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Liberté d’expression : Attention aux dérives sur les ondes !

Publié le jeudi 17 janvier 2008 à 10h15min

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L’auteur de l’écrit ci-dessous est mal à l’aise lorsqu’il entend certaines expressions qu’affectionnent pourtant bon nombre de Burkinabè, surtout les jeunes. Pour lui, il y a lieu de faire attention car certaines expressions sont "négativement chargées".

Certaines émissions de la télévision et de la radio de notre pays foisonnent d’expressions qui font tressaillir. Ces propos sont en effet si mal "chargés" que le profane douterait inévitablement du sens réel qu’ils véhiculent et cela à juste raison. Ainsi, des propos comme "ça va brûler grave" ; "on va mettre le feu" ; "ça va canarder" ; "on va chauffer" ; "ça va s’éclater" ; "on va bouger" ; "ça va barder" ; "on va secouer" ; "ça va sauter en pièces" ; "on va basculer" sont du genre à vous couper le souffle.

Faut-il que l’on emploie des termes aussi choquants et barbares pour dire qu’un cadre sera enchanteur ou qu’une cérémonie, une soirée dansante ou un spectacle sera attirant ? La réponse est sans doute négative.

Si ces agissements tiennent lieu de publicité, il faut avouer que c’est une publicité de mauvais goût. Nous pensons humblement qu’il y a là une raison suffisante pour que les fanatiques de cette "littérature du mal" corrigent leur langage, surtout que l’auditoire est immensément vaste et diversifié. Nul n’ignore dans notre chère patrie, et même très loin au-delà de nos frontières, cet adage qui nous enseigne que l’on ne récolte que ce que l’on a semé. Si vous semez du sorgho et vous voulez récolter du millet, vous vous attirerez de sérieux ennuis. De grâce, ne semons pas le vent car nous serons responsables de la tempête que nous allons récolter. Ne semons pas le feu car la récolte des cendres sera apocalyptique. Ne semons pas l’hostilité, même verbale, de crainte d’être l’objet de ses négatives et impitoyables retombées.

Nous n’avons aucunement la prétention de nous ériger en donneurs de leçons ; encore moins la présomption de faire la morale à quelqu’un. Nous n’avons pas non plus cette intention de vexer quelques individus appartenant à un cercle défini car tout le monde peut parler à la télévision (nationale ou privée) ou à la radio (nationale ou locale). Nous voulons simplement rappeler au public burkinabè que nous sommes africains et, en Afrique, ce qui sort de la bouche doit avoir un sens précis. Aussi, toute parole peut être positivement ou négativement "chargée" pour peu qu’on réfléchisse avant d’avancer un propos ou qu’on le profère gaillardement avant de se donner la peine de réfléchir. Quoi qu’il en soit, l’effet boomerang ne se fera pas beaucoup attendre. Pour preuve, des jeunes d’un village avaient une expression qu’ils aimaient à utiliser, une expression à la mode, une devise de jeunes hommes fiers d’eux-mêmes. Et ce fameux mot de passe était : "on va chier", juste pour dire qu’il leur faut travailler dur pour avoir assez d’argent afin d’entretenir leurs copines. Chaque fois que ces jeunes gens se rencontraient, les salutations se résumaient en une simple expression : "on va chier mal". Ironie du sort, on a vraiment chié dans ce village, surtout du côté de la jeunesse.

Une épidémie de choléra frappa tellement cette contrée que bon nombre de jeunes firent une diarrhée accompagnée de vomissements avant de trépasser.

Nous nous arrêterons sur ces lignes pour que quiconque se sentant morveux puisse avoir le temps de se moucher.

Yarbanga Amadé

Eleve instituteur principal

Ecole normale supérieure/Université de Koudougou

Le Pays

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