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Election à la Fédération burkinabè de football : A défaut du consensus, l’urne a parlé

Publié le lundi 14 janvier 2008 à 10h11min

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Zambendé Théodore Sawadogo, directeur général de la LONAB et président du conseil d’administration de l’EFO, a été élu président de la Fédération burkinabè de football, samedi 12 janvier 2008, au Centre technique national sis à Ouaga 2000. Il a battu son challenger, le lieutenant-colonel Yacouba Ouédraogo de l’USFA et président de l’OLAO par 85 voix contre 60 au cours d’une élection historique et riche en événements.

"La franchise, la tolérance, le travail bien fait seront les trois éléments essentiels de ma mission". Ce sont les premiers mots du nouveau président de la Fédération burkinabè de football (BF), Zambendé Théodore Sawadogo, élu le samedi 12 janvier 2007. "Je félicite M. Sawadogo pour sa victoire et lui souhaite bon vent. Je suis déçu parce que nous avons abattu un travail gigantesque qui n’a pas abouti", a déclaré, avec fair-play, le candidat malheureux Yacouba Ouédraogo. Ainsi, pour la 1ère fois de l’histoire du football burkinabè, l’urne a parlé pour départager des candidats à la présidence de la FBF. Le duel annoncé entre le lieutenant-colonel Yacouba Ouédraogo et Zambendé Théodore Sawadogo a donc eu lieu et a tenu ses promesses. Cette élection à la FBF s’est faite sous la supervision d’un membre de la CAF, Amadou Diakité et de la FIFA, Urs Kluser. "Les textes ont été respectés et les élections ont été transparentes", a apprécié M. Diakité. Son collègue de la FIFA, M. Kluser a eu la même appréciation tout en émettant le vœu que la nouvelle fédé travaille dans le sens du développement du football burkinabè.

Un électorat de 145 délégués représentant toutes les sensibilités du football burkinabè était concerné par cette élection. Elle fut riche en événements et en émotions. C’est à 9h 45 mn que les délégués des ligues, des districts et des clubs (D1, D2, football féminin) ont été invités à prendre pied dans la salle exiguë du Centre technique national pour le début des travaux. Dehors, par petits groupes, se poursuivaient les achats des voix. Le président du comité transitoire (Didier Ouédraogo), les représentants de la CAF et de la FIFA, le secrétaire général du ministère des Sports et des Loisirs (Sibiri Sanon) dans leur discours, ont tous abondé dans le même sens en appelant les uns et les autres au fair-play. Et pour une question de transparence dit-on, la presse est autorisée (pour la 1ère fois au cours d’une élection) à assister aux travaux. On a ensuite procédé aux vérifications des mandats et aussitôt intervint le premier couac.

Les délégués du Santos priés de quitter la salle

Secoué par une crise qui a entraîné la division du club, le Santos s’est présenté avec deux mandats différents. Au lieu de deux délégués comme l’autorise le règlement pour une équipe de D2, ils étaient quatre du Santos à vouloir prendre part au vote. Face à cette situation, le présidium, sur conseil des superviseurs, décide alors, séance tenante, de priver le Santos de vote. Lassina Sirima, l’un des quatre et membre du bureau du candidat, M. Ouédraogo se remet à la justice. "La justice fera son travail et dans les jours suivants, vous saurez qui doit diriger le Santos", dira t-il avec indignation. Pendant ce temps, le candidat, M. Sawadogo en dehors de la salle se prêtait à des discussions avec ses partisans. Vos impressions à quelques minutes des hostilités ? Lui avons-nous demandé. "Je n’ai pas de commentaire. C’est l’urne qui fera la différence. Et si nous perdons, nous apporterons notre soutien à l’équipe victorieuse", a-t-il répondu, l’air un peu tendu. Le candidat de l’USFA, M. Ouédraogo était, pour sa part, stoïque et serein assis au fond de la salle.

La réclamation du camp Zambendé

Après la lecture du procès verbal, Armand Béowindé du camp Zambendé pose une réclamation. Une réclamation muée en une demande de constat d’irrégularité sur les dossiers "dits" incomplets de leurs membres Yacouba Ouédraogo et Paulin Kara. Le camp Zambendé accuse le comité transitoire de s’être trompé sur l’interprétation du règlement et lui demande de reconnaître son erreur. C’est là qu’intervient l’avocat du comité, M. Harouna Sawadogo. Les débats sont houleux et le camp opposé joue à l’apaisement. "Allons aux élections et ne craignons pas la sanction des électeurs", lâche Sita Sangaré du camp Yacouba Ouédraogo. Les différents protagonistes accordent ainsi leurs violons et les choses sérieuses pouvaient commencer.

L’explosion de joie dans la salle

Il est 11h 57 mn lorsque le premier à accomplir son devoir (Boureima Sory Sy) de la ligue du Centre) lâche son bulletin dans l’urne. Un membre du bureau de séance à l’aide d’un tableau guide l’assemblée par le décompte. Un silence de mort règne dans la salle. Chacun garde son souffle. Les deux candidats sont au coude-à-coude.
La lutte est serrée. Aucun ne se détache véritablement de l’autre. La peur se lisait dans les visages. A la 73e voix du candidat Zamdendé, la salle s’explose. "La victoire est acquise". Dans ce brouhaha, le candidat Yacouba Ouédraogo sera l’un des premiers à aller féliciter par des accolades, le vainqueur Zemdendé qui l’a devancé de 25 voix (60 à 85). Les partisans de chaque camp crie à la trahison des électeurs. "Vu la mobilisation d’hier soir, je ne pouvais pas imaginer qu’ on allait perdre ces élections", déclare un membre du camp Zambendé.

"Nous avons eu chaud. Je m’attendais à une victoire écrasante mais je constate que nous avons été trahis", estime un membre influent de l’équipe Zambendé. Le candidat nouvellement élu a un mandat de 4 ans. Il aura sous sa coupe 15 membres venants des clubs de D1 tels l’EFO, l’ASFA-Y, l’USO, l’AS Sonabel, le RCK... de D2 (Neuf atletic club), d’une équipe féminine (Princesses). Il devrait travailler à sortir le football burkinabè de ses sentiers battus. Et comme l’a dit le président Zambendé Sawadogo, "chaque membre de mon bureau a un poste de combat". Que le combat commence pour le bonheur du football burkinabè.

Yves OUEDRAOGO

L’Observateur

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