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Rang du Burkina dans le classement du PNUD : Toubé Clément Dakio invite à une réflexion sur l’avenir du pays

Publié le mercredi 30 janvier 2008 à 10h47min

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Le rang du Burkina dans le classement du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) est au centre de cette tribune du président du parti UDD, Toubé Clément Dakio. Dans celle-ci, il invite tout le monde à une réflexion fertile sur le devenir du Faso.

Les discours optimistes des dignitaires de la IV République lors des diverses manifestations de la ‘’renaissance démocratique’’ et le langage politiquement correct de certaines délégations étrangères venues aux dites manifestations avaient convaincu l’opinion que dans l’ensemble, tout va très bien au Burkina.

Malheureusement, le classement peu flatteur du Burkina selon l’Indice de développement humain par le PNUD contrarie quelque peu cette assurance.

Il ne s’agit pas dans le présent article d’une critique facile et stérile, mais il est plutôt question d’une invite à une réflexion fertile sur le devenir du Faso, car ce pays appartient à tous les Burkinabè.

Le Développement humain durable. De quoi s’agit-il ?

Il faut dire que les Objectifs de développement du millénaire pour le développement (OMD) adoptés par 189 pays au sommet du millénaire des Nations unies qui s’est tenu à New York en septembre 2000 visent à créer un monde plus équilibré et plus stable.

La communauté internationale a arrêté une série de huit objectifs mesurables pour combattre la pauvreté, la faim, la maladie, l’analphabétisme, la discrimination contre les femmes.

Les OMD sont axés sur l’objectif fondamental d’une réduction de moitié entre 1990 et 2015 du nombre d’êtres humains qui vivent avec moins de un dollar par jour. Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de réaliser une croissance soutenue qui, à son tour, entraînera une hausse soutenue du revenu par habitant.

Les OMD prennent en compte le fait que la pauvreté a de multiples dimensions. Faiblesse de revenu monétaire, mais aussi analphabétisme, mauvaise santé, inégalité des sexes, dégradation de l’environnement.

Beaucoup de pays n’assument pas leurs responsabilités

Les huit OMD sont retracés ci-après :

1) Réduire l’extrême pauvreté et la faim

2) Assurer l’éducation primaire pour tous

3) Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes

4) Réduire la mortalité infantile

5) Améliorer la santé maternelle

6) Combattre le VIH/Sida, le paludisme et d’autres maladies

7) Assurer un développement écologique viable

8) Mettre en place un partenariat mondial pour le développement.

Cinq des huit OMD concernent la santé et l’éducation ; cela montre l’importance du développement humain pour l’amélioration du niveau de vie de la population.

Pour accélérer les progrès du développement humain la croissance économique est évidemment indispensable, mais elle ne suffit pas.

Il faut, en outre, non seulement augmenter de façon substantielle les ressources extérieures disponibles, mais il faut en outre aussi utiliser de manière plus efficace toutes les ressources internes et externes.

Il ressort du Rapport sur le développement (2004) de la Banque mondiale que les résultats en matière de santé et d’éducation de base relèvent de la responsabilité de l’Etat car, premièrement, ces services révèlent de nombreux exemples de dysfonctionnement du marché et, deuxièmement, la santé de base et l’éducation de base sont considérées comme des droits humains fondamentaux.

La Déclaration universelle des droits de l’Homme stipule que toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour les soins médicaux…et a droit à l’éducation, qui doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l’enseignement élémentaire et fondamental.

Mais beaucoup de pays n’assument pas leurs responsabilités, en particulier à l’égard des couches défavorisées. ‘’En effet, avoir la possibilité de se soigner et avoir la possibilité de s’instruire - les deux moyens par excellence pour échapper à la pauvreté – restent des voeux pieux pour un grand nombre de personnes’’.

Les gouvernants et leurs administrés, pour s’acquitter de cette responsabilité, doivent faire en sorte que les services qui ont une incidence positive sur la santé et l’éducation (eau, assainissement, électricité, transports), soient réellement mis à la disposition des pauvres. Trop souvent ces services font défaut, que l’on considère les possibilités d’accès, la quantité ou la qualité.

Des observateurs avisés trouvent que la pauvreté extrême va en s’aggravant dans les pays subsahariens. Or le Burkina fait partie de ces pays. Il n’échappe donc pas à la paupérisation croissante.

Le Burkina est avant-dernier dans le classement des pays selon les indices

de développement durable par le PNUD

Il convient de rappeler que le Burkina compte dans sa population environ 46% de pauvres c’est-à-dire d’êtres humains vivant avec un revenu de moins de un dollar par jour, la grande majorité de cette population est analphabète. Le VIH/Sida et le paludisme sévissent durement au Faso.

La place du Burkina Faso dans le classement du PNUD permet de dire que l’Etat n’assume pas ses responsabilités en matière de santé et d’éducation, en particulier à l’égard des pauvres.

Ces responsabilités consistent à donner des conditions de vie décentes à chaque Burkinabè et à assurer à chaque Burkinabè l’enseignement primaire gratuit. En d’autres termes, il s’agit de centrer le développement sur l’épanouissement de chaque Burkinabè et de tous les Burkinabè.

Il est indiqué qu’au Burkina il faut appliquer des politiques sectorielles et renforcer les programmes de dépenses publiques pour que la croissance bénéficie davantage aux pauvres. Il est aussi probable que le Burkina Faso qui a d’énormes besoins relatifs aux OMD ait déjà une aide extérieure substantielle.

Le rang du Burkina dans le classement du PNUD signifie qu’il faut que le pays s’organise pour mieux faire puisqu’il est possible de mieux faire, beaucoup de pays ayant mieux fait que le Burkina.

Mais, si avoir la possibilité de se soigner et avoir la possibilité de s’instruire - les deux moyens par excellence pour échapper à la pauvreté demeuraient un voeu pieux pour la grande majorité des Burkinabè - il faudrait alors dire que la lutte contre la pauvreté, leitmotiv dans les discours officiels, demeurait un voeu pieux voire une imposture au Faso. Il faut souligner que le classement des pays par le PNUD sur la base des indices de développement humain attire l’attention de tout Etat des pays concernés qui oublierait d’assumer ses obligations en matière de santé et d’éducation à l’égard des pauvres.

Promouvoir une politique nationale qui sert les intérêts des pauvres et non une politique clientéliste.

Il est actuellement nécessaire que les services publics soient axés sur la satisfaction des besoins fondamentaux des pauvres si l’on veut atteindre l’objectif de réduction de la pauvreté. Une politique clientéliste au profit des non-pauvres conduirait à un échec de la lutte contre la pauvreté.

L’examen de la fourniture de services directement liés au développement humain, l’éducation, la santé, l’eau, l’assainissement, l’électricité, et les transports, permet de constater que pour diverses raisons ces services font défaut aux couches populaires défavorisées.

* Pour l’éducation et la santé, de nombreux obstacles empêchent les pauvres, notamment les populations rurales, de bénéficier de services scolaires ou sanitaires. Je cite comme exemple les implantations des écoles et des dispensaires. Ils restent encore très éloignés pour beaucoup de bénéficiaires potentiels en dépit de l’effort fait pour le rapprochement des centres de leurs utilisateurs.

Ces longues distances rendent difficile l’accès de ces centres aux bénéficiaires.

S’agissant de l’eau, il y a lieu de dire que l’eau courante ne concerne nullement les populations défavorisées des bidonvilles et des villages, et que l’hydraulique villageoise qu’affectionnent certains responsables politiques n’a pas répondu aux attentes.

En effet, par manque d’entretien, beaucoup de pompes hydrauliques sont grippées et abandonnées.

Les forages sont en nombre insuffisant et beaucoup de puits tarissent en saison sèche rendant très ardu le problème d’approvisionnement en eau potable aussi bien dans les villages que dans les bidonvilles. C’est ainsi qu’on peut voir, en saison sèche et dans les rares points d’eau, des files d’attente qui ne recueilliront que quelques bidons de 20 litres d’eau pour toute la journée.

* Concernant l’assainissement, je me rappelle que dans la Haute Volta coloniale, des agents de santé procédaient à l’assainissement en déversant dans les points d’eau et dans les repaires de moustiques des produits toxiques.

Aujourd’hui, cette forme d’assainissement n’est plus pratiquée et la population est ainsi abandonnée à elle-même pour utiliser Yotox sur Yotox, moustiquo sur moustiquo.

* Quant à l’électricité, de larges couches populaires défavorisées des bidonvilles ne la consomment pas. Les populations rurales ne la consomment pas. En milieu rural l’électricité n’est connue qu’à travers des groupes électrogènes lors de circonstances particulières. La consommation d’électricité n’est donc pas généralisée au Faso.

* Enfin, pour les transports il faut donner d’abord la priorité à la construction de routes provinciales et départementales praticables en toute saison, qui font actuellement cruellement défaut à la population rurale plutôt que la construction d’échangeurs. Construire actuellement des échangeurs au Burkina c’est faire une politique clientéliste de prestige au profit de la population urbaine non pauvre au détriment de la lutte contre la pauvreté.

Le Burkina Faso est partie prenante à l’accord international qui a permis en septembre 2000 de mettre en place huit OMD pour combattre la pauvreté dans le monde. Cinq de ces OMD concernent la santé et l’éducation, c’est-à-dire le développement humain. Comme la santé et l’éducation sont des moyens importants pour échapper à la pauvreté, c’est donc le progrès du développement humain qui conditionne le succès de la lutte contre la pauvreté.

Le classement des pays par le PNUD sur la base des indices de développement humain montre que l’Etat burkinabè, responsable de la santé et de l’éducation des citoyens, doit redoubler d’effort s’il veut être au-rendez-vous du millénaire en 2015.

Mais, comme il est difficile de changer de politique du jour au lendemain, et parce qu’il faut éradiquer la pauvreté du Faso, il s’imposera aux Burkinabè conscients, dévoués et déterminés, à l’ensemble des citoyens défavorisés des villes et des campagnes, de mieux se faire entendre par la voie des urnes. Ainsi, ils pourront davantage influer sur les gouvernants et contrer les détournements de services publics au profit des classes non pauvres pour cause de clientélisme politique.

Il sera alors initié des réformes tendant à mettre en place une politique économique et des institutions efficaces, à accroître les ressources financières internes et externes, et à faire régner la bonne gouvernance.

Il sera essentiel d’améliorer l’infrastructure pour atteindre les OMD, car une prestation fiable à un prix abordable de services d’infrastructure peut aider à réduire la pauvreté, en accélérant la croissance et en améliorant la fourniture des services aux pauvres.

Et la pauvreté éradiquée du Burkina et des autres pays de la sous-région, les populations seront comme un poisson dans l’eau, c’est-à-dire tout à fait heureuses.

Toubé Clément DAKIO

Président de l’UDD

Le Pays

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