2008, les hommes des médias pour échanger sur la situation nationale et formuler des propositions de réformes démocratiques pour une stabilité au Burkina Faso. D’emblée, avant le jeu des questions-réponses, Emile Paré, le président du parti, dans une déclaration liminaire, a soutenu que "le temps est venu pour le président Blaise Compaoré, d’opérer sa deuxième rectification : la rectification démocratique".

Selon Emile Paré et ses camarades, celle-ci s’impose du fait d’un certain nombre d’éléments comme la flambée des prix des produits de première nécessité que le gouvernement est "incapable" de juguler. Et si l’on ajoute à cette flambée des prix, le terrain social et économique délétère préexistant, marqué par "la corruption, la gabégie, l’affairisme, l’enrichissement illicite, le dernier classement du PNUD qui place le Burkina Faso 176/177 (rang que le pays occupe selon eux depuis dix ans), aux appels et prières incessants des religieux et autres pour la paix, il apparaît évident que le pays vit une crise socioéconomique et politique latente…", note le docteur Emile Paré.

Et celle-ci de conclure que le processus démocratique est en panne du fait du règne sans partage du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), en témoigne son score aux différents scrutins : 80,3% des voix à la présidentielle, 98% des maires suite aux législatives y compris les partis de la mouvance, 12 députés pour l’opposition sur 111 dont 2 élus au quotient électoral. Le MPS/PF estime que le président Blaise Compaoré doit avoir le courage de convoquer des assises nationales pour la refondation démocratique. Des assises qui doivent associer toutes les forces vives de la Nation et devant aboutir à un gouvernement d’union nationale pour mettre en œuvre ses conclusions.

Limitation de tous les mandats électifs

Le parti propose à cet effet, des pistes sur la nouvelle orientation que devra représenter le processus démocratique afin, non seulement de "conjurer la crise sociopolitique qui se profile à l’horizon", selon les responsables du parti, mais aussi instaurer un véritable Etat de droit démocratique. Dans ce sens, il propose la révision profonde de la constitution de manière à instaurer un véritable Etat de droit garantissant le plein exercice des libertés, une séparation et un équilibre des pouvoirs. Le MPS/PF estime que les "pouvoirs conférés au chef de l’Etat par la constitution font qu’il domine et écrase les autres pouvoirs au point que cela devient dans la pratique un pouvoir personnel". Le parti d’Emile Paré pense qu’il faut remplacer le régime actuel qui est "présidentialiste" par un régime semi-présidentiel, ou semi-parlementaire. Un tel régime permet, selon le parti, une séparation nette des pouvoirs. Dans un tel régime, le président nomme et démet le Premier ministre après avis du parlement. Il est doté d’un pouvoir de dissolution de l’Assemblée et celle-ci démet aussi le président après avis du Conseil constitutionnel composé de magistrats de grade exceptionnel, élus par le collège des magistrats.

Le Conseil constitutionnel élit son président parmi ses membres.
Le MPS/PF propose la limitation de tous les mandats électifs. Ainsi, le président de la République a un mandat de cinq ans renouvelable une fois, le député et le conseiller municipal, cinq ans renouvelable deux fois. Dans les propositions du MPS/PF, le code électoral doit être revu, afin de corriger les insuffisances et les incohérences qu’il renferme selon les responsables du parti.

La Commission électorale nationale indépendante (CENI) et ses démembrements doivent être également revus dans leur composition, dans la procédure de choix des membres, dans leurs rapports avec le gouvernement et les partis. De même, dans les circonscriptions électorales, la région devra être retenue pour l’élection du député, la province pour celle des conseillers régionaux et la commune pour les conseillers municipaux. Le nouveau code doit, à leurs sens, adopter le suffrage universel et direct à tous les niveaux d’élections sur le territoire de la circonscription ainsi qu’un seul mode de scrutin qui sera le proportionnel au plus fort reste. Le nombre de sièges devra être défini au prorata de la population. Le docteur Emile Paré et ses camarades restent convaincus qu’une relecture de la loi portant statut de l’opposition s’impose. Cela afin d’éliminer les insuffisances et les dispositions qui ouvrent la porte à des "interprétations erronées et malhonnêtes". Et cette relecture doit porter sur une définition claire d’un parti d’opposition, du chef de file de l’opposition et son statut. Le MPS/PF soutient que la loi sur le financement des partis politiques ne profitent qu’à deux partis. En effet, selon Emile Paré, en application de cette loi, seuls le CDP qui a obtenu 58,85% et l’ADF/RDA 10,7% aux législatives de 2007 peuvent bénéficier de ce financement public hors campagne. C’est pourquoi il estime qu’il est indispensable, de la réviser.

Il y a manifestement crise

Après cet exposé liminaire, Emile Paré et ses camarades ont répondu aux préoccupations des journalistes qui ont tourné, entre autres, autour du comment le parti compte faire pour que ses propositions de réformes soient acceptées, le financement public des partis qui favoriserait la floraison de ceux-ci, pourquoi une refondation démocratique alors
qu’apparemment il n’y a pas de crise, la chefferie coutumière et la politique.

Emile Paré affirme que les propositions de réformes faites par son parti seront diffusées par le canal des rapports que le parti a avec les autres formations. "Nous souhaitons également que l’exécutif dont le chef de l’Etat, prenne en compte ces propositions. Si nous proposons la convocation d’assises nationales, c’est justement dans le sens de la mise en œuvre de ces propositions…", a-t-il souligné. Sur l’absence apparente de crise, le "chat noir" du Nayala (sobriquet donné au docteur Paré), a laissé entendre qu’il y a manifestement crise. "Il y a des partis politiques qui ne savent pas ce que c’est qu’une crise.
Lorsque la population se plaint de la flambée des prix de première nécessité, lorsque le mouvement syndical gagne les secteurs de souveraineté comme les Affaires étrangères, la justice, l’armée, c’est que ça ne va pas…", a-t-il martelé. Il a poursuivi qu’elle n’est pas seulement économique.

"Nous avons dit d’ailleurs que cette crise est latente. Un parti politique doit pouvoir anticiper. Il ne faut pas attendre que ça explose…", a relevé le président du parti. Sur la chefferie et la politique, Emile Paré a eu une réponse un peu biaisée. "Nous n’avons pas encore discutée de cela mais nous sommes partant pour un statut clair des chefs coutumiers comme dans certains pays de la sous-région…", a-t-il dit.
Ce qu’il est convenu d’appeler "Affaire DG de la douane", évoquée par les journalistes, Emile Paré soutient à cet effet, que nul n’est au-dessus de la loi et que par conséquent, la justice doit faire son travail. "S’il est établi que le directeur général de la douane est trempé dans cette affaire, il doit être traduit en justice. Nous constatons d’ailleurs une collusion flagrante de l’exécutif et du judiciaire dans cette affaire qui n’est pas juste…", souligne-t-il.

Etienne NASSA

Sidwaya

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