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Procès Idrissa Malo Traoré contre l’Observateur Paalga et Lassina Traoré : Le délibéré prévu pour le 11 février 2008

Publié le mardi 29 janvier 2008 à 10h41min

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Le procès opposant l’ex-entraîneur des Etalons, Idrissa Malo Traoré dit "Saboteur" au quotidien l’Observateur Paalga et au vice-président de l’Union national des supporters des Etalons (UNSE), Lassina Traoré s’est déroulé le lundi 28 janvier 2008 au Tribunal de grande instance de Ouagadougou. Au terme des plaidoiries, les prévenus ont dit leurs "regrets" et le délibéré fixé au 11 février prochain.

C’est la tribune libre parue dans le quotidien l’Observateur Paalga n°7005 du mardi 6 novembre 2007 et intitulé "Lassina Traoré à Saboteur. Comme ton nom l’indique c’est la pagaille qui t’arrange" qui a valu au directeur de publication de cet organe, Edouard Ouédraogo de comparaître au tribunal avec l’auteur de l’écrit Lassina Traoré pour "diffamation et injures publiques". Edouard Ouédraogo était défendu par Me Mamadou Bambara ; Lassina Traoré par un avocat du cabinet Me Issouf Sawadogo et la partie civile Idrissa Malo Traoré par Me Prospère Farama. D’entré de jeu, Me Bambara a soulevé des exceptions de nullité pour non respect du délai de comparution et mention inexacte de la nature juridique de l’Observateur Paalga car sur la citation à comparaître, Edouard Ouédraogo a été désigné comme propriétaire alors que l’entreprise et une S.A.R.L.

Mais ces exceptions seront levées par les arguments de la partie civile selon lesquels les prévenus sont présents au tribunal et la nature juridique n’est pas mentionnée dans le journal. Invité à la barre par le tribunal présidé par Mme Safieta Kouanda ; Lassina Traoré a affirmé que Idrissa Malo Traoré a remunéré des "enfants" en 1996 lors du Match Burkina-Kenya pour "semer la pagaille" dans le stade contre la somme de 500F. De même, il dira qu’en 2007, lors du match Burkina-Mozambique, l’entraîneur Idrissa Malo Traoré aurait incité des supporters à huer les dirigeants de la Fédération. "Pourquoi aurait-il fait cela ?" a demandé le tribunal. "Son poste était menacé, donc il fallait qu’il sème la pagaille", a répondu le vice-président de l’UNSE. Il a également évoqué l’entrevue de Idrissa Malo Traoré avec des membres de la délégation togolaise lors du tournoi de football de l’UEMOA.

Selon lui, ce n’était pas le jour du match que l’ex-entraîneur devait rencontrer l’équipe adversaire du Burkina car "cela ne se fait pas". Le procureur relèvera que le Burkina Faso est un pays démocratique : "C’est interdit d’aller échanger avec quelqu’un, ou c’est vous qui devez décider des relations de Idrissa Malo Traoré ? Pourquoi vous avez le droit de loger dans le même hôtel que l’équipe du Togo et lui n’aurait pas le droit de les rencontrer ?" a interrogé le procureur. De plus, il a fait remarqué que "Saboteur" n’occupait plus à ce moment de responsabilités dans l’encadrement technique des Etalons. "Votre attitude de supporter ne vous donne pas le droit d’écrire n’importe quoi dans les journaux" a-t-il poursuivi.

Des affaires de Wack

Lassina Traoré dira par la suite que c’est autre chose qui fait qualifier l’équipe. "A Larlé, nous avons tué 5 bœufs en sacrifices pour que les Etalons remportent le match", a-t-il relevé. Par la suite, Idrissa Malo Traoré précisera que lors du match Burkina-Sénégal on lui a envoyé pour les Etalons, un bidon de wack, mais qu’ils n’y avaient pas touché, car ils jouaient avec la foi. "On n’a pas touché à son bidon, le colonel Jean-Baptiste Parkouda (à l’époque vice-président de la Fédération) peut en témoigner, mais on a gagné par 1 à 0", a-t-il ajouté.

Le directeur de publication de l’Observateur Paalga, Edouard Ouédraogo, appelé à la barre (il est resté débout pendant près d’une heure 30 minutes puis le tribunal l’a invité à s’asseoir) a demandé au tribunal de tenir compte du contexte de passion dans lequel les évènements se sont déroulés. "J’étais absent quant l’article a paru, mais cela n’élude pas ma responsabilité de directeur de publication. Nous n’avons jamais eu l’intention de nuire", a-t-il affirmé. Il dit avoir connu "Saboteur" en 1963 pendant qu’il était au commissariat central. Ensuite ce dernier a animé une rubrique dans son journal. L’entraîneur doit se mettre au-dessus de la mêlé et "il aurait pu faire usage de son droit de réponse comme nous lui avions proposé" a dit Edouard Ouédraogo, car souvent, "un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès".

Aux prévenus, le procureur leur a demandé s’ils regrettent : "Nous regrettons" ont-ils répondu. Pour Saboteur, c’est un "procès pour l’histoire", parce qu’il "a toujours servi sa partie, et le football burkinabè et on ne peut parler des grandes dates de ce football sans évoquer mon nom". Il ne reconnaît pas avoir mobilisé des enfants pour semer le désordre lors du match Burkina-Kenya, ni aucun des autres faits qui lui sont imputés.

Lassina Traoré n’a pas pu non plus fournir au tribunal la preuve de ses affirmations. Selon Me Prosper Farama, son client a refusé le "mauvais arrangement" car il y allait de son honneur et de sa réputation. Il a demandé au tribunal de condamner les prévenus à vers 1 franc symbolique "parce que nous sommes pour la liberté de presse". Drissa Malo Traoré et son avocat demandent également 500 000 F CFA au titre d’honoraires. Le procureur a requis 300 000 F CFA d’amende pour chacun des prévenus et trois mois de prison avec sursis à l’encontre de Lassina Traoré.

Au terme de près de trois heures de débats, le procès s’achève. La présidente du tribunal, Mme Kouanda demande a Idrissa Malo "Saboteur" s’il accepte le pardon de Lassina Traoré. "Je n’accepte pas son pardon, entre lui et moi, il n’y a pas de pardon", a-t-il martelé. "On prend acte, c’est votre droit", a repris la magistrate. Le délibéré du procès est prévu le 11 février 2008.

Bachirou NANA

Sidwaya

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