LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire : Engagement résolu des acteurs pour la paix

Publié le vendredi 25 janvier 2008 à 10h48min

PARTAGER :                          

Le gratin politique ivoirien s’est retrouvé à Ouagadougou, jeudi 24 janvier 2008, autour du président du Faso et facilitateur du dialogue interivoirien, Blaise Compaoré, pour parler de l’avenir du processus de paix entamé dans leur pays le 4 mars 2007 et lever les éventuels blocages à son aboutissement heureux.

La deuxième réunion du Cadre permanent de concertation (CPC) a donc connu la présence de tous les membres statutaires que sont Blaise Compaoré, facilitateur, Laurent Koudou Gbagbo, président de la Côte d’Ivoire, Guillaume Soro, Premier ministre ivoirien, Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara respectivement présidents du PDCI/RDA et du RDR. La mise en œuvre de l’Accord politique de Ouagadougou et de ses accords complémentaires était au menu des discussions, ce qui a entraîné un examen de la situation politique et sécuritaire du pays dix mois après la signature dudit Accord et deux mois après sa réévaluation par le biais des Accords complémentaires. L’occasion pour le CPC de "féliciter" le Premier ministre pour les "efforts déployés par le gouvernement en vue de la réalisation des opérations majeures prévues par l’Accord politique de Ouagadougou".

Dans ce sens, le choix de l’opérateur technique chargé des opérations d’identification et d’inscription sur la liste électorale, permettra le démarrage effectif desdites opérations. Des mesures ont été prises pour accélérer le processus électoral (lire communiqué de presse) et, le CPC s’étant "félicité du climat apaisé qui entoure le processus de sortie de crise", on peut penser qu’il en sera ainsi. Néanmoins, si l’on ne peut guère parler de griefs majeurs ou d’obstacles dirimants à la survenue de la paix ainsi que le laisse percevoir le communiqué de presse, certains acteurs devraient mettre du leur pour maintenir le cap de même qu’il apparaît qu’il va falloir "se hâter plus lentement" dans l’accomplissement de certains actes.

Sur le premier point, le communiqué de presse l’indique clairement, il faut assurer "un accès équitable des partis politiques aux médias d’Etat". Aussi, il indique que la presse nationale et internationale doit agir "dans un esprit constructif, notamment en s’abstenant de tout propos de nature à troubler la paix sociale et à compromettre l’organisation de l’élection présidentielle prévue au plus tard à la fin du premier semestre de l’année 2008".

Sur le second point, le démantèlement des milices à l’Ouest du pays pose problème, tout comme le désarmement et le cantonnement des éléments des forces armées des Forces nouvelles suscitent quelques interrogations. A ce niveau, tous les ex-combattants n’ont pas une claire perception de leur avenir, ce qui appelle des explications plus pointues des différents Accords.

De même, la sécurisation des opérations d’identification et du recensement électoral doit être parfaite d’autant que le nombre d’Ivoiriens putatifs, a toujours divisé les protagonistes. Le consensus devrait être vite trouvé, l’Accord de Ouagadougou étant bâti sur cet esprit et ne pouvant aboutir si les positions étaient figées. La grande chance du processus c’est qu’il en est ainsi et qu’il faut conforter et entretenir cet esprit de paix à travers des concertations du genre.

En tous les cas, lors de la présentation des vœux des corps constitués, le président Gbagbo a indiqué que "le pari de juin 2008 est réaliste". Car, "les Ivoiriens ont besoin de la démocratie pour mettre le pays à l’abri des dérives du tribalisme et relancer le développement sur des bases solides".

Pour lui, "l’enjeu de la paix c’est le développement". Les autres acteurs ayant marqué leur disponibilité pour la paix (lire par ailleurs le communiqué de presse), on ne peut que conclure que le peuple ivoirien marche d’un pas résolu vers la paix. A noter qu’avant la tenue du CPC, le président Gbagbo a rendu une visite de courtoisie au Mogho Naaba Baongo. Une visite qui "sonne" comme une repentance du peuple ivoirien pour toutes les exactions subies par les Burkinabè en Eburnie au cours de la dernière décennie.

Boubakar SY (magnansy@yahoo.fr)


Les impressions de quelques personnalités

A l’issue de leur deuxième réunion, quatre membres du CPC nous livrent leurs impressions sur l’évolution du processus de sortie de crise.

Blaise Compaoré, président du Faso : "Je voudrais pour la dernière conclusion, dire grand merci au président Gbagbo, au Premier ministre Soro, au président Bédié et au Premier ministre Ouattara, pour m’avoir renouvelé, une fois encore leur amitié, leur fraternité et surtout marqué leur disponibilité en apportant aujourd’hui un concours précieux à la facilitation. Le communiqué que nous venons de vous présenter insiste bien sur l’urgence d’aller vers des actions beaucoup plus perspicaces dans la mesure où nous sommes dans une phase très délicate pour notre processus, à savoir à la veille de l’organisation d’élections sereines, équitables et transparentes en Côte d’Ivoire.

J’ai beaucoup apprécié la contribution des membres du CPC et je voudrais réaffirmer ma disponibilité à être encore plus présent dans cette phase délicate afin que nous puissions couronner ces efforts par un succès pour le peuple de Côte d’Ivoire et pour l’ensemble de la sous-région. Comme cela a été noté, c’est un processus qui demande le concours de tous les acteurs politiques, de la presse, des communautés religieuses et coutumières, de la société civile, des forces de défense et de sécurité. Je voudrais également inviter tous ceux qui se sentent aujourd’hui concernés par ce processus à s’investir davantage afin que nous puissions faire aboutir l’Accord politique de Ouagadougou.

Je dois saluer ce que nous avons pu observer ces derniers mois malgré les difficultés de tout ordre. Je crois que les acteurs sont restés persévérants, parfois même imaginatifs, pour nous permettre de poursuivre la route vers la sortie de crise. Il reste encore du travail. Cela aussi a été noté. Je dois vous dire que les sentiments que nous retenons de notre entretien aujourd’hui, sont que les hommes politiques de la Côte d’Ivoire autour de moi sont pleinement engagés à réussir ce pari, à organiser sur la terre de Côte d’Ivoire, les élections les plus transparentes qui soient car il y va de l’intérêt, non seulement de la Côte d’Ivoire mais aussi de l’intérêt de notre sous-région. Et je voudrais une fois encore inviter les uns et les autres à s’associer à cet engagement qui doit être encore plus fort pour nous permettre effectivement de réussir pour tous".

Guillaume Soro, Premier ministre ivoirien : "Tous les leaders étaient là. J’ai pu noter l’ambiance conviviale qu’il y avait à la réunion. Et je pense que c’était important parce que tout part de là. On ne peut qu’obtenir de bons résultats si l’ambiance est bonne, si les leaders politiques ivoiriens sont d’accord pour se réunir à Ouagadougou et envisager ensemble des solutions".

Alassane D. Ouattara, président du RDR : "Nous tenons à remercier le président Blaise Compaoré, son gouvernement et le peuple burkinabè pour leur hospitalité.

Nous avons eu une excellente réunion. Et nous remercions encore le Président du Faso pour sa facilitation, pour le temps qu’il consacre au dossier ivoirien, l’élégance avec laquelle il a traité les principaux acteurs. Les discussions ont été menées avec beaucoup d’amitié, de courtoisie et de confiance. Dans l’ensemble, nous avons noté que des progrès ont été réalisés. Dans certains domaines, nous pensons que les choses vont lentement. Mais la volonté y est. A la rencontre d’aujourd’hui, nous avons essayé de dégager des procédures plus simples pour aller plus vite, pour accélérer les choses et faire en sorte de tenir le délai de juin pour l’élection présidentielle. Et nous pensons que c’est possible au regard des décisions qui ont été prises.

Notamment celles concernant les inscriptions sur les listes électorales, la réaffirmation des candidatures des principaux leaders signataires de l’Accord de Marcoursis, la publication d’ici à mi-février de la liste authentique de 2000 sur Internet et avec la possibilité pour les partis politiques de commencer à faire campagne. Tout ceci doit contribuer à faire en sorte que le processus effectivement, aboutisse à des élections libres et transparentes. Nous avons tous noté que la clé de ce processus est la transparence des élections et que tous les acteurs devaient s’y employer. Aussi, nous devons donner des instructions à nos représentants dans n’importe quelle institution qu’ils se trouvent afin qu’ils comprennent que nul ne devait tricher. Et nous voulons des élections transparentes, démocratiques pour la Côte d’Ivoire qui vont nous permettre d’aboutir à la paix. Et l’unanimité étant faite sur cette question, nous allons nous y employer".

Propos recueillis par
B. SY


Communiqué de presse

Deuxième réunion du Cadre permanent de concertation

A l’invitation de Son Excellence Monsieur Blaise Compaoré, président du Faso, Président en exercice de la conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et Facilitateur du Dialogue direct inter ivoirien, s’est tenue à Ouagadougou, le jeudi 24 janvier 2008, la deuxième réunion du cadre permanent de concertation (CPC) de l’Accord politique de Ouagadougou.
Y ont pris part, outre le Facilitateur, Son Excellence Monsieur Laurent Gbagbo, Président de la République de Côte d’Ivoire, Monsieur Guillaume Soro, Premier Ministre, Monsieur Rémi Konan Bédié, Président du PDCI-RDA et Monsieur Alassane Dramane Ouattara, Président du RDR.

Après l’examen et l’adoption de l’ordre du jour, le Premier Ministre a présenté aux membres du CPC un rapport sur l’état de la mise en œuvre de l’Accord politique de Ouagadougou et de ses accords complémentaires. Le CPC a félicité le Premier Ministre pour les efforts déployés par le gouvernement en vue de la réalisation des opérations majeures prévues par l’Accord politique de Ouagadougou. Il s’est, en particulier, réjoui du choix de l’opérateur technique chargé des opérations d’identification et d’inscription sur la liste électorale, ce qui pourra permettre le démarrage effectif des opérations d’identification et d’inscription sur la liste électorale.

Les membres du CPC ont convenu d’accorder désormais la priorité au processus électoral. Afin de garantir à la Côte d’Ivoire des élections ouvertes, libres, démocratiques et transparentes, susceptibles de consolider la paix et la réconciliation nationales, ils se sont accordés sur les points suivants :
1. S’agissant du processus électoral :
Les membres du CPC ont décidé d’accélérer le processus électoral, notamment par :
- le respect des dispositions des accords antérieurs relatives aux candidatures sans exclusive à l’élection présidentielle ;
- les facilités d’inscription sur les listes électorales des nouveaux majeurs et des Ivoiriens qui ont bénéficié des jugements supplétifs d’acte de naissance délivrés au cours des présentes audiences foraines en cours ;
- la réduction du délai légal de publication de la liste électorale ;
- la publication sur internet de la liste électorale ;
- la représentation de toutes les parties signataires de l’Accord de Linas Marcoussis dans les bureaux des structures déconcentrées de la CEI ;
2. S’agissant des mesures visant à consolider la paix et la réconciliation nationales

Le CPC a fortement recommandé un accès équitable des partis politiques aux médias d’Etat.
Il s’est félicité du climat apaisé qui entoure le processus de sortie de crise et exhorte tous les acteurs de la scène politique à le renforcer. Le CPC en appelle également à toutes les forces politiques ivoiriennes, ainsi qu’à la presse nationale et internationale pour qu’elles agissent dans un esprit constructif, notamment en s’abstenant de tout propos de nature à troubler la paix sociale et à compromettre l’organisation de l’élection présidentielle prévue au plus tard à la fin du premier semestre de l’année 2008.

Les membres du CPC réitèrent leurs remerciements à la Communauté internationale, particulièrement à l’Organisation des Nations Unies, pour sa disponibilité et son engagement aux côtés de la Côte d’Ivoire. Ils lancent un appel à tous les partenaires techniques et financiers de la Côte d’Ivoire pour apporter leur appui au processus de paix en cours.
Avant de clore leurs travaux, les membres du CPC ont rendu hommage au Président Blaise Compaoré pour son concours dans la recherche de solutions consensuelles aux problèmes de quotas d’intégration et des grades d’éléments des Forces Nouvelles.
Les membres du CPC se sont félicités du climat favorable qui a entouré les travaux de leur rencontre et ont convenu de tenir leur prochaine réunion au plus tard à la fin du mois de mars 2008.

Fait à Ouagadougou le 24 janvier 2008

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique