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Rebellion au Niger : Un drame banalisé

Publié le jeudi 24 janvier 2008 à 09h50min

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Le Mouvement nigérien pour la justice (MNJ) vient de franchir un pallier supérieur dans sa lutte contre le pouvoir de Mamadou Tandja. Après s’en être pris à des cibles militaires, les rebelles touaregs, visiblement très déterminés, ont jeté leur dévolu sur les symboles de l’Etat, particulièrement les préfets et les gouverneurs.

Le préfet de Tanout, localité située à l’Est du Niger, a été le premier à avoir fait les frais de cette nouvelle option des rebelles que le chef d’Etat nigérien continue de traiter de "bandits armés". Les "bandits" de Tandja, c’est une première, viennent d’opérer hors de leur fief traditionnel de la région du Nord, en s’aventurant à l’Est. Ce mode opératoire bien affiné prouve, si besoin était encore, qu’elle n’est pas un ramassis de voyous, mais bel et bien une entité organisée et dont les revendications sont surtout politiques.

Jusqu’à quand Tandja et son gouvernement se confineront-ils dans l’attitude de l’autruche qui s’obstine résolument à nier la réalité autour d’elle ?

Cette interrogation qui revient souvent dans nos colonnes, risque malheureusement de ne pas avoir de réponse positive du côté de Niamey. Les autorités nigériennes attendent-elles de voir des drames plus importants que celui de l’explosion d’une mine qui a tué le fondateur d’une radio privée ? Une fois de plus, un pays, à cause de l’entêtement de ses dirigeants, pourrait sombrer dans le chaos et ce sont les populations innocentes qui trinqueront. Ce ne serait d’ailleurs pas la première fois que Tandja, contrairement à un célèbre adage africain, refuse de vendre son mal afin d’y trouver remède.

On se rappelle, en effet, que Tandja dont le pays était alors frappé de plein fouet par une sévère famine, avait, par orgueil, refusé de reconnaître cette grande calamité. Pourquoi ne prend-il pas exemple sur le Mali qui, aujourd’hui, a su négocier avec ses rebelles touaregs ?

Plutôt que de prendre le problème à bras-le-corps, le Niger, lui, a opté pour la loi du silence, en témoigne l’incarcération de plusieurs journalistes qui n’ont eu, pour seul crime, que d’avoir tenté de donner la parole à la rébellion touarègue. Si telle est donc la volonté des autorités de Niamey de ne pas faire de bruit autour du drame nigérien, que peuvent alors faire les chefs d’Etat africains qui semblent avoir choisi de croiser les bras ? Du reste, on peut comprendre pourquoi le problème touareg n’a pas figuré au menu des discussions des deux derniers sommets de l’UEMOA et de la CEDEAO à Ouagadougou. Tandja qui a brillé par son absence a été tout juste félicité par ses pairs pour sa gestion convenable de cette crise "interne".

Sans doute les pays voisins du Niger voudraient-ils bien, comme l’aurait fait le Burkina, à une certaine époque, proposer leurs bons offices comme le recommande par ailleurs une sagesse africaine selon laquelle quand la case du voisin brûle, il faut vite voler à son secours.

Mais encore faut-il que le sinistré veuille bien qu’on l’aide à éteindre l’incendie.

On a envie de dire que, pour l’instant, au nom du sacro-saint principe de souveraineté de chaque Etat, les autres pays se gardent bien de s’ingérer dans cette affaire nigéro-nigérienne.

Dans cette affaire, la société civile et des politiques, même proches du pouvoir, dès le début de la crise, avaient pourtant demandé à Tandja d’écouter les revendications des rebelles. Mais le président Tandja, jusqu’à présent, n’a visiblement pas varié dans sa position. Non seulement il reste réfractaire aux revendication de la rébellion, mais en plus, il défend à tout journaliste de parler de la crise. Pierre Creissou et Thomas Daudois, deux journalistes français libérés sous caution et qui étaient accusés d’atteinte à la sûreté de l’Etat pour avoir fait un reportage sur la rébellion, en savent bien quelque chose.

Tout se passe au Niger comme si les autorités étaient très peu soucieuses de leur propre image et de celle du Niger. Il urge que Tandja prenne conscience de son erreur stratégique et convie le MNJ à la table des négociations. Un bon chef, c’est aussi celui qui sait écouter et qui sait anticiper.

Le Pays

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