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Jacques Diouf, DG de la FAO : « Aidez-vous et le ciel vous aidera »

Publié le lundi 14 janvier 2008 à 11h02min

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« Aidez-vous et le ciel vous aidera ». C’est en s’inspirant de cette maxime bien connue, que le Directeur général (DG) de la FAO, Jacques Diouf, en séjour au Burkina, a appelé les pays les moins avancés à un changement dans les pratiques agricoles : promouvoir l’agriculture de contre-saison en complément des cultures pluviales.

Cette visite intervenant dans un contexte mondial de déficit des stocks de denrées de base, Jacques Diouf a été amené à animer une conférence de presse sur l’évolution du marché international des produits agricoles marqué par une flambée des prix alimentaires. Pour la première fois, a-t-il dit, il a été constaté au cours de ces derniers mois des hausses de prix. Cela s’explique, selon lui, par une combinaison de facteurs conjoncturels et structurels.

Il s’agit notamment du niveau bas des stocks causé par une série de phénomènes qui traduisent le changement climatique. Au Burkina, a indiqué M. Diouf, cela s’est manifesté par un début tardif des pluies avec des inondations entraînant un déficit pluviométrique dans plusieurs zones du pays. Des régions, normalement exportatrices de produits agricoles comme l’Australie, l’Inde et le Bengladesh en Asie, l’Amérique latine…, n’ont pas été épargnées par ces catastrophes climatiques. Eh bien, tout cela a entraîné des destructions de récoltes et partant une diminution de l’offre mondiale de produits agricoles. A cela s’ajoute la demande des produits alimentaires devenue plus forte dans les pays émergents, notamment la Chine et l’Inde, mais aussi dans d’autres pays d’Asie et en Amérique latine.

Tous ces facteurs se situent dans l’activité normale jusque-là connue de l’agriculture, qui avait pour mission de satisfaire la demande alimentaire des humains, la demande d’aliments pour les animaux et bien d’autres besoins. A cela vient s’ajouter une demande internationale pour les bioénergies. Alors que jusque-là l’agriculture fournissait de l’énergie classique au niveau local sous forme de charbon, de biogaz, pour la première fois, elle doit répondre à une demande en carburant pour le fonctionnement des véhicules, mais aussi des industries.

Dans ce contexte, la solution préconisée par la FAO dans les pays les moins avancés importateurs est d’accroître leurs productions céréalières. Car au-delà des problèmes des prix, explique-t-il, il se posera même des risques de disponibilité alimentaire, en raison de l’impossibilité pour l’extérieur de satisfaire les demandes des pays les moins avancés. Déjà, au dire de M. Diouf, même en termes d’aide d’urgence la communauté internationale connaît des difficultés pour y répondre parce que le stock de surplus alimentaire des pays avancés est très bas. La possibilité d’utiliser l’aide alimentaire pour combler le déficit céréalier des pays les moins avancés devient donc de plus en plus compromise, les pays exportateurs ayant commencé à freiner leurs exportations, soit par des mesures restrictives ou quantitatives qui, naturellement concernent des parts de nos productions.

Au regard de ce qui précède, le DG de la FAO a invité les autorités burkinabè à encourager des programmes qui visent d’abord à rendre l’agriculture moins aléatoire et moins dépendante des conditions climatiques, notamment de la pluviométrie. Il a loué les efforts de notre pays qui a réussi son programme spécial de sécurité alimentaire. Le programme de la petite irrigation et les autres volets devraient, de l’avis de M. Diouf, contribuer à l’intensification et à la diversification des productions agro-sylvo-pastorales.

Il faut noter que le Directeur général de la FAO, avant la conférence de presse qui a clos son séjour au Burkina, a pu s’imprégner des efforts de notre pays pour une sécurité alimentaire, à travers une série de visites guidées de périmètres irrigués. En effet, les 11 et 12 janvier 2008, il s’est rendu sur les sites de Bissigha, dans la province du Passoré et de Boussouma, dans le Kadiogo. Dans la première localité citée, accompagné du ministre délégué chargé de l’Agriculture, Issaka Maïga, Jacques Diouf a discuté avec les bénéficiaires des projets, mais aussi avec les autorités politiques nationales et régionales.

Sur le site du périmètre irrigué de ce village relevant de la commune de La-Toden, il a échangé avec des femmes qui exploitent un périmètre de cultures maraîchères (oignons et choux). Ces dernières ont souhaité voir le doublement des superficies pour l’extension de leurs activités.

M. Diouf a, en outre, eu l’opportunité d’apprécier le travail des groupements féminins en matière d’aviculture. Il a suivi avec intérêt l’exposé d’un compte d’exploitation d’une femme qui a déjà obtenu des résultats impressionnants lui permettant d’assurer la scolarité de ses enfants, d’acquérir un métier à tisser et de pouvoir développer progressivement son activité après seulement deux ans d’opération. Ce qui est de son point de vue encourageant et montre que les populations rurales, lorsqu’elles disposent des moyens pour travailler, sont capables de se faire, à travers leurs activités, des revenus leur permettant de vivre dans des conditions décentes et de contribuer au développement national.

Le grand défi, de l’avis de M. Diouf, reste à s’assurer que cette expérience s’étende dans chaque village du Burkina Faso. Il a discuté avec les autorités régionales de la question des mécanismes à même de permettre aux producteurs, au-delà des microcrédits avec les caisses d’épargne, d’avoir des crédits à plus long terme pour les investissements (puits équipés de pompes à pédale, aménagement et protection des zones). Le DG de la FAO, avec les autorités nationales et locales, ont pris devant la population l’engagement de mettre en œuvre les mécanismes créés par le gouvernement pour faire face au besoin d’investissement. Le second site visité est celui de Boussouma, dans le département de Koubri.

Là, le DG de la FAO, Jacques Diouf, accompagné du ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture, Salif Diallo, a pu voir les efforts des populations rurales dans la lutte pour l’autosuffisance alimentaire. Il a pu échanger là aussi avec les populations travaillant sur des périmètres aménagés en amont et en aval d’un barrage dans le cadre de la petite irrigation. Maïs, oignon, chou, haricot vert, papaye, banane, manioc…, sont, entre autres, les péculations cultivées sur ces superficies de plusieurs dizaines d’hectares, exploitables en trois saisons par an.

En tout cas, à en croire les témoignages des bénéficiaires, des femmes comme des hommes, la culture de contre-saison se présente comme une alternative d’amélioration des revenus des paysans et de garantie de la sécurité alimentaire au Burkina. L’espoir est donc permis pour notre pays, surtout avec l’engagement du Directeur général de la FAO qui, satisfait des résultats produits par nos producteurs, s’est engagé à appuyer le Burkina pour la mise en œuvre d’un nouveau programme national de sécurité alimentaire, estimé provisoirement à environ 200 milliards de francs CFA.

Hamidou Ouédraogo

L’Observateur

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