Nous prenons place à côté de l’équipe de la télévision nationale burkinabè avant d’être rejoint par de nombreux autres confrères. Une consœur de la presse présidentielle vient nous prier d’aller à la devanture du salon qui donne sur la piste d’atterrissage. Un signal de l’imminence de l’arrivée de l’hôte de marque ivoirien ?

Non, c’était pour que nous débarrassions le plancher au profit des autorités. Pendant que nous faisons le pied de grue, un cargo transportant le dernier convoi des pèlerins burkinabè fait son atterrissage. Cet avion sera suivi, une dizaine de minutes plus tard, d’un deuxième, un airbus A 300-600 de la compagnie libyenne Afriquiya qui, en voulant s’immobiliser devant le salon ministériel, a soulevé par le souffle de ses réacteurs le tapis rouge déroulé pour Gbagbo.

A bord, une centaine de passagers, apparemment tous des Libyens, qui ont été accueillis par le chef d’état-major particulier, le colonel Gilbert Diendéré. A ce qu’on dit, le président libyen, Kadhafi, est annoncé pour le sommet de la CEDEAO.

Les journalistes, pour tuer le temps, s’étaient retrouvés par petits groupes et devisaient sur des sujets divers. Aux environs de 16 heures et demie, les Ivoiriens du Burkina font leur apparition. Sur des pancartes qu’ils brandissaient, on pouvait lire : « Soutien à l’Accord politique de Ouaga », « Bienvenue au président Laurent Gbagbo », « Ne waongo monsieur le président (bienvenue en langue mooré) »,

« Les Amis de Laurent Gbagbo (ALG) »... Ces derniers, comme ils savent bien le faire, ont brisé la monotonie de l’attente, qui avait commencé à gagner le public, par des chants et danses de leur terroir.

C’est à 17 heures 50 enfin que le Gruman présidentiel ivoirien se pose sur le tarmac de l’aéroport de Ouagadougou. Laurent Gbagbo est accueilli par le président Blaise Compaoré, qui était accompagné par, entre autres personnalités, le président de la Commission de la CEDEAO, Soumaïla Cissé.

Salutation des couleurs du Burkina Faso et de la CEDEAO, exécution des hymnes, défilé devant les personnalités puis un geste de considération à la communauté ivoirienne venue à l’accueil. Les deux chefs d’Etat et leur suite s’engouffrent dans le salon d’honneur. La porte se referme après eux, laissant dehors le parterre de journalistes.

Elle s’ouvre quelque temps après, mais pour les cameramen et autres paparazzis. Quant aux preneurs de son et pisse-copie, la chasse aux informations n’a pas été fructueuse ; puisque Laurent Gbagbo, à qui ils tenaient à arracher un mot, n’a pas parlé. La nouvelle leur a été donnée par son conseiller en communication, Silver Nebout.

Qu’est-ce qui peut bien amener le chef de l’Etat ivoirien à devancer ses pairs de la CEDEAO et de l’UEMOA de quelque 48 heures, alors qu’il est à 45 minutes de vol de Ouagadougou ? Eh bien, on imagine que Blaise Compaoré et son homologue ivoirien passeront en revue l’Accord politique de Ouagadougou, qui a d’ailleurs fait l’objet ces derniers jours d’une évaluation.

Ce qui permettra au premier cité, en sa qualité de président en exercice de la CEDEAO, de rendre compte à ses pairs de la sous-région, qui lui avait mandaté de chercher des solutions de sortie à la crise ivoirienne. On pourrait également penser que les deux présidents ne manqueront pas d’aborder ensemble la question de la succession au poste de gouverneur de la BCEAO, sur laquelle s’est tenue hier une rencontre extraordinaire des ministres de l’UEMOA.

Hamidou Ouédraogo

L’Observateur