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Emile Paré à Blaise Compaoré

Publié le vendredi 1er février 2008 à 10h56min

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Revoilà le chat noir du Nayala, Emile Paré. En compagnie de l’état-major de son parti, le MPS/PF (Mouvement pour le socialisme/Parti fédéral), il a dressé un bilan de l’état de la nation le 31 janvier dernier au siège du parti. Il est sans appel : le pays est en crise ou, du moins, celle-ci est latente, et des réformes s’imposent. Voici les prescriptions du docteur Paré, qui se dit ouvert au débat sur ses propositions.

"Le moment est venu pour Blaise Compaoré d’opérer sa deuxième rectification, la rectification démocratique." C’est en ces termes que le président du MPS/PF a donné le top de départ de la conférence de presse du 31 janvier. Le MPS/PF y va de son diagnostic : la hausse des prix des produits de première nécessité et l’incapacité du gouvernement à augmenter le pouvoir d’achat des Burkinabè. Ce constat met à nu toute la phraséologie du gouvernement sur la croissance et la lutte contre la pauvreté, selon Emile Paré.

Tertius Zongo, nouvellement installé à la Primature, en prend également pour son grade. Le MPS/PF estime que le gouvernement Tertius I "a montré son incapacité à appliquer une politique de rupture annoncée depuis six mois". A ce tableau, le MPS/PF estime que si l’on ajoute l’affairisme, l’enrichissement illicite ambiant, "il est évident que notre pays vit une crise socio-économique et politique. Au plan démocratique, le diagnostic est également sans appel. Les dernières élections ont confirmé, selon le parti de Emile Paré, le retour à la case départ avec un pouvoir concentré entre les mains du CDP et de ses partis satellites. Il dénonce au passage le classement des dossiers pendants en justice, l’offensive contre les libertés syndicales, le blocage de la mise en oeuvre du statut de l’opposition, la tentative de relecture de l’article 37 de la Constitution sur la limitation du mandat présidentiel...

Au bénéfice de ce constat, le mouvement que dirige Emile Paré propose au Président Compaoré de convoquer des assises nationales pour la réorientation du processus démocratique ou pour la relance, le recentrage ou la refondation démocratique. Ces assises, qui verront la participation des forces vives de la nation, devront conduire à un gouvernement d’union pour la mise en oeuvre des conclusions issues des assises. Le dessein du MPS/PF est "d’instaurer un véritable Etat de droit démocratique".

Les propositions pour sortir de la crise passent par un certain nombre de révisions des textes fondamentaux.

La révision de la Constitution afin d’instituer un régime semi-présidentiel qui limite les pouvoirs du chefs de l’Etat avec une nette séparation des pouvoirs. Le MPS/PF remet en cause les pouvoirs étendus du chef de l’Etat qui "écrase les autres pouvoirs et tend vers "un pouvoir personnel".

Le MPS/PF demande également la limitation de tous les mandats électifs. Le mandat du président du Faso, renouvelable une fois, celui du député deux fois et celui des conseillers régionaux et municipaux, deux fois.

Concernant le code électoral, le parti propose la révision de la CENI au niveau de sa composition, de la procédure de choix de ses membres et de ses rapports avec le gouvernement. Quant aux circonscriptions électorales, le parti de Paré les trouve actuellement inadaptées et propose la région pour l’élection des députés, la province pour les conseillers régionaux et la commune pour l’élection des conseillers municipaux. Le parti propose le scrutin proportionnel au plus fort reste et le suffrage universel et direct.

Concernant le statut de l’opposition, les propositions faites sont les suivantes : la définition claire d’un parti de l’opposition et celui du statut de chef de file de l’opposition, ses rapports avec les autres institutions…

Le financement des partis politiques n’a pas échappé au regard du docteur Paré et de son bureau politique. Pour lui, la loi reconnaît le droit au financement politique des partis légalement reconnus. La loi actuelle accorde le financement aux partis qui ont recueilli au moins 5% des suffrages lors de la dernière élection législative. Selon le MPS/PF, seul le CDP (parti au pouvoir) et l’ADF/RDA bénéficieront de ce financement jusqu’en 2012. La révision de cette loi permettra plus d’équité à partir de critères objectifs tels le nombre de députés, d’élus locaux, de conseillers…. L’Etat devra, selon le MPS/PF, préciser la base de détermination du montant du financement et réglementer le financement privé des partis politiques.

Le jeu de questions-réponses a permis aux membres du bureau politique de clarifier certaines de leurs propositions, notamment en ce qui concerne la limitation du nombre de mandats. Pour Emile Paré, la limitation est un moyen de préparer la relève et, surtout, l’alternance. Concernant le financement des partis, il trouve qu’il est nécessaire d’ouvrir le débat car la loi actuelle et les pratiques en cours font que seuls les partis gouvernementaux en bénéficient. Il dit cependant que la répartition peut être sujet à des débats, pas le principe d’un financement équitable. Sur la pléthore de partis actuellement, le président du MPS/PF est catégorique : "Il n’y a pas plus de 10 vrais partis politiques, tous les autres sont une création du pouvoir."

Sur la question de l’implication des chefs traditionnels en politique, le parti n’a pas de position officielle, mais le président Paré se dit partant pour un statut des chefs traditionnels qui réglera en même temps la question. Répondant à deux questions d’actualité, le président du MPS a dénoncé la collusion entre le judiciaire et le politique dans l’affaire du DG de la douane. Concernant le statut de chef de file de l’opposition, Emile Paré dit être d’accord avec Salif Diallo que l’ADF/ RDA ne l’est pas, "dans la mesure où elle ne s’oppose à rien".

Par Abdoulaye TAO

Le Pays

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