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Le Burkina au Conseil de sécurité : La réhabilitation des Hommes intègres

Publié le vendredi 11 janvier 2008 à 11h28min

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Djibrill Bassolé

Depuis le 1er janvier 2008, le Burkina fait son "farot". A cette date, en effet, il a commencé à trôné au Conseil de sécurité des Nations unies comme membre non permanent. Tant la place est enviable, cette ‘’promotion’’ sonne comme une sorte de revanche pour les Burkinabè, singulièrement pour l’enfant terrible de Ziniaré.

En accédant à cette instance de décision, le Burkina se débarrasse de l’étiquette qui faisait de lui un troubleur de l’ordre établi ou un faiseur de rebelles. Accusé d’être la base légale, du moins le soutien moral de certaines rebellions qui ont mis leurs pays à feu et à sang, il avait même eu affaire au Conseil de sécurité de l’ONU qui enquêtait, au tout début de ce siècle, sur les rapports entre Blaise Compaoré et Charles Taylor. Le Faso a aussi eu maille à partir avec le Comité des droits de l’Homme de l’ONU au sujet du dossier Thomas Sankara ; en recevant l’injonction d’enquêter et de déterminer les circonstances de la mort du président du CNR. Échapper aux flots de sanctions qui accompagnent généralement ce type d’accusations est une réelle baraka. Le Blaiso peut se targuer, aujourd’hui, de l’avoir échappé belle.

Son élection avec le score honorable de 185 voix sur 190 votants prouve que le Burkina a mûri son affaire pour frapper un double coup : se rendre fréquentable et respectable. Il en va de même pour la Libye du colonel Kadhafi, elle aussi admise au sein de l’instance onusienne. Désormais, celui qui était considéré pratiquement comme le bras armé des terroristes sera autour de la table de décisions du Conseil de sécurité.

Le fait pour ces pays d’être dépourvus du droit de veto n’a pas joué sur leur joie d’être (enfin) acceptés par la communauté internationale. Les Nations unies ont largement ouvert les vannes du pardon, au point que les pays qui étaient jusque-là au banc des accusés sont venus en masse pour participer activement au fonctionnement du Conseil de sécurité. Certains analystes tentent cependant de minimiser cette ‘’promotion’’ en expliquant qu’il s’agit simplement de l’application d’un système de rotation. Les dirigeants des pays élus n’ont pas un mérite particulier.

A contrario, le plus dur reste maintenant à venir. Les autorités de ces nouveaux venus doivent se « défoncer » pour espérer tirer les avantages liés à cette place à l’ONU. Ils auront à montrer patte blanche sur certains dossiers, notamment ceux liés au respect des principes démocratiques et à la promotion des droits de l’Homme. Si, pour le premier point, le Burkina n’a pas trop de soucis à se faire, il reste que pour le respect des droits de l’Homme, le pouvoir est souvent interpellé sur des dossiers sensibles dont le plus en vue est celui du journaliste Norbert Zongo, mort dans des circonstances que les Burkinabè voudraient comprendre. Les seules belles paroles du pandore diplomate ne mettront pas le Faso à l’abri des questions qui fâchent.

En outre, le Burkina aura la singularité d’être, dans le groupe des quinze pays membres du Conseil de sécurité, le seul qui reconnaît Taiwan. Dans ce contexte, il a intérêt à savoir où poser le pied pour ne pas trop se frotter à la Chine populaire. C’est certainement parce que les autorités ont conscience que la tâche ne sera pas facile qu’elles ont entrepris le renforcement de l’équipe de la représentation de New York.

Adam Igor

Journal du jeudi

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