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Traite, colonisation, ... : "Les théories fumeuses" de Stephen Smith

Publié le vendredi 11 janvier 2008 à 11h16min

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"Les Noirs ne sont nullement responsables de la traite négrière." C’est la substance de la réflexion que mène ici cet enseignant, après avoir lu l’ouvrage de Stephen Smith, "Négrologie".

Je viens de terminer la lecture d’un ouvrage dont le titre est "Négro-logie ; l’Afrique Noire va mourir". Il a été écrit par un journaliste du nom de Stephen Smith qui se dit spécialiste des problèmes africains, correspondant en Afrique d’une Radio Internationale. Le contenu de l’ouvrage est édifiant à plusieurs titres. Il doit constituer une sorte de bréviaire pour les Européens qui ne connaissent l’Afrique qu’à travers les préjugés sur les Noirs reçus depuis des générations. Cet ouvrage confirme et renforce l’idée que beaucoup d’Européens se font du Noir, à savoir son incapacité à diriger même sa propre vie. Une telle idée justifie la traite négrière et la colonisation et du même coup déculpabilise les "civilisés" qui n’ont fait que leur devoir en allant "humaniser" ces pauvres Noirs. Ce journaliste décrit avec force détails les maux que vit l’Afrique Noire telles que la misère, la corruption, les guerres "tribales", "ethniques", "religieuses", etc. Tout cela est en grande partie réel. Mais là où il y a problème, ce sont les causes de ces maux multiples qui minent le continent noir. Pour ce monsieur, la cause principale est l’incapacité des Africains (en fait des Noirs demeurés de "grands enfants" comme le disaient les colons) à s’organiser pour diriger leur pays. L’illustration "parfaite" avancée est le cas du peuple juif qui aurait transformé le désert en un jardin d’Eden (ce qui laisse supposer que ces gens se sont retrouvés au désert chacun avec ses dix doigts) alors que les Noirs se trouvent sur un continent où la nature est très généreuse mais la famine y décime chaque année des populations entières.

Manque de curiosité dans la recherche

Il cite ensuite des auteurs noirs qui soutiendraient son point de vue et même un "éminent" journaliste noir américain qui manifeste de la reconnaissance envers le négrier qui a déporté son ancêtre aux Etats-Unis d’Amérique. Il me semble qu’avant d’arriver à une telle conclusion, Monsieur Stephen devait faire l’effort de chercher à savoir comment étaient organisés les peulpes noirs avant l’arrivée des Blancs (Arabes et Européens) sur le continent à moins qu’il ne soit un adepte de la thèse selon laquelle avant l’arrivée des Européens, les Noirs vivaient dans les arbres comme "leurs très très proches cousins les singes". S’il avait eu la curiosité de faire des recherches dans ce sens, ne serait-ce que pour renforcer ses convictions, il aurait été surpris d’apprendre que cette race aujourd’hui "rejetée" a eu ses temps de gloire et a joué un éminent rôle dans la construction de la civilisation universelle. Cheik Anta Diop qui a osé exhumer ce passé des peuples noirs a été combattu avec force par les Occidentaux. Aujourd’hui, ces derniers sont obligés de reconnaître, même si cela se fait de façon timide, le rôle joué par les Noirs dans l’Egypte pharaonique (conf. l’émission "Les Pharaons Noirs d’Egypte" diffusée sur la chaîne Planète , à partir des travaux de fouilles archéologiques réalisés par une équipe d’anthropologues suisses au Soudan). Les documents abondent à ce sujet de nos jours pour qui veut le savoir.

Le repère de M. Smith est la traite négrière. C’est dommage mais ça l’arrangeait bien car une étude comparative avant cette époque était trop risquée.

Pour ce journaliste, s’il y a eu traite des Noirs, c’est que des Noirs ont vendu des Noirs. C’est aussi simple que ça ! Avant de répondre à cette affirmation, rappelons juste quelques faits historiques : premièrement, pendant la deuxième guerre mondiale, le peuple français a vécu dans sa chair et dans son âme les humiliations que lui ont fait subir les Nazis en collaboration avec le gouvernement de Vichy et de nombreux "collabos" français de toutes les couches sociales. Tous les pays de l’Europe qui ont été occupés par les Nazis ont eu leurs "collabos", mais aussi leurs résistants. Deuxièmement, pendant cette même guerre, les Nazis ont contraint des Juifs rassemblés par eux dans des ghettos à constituer une sorte de police pour assurer "l’ordre" au sein des ghettos. C’est cette "police" juive qui organisait les convois que les Nazis expédiaient dans des camps de concentration. La "police" juive ne se doutait pas du sort que les Nazis réservaient à ces convois dont certains étaient composés de vieillards et d’enfants.

La logique de Stephen Smith

Revenons à la logique du journaliste Stephen Smith : il soutiendrait aujourd’hui que si, il y a eu occupation de la France par les Nazis, c’est que le gouvernement français et des Français ont collaboré ; ou encore s’il y a eu extermination de juifs par les Nazis, c’est que la "police" juive dans les ghettos a organisé les convois de leurs compatriotes à destination des camps de concentration. Autrement dit, on peut "comprendre" et même excuser les Nazis qui ont conçu et planifié la politique d’assujettissement des populations non "aryennes" et l’éradication du peuple juif de la terre parce qu’après tout, ce sont des juifs et des Français qui ont livré leurs compatriotes. De ce point de vue naturellement, pourquoi alors les Noirs s’acharneront-ils sur de pauvres et naïfs Européens qui ont eu juste la faiblesse de céder aux caprices de "roitelets" nègres aux penchants maladifs pour des objets de pacotilles même si ces Européens ont conçu des institutions politiques et religieuses visant à légitimer et à organiser la traite des Noirs ?

Les Noirs ne peuvent et ne doivent que s’en prendre à eux et seulement à eux. Pourquoi s’attarder inutilement sur des questions non sens du genre "Quel était le rapport de forces entre les négriers armés jusqu’aux dents d’armes à feu et les "roitelets" nègres dont les troupes ne disposaient que d’arcs et de flèches ?" ou encore : "Ces roitelets, quel choix avaient-ils devant les négriers ? Ce choix, ne se limitait–il pas à celui de se donner la mort pour ne pas assister à l’assujettissement de leur peuple ou collaborer pour "atténuer la douleur de leur peuple ?" (Dixit Maréchal Pétain)" ou organiser la résistance ? Des rois africains, n’ont-ils pas résisté aux négriers blancs ? On se plaît à chanter partout que des rois et chefs de tribus ont échangé leurs sujets contre de la pacotille. La traîtrise, la cupidité, la lâcheté et la félonie sont-elles des comportements spécifiques à la race noire ? Il vaut certainement mieux ne pas répondre à cette interrogation. La deuxième guerre mondiale est riche en enseignements. Au début de la colonisation de l’Afrique occidentale, le tout-puissant Empereur des Mossis, le Mogho Naba Wobgo, a compris très tôt la politique du colon blanc : dépouiller "leur protégé" de ses pouvoirs et le transformer en marionnette. Quand la colonne Voulet et Chanoine lui a lancé l’ultimatum de la "recevoir" il a dit "NON !". La colonne, armée de fusils et de canons terrifiants a alors lancé l’attaque contre le palais royal. Face à la nette supériorité de l’artillerie de l’ennemi, que pouvaient faire le fier Naba Wobgo et ses troupes ? Se suicider ? Se soumettre ? Organiser un repli tactique ? Le Naba a opté pour la troisième solution mais en fin de compte, le colon blanc, après de nombreuses tractations soldées par des échecs, a trouvé un autre prince pour prendre sa place sur le trône. Cette situation, si elle avait été vécue ailleurs (en Europe ou en Asie) aurait très probablement abouti au même résultat.

Qu’est-ce que l’histoire reprochera à ce "roitelet noir" ? le fait de n’avoir possédé une armée suffisamment puissante pour repousser l’envahisseur hors des frontières de son royaume ? Combien de "roitelets nègres" depuis le début de la traite négrière ont combattu les envahisseurs comme l’a fait Naba Wobgo et dont "notre" histoire fait très peu cas ? Les esclaves noirs ont développé des luttes féroces multiformes contre leurs "maîtres" dans les plantations. On en parle également peu dans les ouvrages. Quand on parle de la traite négrière ou de la période coloniale, l’image du Noir véhiculée est celle d’un être assez proche de l’espèce humaine, enclin naturellement à la soumission et qui ne distingue pas, comme on le dit chez nous, la main droite de la main gauche. Un tel être ne peut être abandonné à lui-même sinon, c’est la disparition assurée de l’espèce et aucun "humaniste" ne peut rester indifférent à ce drame.

La traite, une décision mûrie

La traite négrière n’est pas le fait d’aventuriers, mais une décision qui a été mûrie avant d’être prise par les plus hautes instances politiques et religieuses européennes. Les chefs de tribus africaines ont-ils participé à ces prises de décisions ? Est-ce que ce sont les "roitelets nègres" qui ont trafiqué des passages de la Bible pour justifier "la volonté divine de réduire le Noir à l’esclave" ? Est-ce que ce sont les "roitelets nègres" qui ont conçu le Code noir qui comporte soixante (60) articles aussi cyniques et barbares les uns que les autres et qui font du Noir une partie du bien matériel du Blanc ? Qu’est-ce que ces chefs de tribus y pouvaient face à la puissance militaire des Européens ? Des chefs et leurs sujets ont été militairement vaincus par des esclavagistes blancs et puis vendus. Il existe des ouvrages dans lesquels des négriers blancs relatent leurs hauts faits.

Justifier la traite négrière par le fait que l’esclavage se pratiquait en Afrique avant l’arrivée des Européens ou encore que les Arabes pratiquaient déjà l’esclavage est tout aussi aberrant et absurde que de soutenir que les Européens la pratiquaient parce que des nègres vendaient d’autres nègres. M. Smith et ses semblables oublient bien souvent que depuis déjà cette époque, les Européens se faisaient passer pour les grands civilisés, la race la plus éclairée de la planète. Ces idées ont été véhiculées jusqu’au début du 20° siècle comme le stipule cet extrait d’un manuel scolaire de 1918 "...les Nègres sont bien moins intelligents que les Chinois et surtout que les Blancs… Il faut bien savoir que les Blancs étant plus intelligents, plus travailleurs et plus courageux que les autres , ont envahi le monde entier et menacent de détruire ou de subjuguer les races inférieures… " Et voilà les illuminés de la terre en train d’imiter des "sauvages", des "barbares" ; et même de faire pire qu’eux. Les Blancs esclavagistes (toutes tendances religieuses confondues) qui se disaient civilisés et humanistes, pourquoi ont-ils accepté d’acheter leurs semblables et de les soumettre à des conditions déshumanisantes et dégradantes ? Comme le dit un vieil adage de chez nous, on n’achète pas de la chair humaine pour en faire un repas parce qu’on la vend ou parce qu’on la vend à un prix dérisoire. La personne qui l’achète doit accepter qu’elle est ""sorcière" (cannibale).

Voilà où nous conduit la logique de M. Steven : "comprendre" le concepteur et le metteur en oeuvre d’un projet ignoble et inhumain d’une part ; et charger lourdement celui qui a participé à sa mise en oeuvre par lâcheté et/ou intérêt d’autre part. Il faut que ces nostalgiques d’une époque à jamais révolue cessent cette spéculation honteuse et mesquine consistant à exploiter l’ignorance des populations pour transformer des victimes en bourreaux et les bourreaux en victimes. L’objectif de ces intellectuels de pacotille est de convaincre les Noirs qu’ils sont responsables de la traite négrière. Beaucoup d’intellectuels noirs sont tombés dans ce piège grossier et se culpabilisent au point d’éprouver un profond mépris pour le Noir. Combien de Noirs américains en veulent aujourd’hui à leurs frères Noirs africains au prétexte que ce sont les ancêtres de ces derniers qui ont vendu les leurs ?

Pillage en règle des ressources

Dans cette même logique implacable, le "talentueux" journaliste, avec un argument ""massue" à l’appui "démonte" la thèse selon laquelle "la richesse des métropoles coloniales serait due au pillage de leurs anciennes possessions…" (p.90) ; la preuve selon lui est que le Portugal demeure un pays pauvre bien qu’il ait colonisé l’Angola et le Mozambique et que l’Allemagne qui n’a pas eu de colonies (du moins elles ont été retirées) est un pays riche. Monsieur, cet argument montre-t-il que les métropoles n’ont pas pillé leurs possessions car c’est là le fond du problème ? Un voleur peut cambrioler une banque et s’en tirer avec un pactole. Si ce voleur se retrouve quelques mois plus tard sans un sou en poche, est-ce que cela voudra dire pour autant qu’il n’a pas cambriolé de banque ? Qu’est-ce que ces puissances sont venues chercher en Afrique noire au risque des vies de leurs ressortissants ? L’aventure ? Certainement pas ! Elles sont venues chercher des débouchés et surtout des matières premières. Elles les ont trouvées, elles les ont pillées et continuent de le faire. Et aujourd’hui, gare au pays soupçonné d’avoir un gisement de pétrole ou un sous-sol riche ! Il sera le théâtre d’affrontements "tribaux" ou "ethniques" et "religieux". Tout le monde a compris au moins les dessous de ces guerres si bien qu’au Burkina Faso, les populations disent que "nous sommes riches de notre pauvreté". En effet, tout le monde a compris que si par malheur on découvrait un important gisement de pétrole dans ce pays, ce serait la fin du "cousinage à plaisanterie" dont les populations se vantent tant et le début des guerres entre les "tribus". A propos toujours des nombreuses guerres "tribales" dont M. Smith fait mention, qui les finance et dans quels buts ? Pense-t-il qu’un pays africain peut soutenir un effort de guerre pendant même un mois avec son propre budget ?

Continuons ! A la même page, M. Smith évoque les "bienfaits de la colonisation" que l’Afrique Noire ne doit pas négliger. D’éminents Intellectuels Français ont répondu à ces inepties. Ce monsieur ne sait pas de quoi il parle. Sait-il que les populations africaines ont subi les pires humiliations sous la colonisation ? Sait-il que des pères de familles ont été déshabillés complètement et fouettés devant leurs enfants, leurs femmes et tout le village pour n’avoir pas été à mesure de payer l’impôt de capitation, ou pour n’avoir pas produit suffisamment de latex de lianes ? A un homme humilié au point de lui faire perdre complètement sa dignité, donnez tout ce que vous voudrez ; cela ne servira à rien.

Pour illustrer la boulimie des dirigeants "nègres" pour l’argent (ce qui est vrai et pas seulement pour les Noirs), il montre que les revenus de l’exploitation des gisements de pétrole dans les pays qui en ont, appartiennent aux chefs d’Etat de ces pays et à leurs familles. Je voudrais demander à ce monsieur Smith, qui exploite ces gisements ? Les contrats signés avec ces compagnies d’exploitation qui appartiennent aux pays occidentaux, sont –ils honnêtes et transparents ? Se rappelle-t-il les scandales liés à Elf Aquitaine ? Ce ne sont que des miettes que les chefs d’Etat dont il est question ramassent. Sait-il par exemple qu’à l’époque où était extrait de l’or dans un pays de l’Afrique de l’Ouest, une fois par semaine, un hélicoptère arrivait sur le site et embarquait les lingots d’or directement à l’aéroport de la capitale d’où ils sont expédiés en Europe sans que les autorités du pays ne sachent ni la quantité ni la teneur ? A la suite de changements survenus dans ce pays, quand les nouvelles autorités ont voulu fourrer le nez dans cette affaire, les ingénieurs ont coulé la mine et sont partis dans leur pays avec tous les plans d’étude.

Des dictateurs et sanguinaires soutenus par l’Occident

A propos des "dons" en espèces détournés par certains de nos dirigeants, où sont ils gardés ? Dans des banques européennes qui travaillent avec. Les dirigeants des pays occidentaux, l’ignorent-ils ? Sait-il, ce monsieur Smith, que certains de nos dirigeants africains financent des campagnes électorales de candidats en Europe avec une partie des sous détournés ? Il suffit juste de se demander pourquoi, en dépit de tous ces détournements crapuleux opérés par des dirigeants africains, de cette gabegie etc., des gouvernements de pays occidentaux continuent de financer des projets en faillite ou de compléter des budgets-gouffres de certains Etats africains, et même que certains se battent pour avoir ce privilège ? Quand M Stephen parle des chefs d’Etat dictateurs et sanguinaires qui massacrent leurs populations, il omet de dire qu’ils sont soutenus par les dirigeants de certains pays occidentaux qui les maintiennent tant qu’ils défendent les intérêts de ces pays. Combien de fois par exemple au Zaïre le maréchal Mobutu, reconnu notoirement comme étant le dictateur le plus cynique qu’ait connu l’Afrique noire, a été maintenu au pouvoir grâce aux interventions militaires d’un pays européen au vu et au su de tout le monde ? M. Stephen ignorait certainement ça, tout comme il ignore qu’il y a des pays occidentaux qui ont des troupes militaires toujours stationnées dans certains pays "indépendants" de l’Afrique Noire pour entre autres "protéger leurs ressortissants en cas de troubles" entre ces "sauvages". Ça, il trouve que c’est normal puisque les Noirs étant des irresponsables ("GRANDS ENFANTS"), les pays occidentaux doivent leur imposer leur assistance au péril des vies de leurs ressortissants même si chez eux il y a plein de SDF(Sans domicile Fixe). Quel humanisme !

Selon toujours M. Stephen, "l’exploitation de l’Afrique solidaire par L’Occident cupide est une caricature… En revanche, l’exploitation d’Africains par d’autres Africains est une réalité." (p.58). A la page 98, M. Stephen estime que cela relève du paranoïa pour certains Africains (comme moi et tant d’autres) que de penser que les échecs rencontrés par les états de l’Afrique noire dans la gestion de leurs pays sont dus à "une conspiration permanente d’un Occident bien connu pour sa "duplicité", son "cynisme" et "ses coups fourrés"…". Soit ce monsieur est naïf, soit il est d’un cynisme sans limite. Je suis porté à penser qu’il est cynique parce qu’à la page 94, il reconnaît que les pays africains qui ont acquis leur "indépendance" en 1960 ont subi une "décolonisation de pure forme" et que Edgar Faure, pour traduire cet état de fait, a utilisé la formule bien à propos de "Partir pour mieux rester". Est-ce que ce monsieur est conscient de toutes les implications de son constat à moins qu’il n’ignore le type de relations qui puisse exister entre une ancienne puissance coloniale et son ancienne colonie qui n’a subi qu’une "décolonisation de pure forme" ?. C’est clair, les pays colonisateurs n’ont jamais libéré leurs colonies qui demeurent leur chasse gardée (des néocolonies). Un pays de l’Afrique noire qui a osé avoir des prétentions d’indépendance a été torpillé des années durant pour faire l’exemple. Et de nos jours, les séquelles sont encore présentes. Ce monsieur, sait-il que pour détruire les bases naissantes de l’économie de ce pays, "ON" y a déversé des tonnes de billets de banque d’imitation parfaite de la monnaie nationale de ce pays fabriqués naturellement ailleurs ? La plupart des pays colonisateurs sont plus que présents en Afrique Noire comme le stipule la formule d’Edgar Faure grâce à des accords de coopération. Ils sont présents sans être visibles par le commun des mortels. Méconnaître cette réalité conduit inévitablement à des analyses erronées des drames et incohérences que vivent nos pays. Léopold Sedar Sengor (premier président du Sénégal) a stigmatisé cette situation en ces termes au cours d’une interview au journal Jeune Afrique le 7 janvier 1977 : "La dépendance de l’Afrique vis-à-vis de l’étranger est beaucoup plus grave que du temps du régime colonial". « Pendant la colonisation, les leaders des partis africains pouvaient mobiliser aisément les masses populaires pour lutter contre l’occupant parce qu’elles vivaient dans leur chair la domination des Blancs. Aujourd’hui, nous vivons la même oppression mais nous ne sommes pas capables de faire comprendre aux populations ce que nous vivons", a-t-il ajouté. Quand nous parlons de cette forme de domination dont souffrent nos pays, l’Européen ordinaire nous traite de paranoïa. Par contre, l’Européen averti rit sous cape et sait que nous ne nous en sortirons jamais tant que la situation demeure telle. Tous les efforts de nombreux pays occidentaux visent à empêcher l’Afrique noire de décoller sur les plans économique et politique afin d’en faire une éternelle réserve de matières premières. Ce n’est pas de la paranoïa, M. Smith. C’est une véritable tragicomédie à laquelle se livrent certains pays occidentaux : c’est comme si les gouvernements de ces pays occidentaux invitent et "encouragent" les pays de l’Africain Noire à participer à des compétitions de course à pied ; mais lorsque ces derniers leur tournent le dos pour prendre de l’élan, ils s’appliquent à leur faire des crocs- en-jambe ; et ils sont les premiers à se "lamenter" de l’incapacité de ces pays à démarrer en dépit de tous les soutiens et encouragements qu’ils leur apportent. Quel cynisme ! Quand on annonce de façon tapageuse de "l’aide" ou un prêt "sans intérêt" et que plus des 80% de ce soutien servent à payer surtout des "experts" et du matériel en provenance du pays donateur, on ne peut pas ne pas parler de duplicité et de cynisme, M. Smith.

Perpétuation du système

Le système éducatif colonial conçu par la Métropole a toujours visé à former une élite chargée de perpétuer le système. C’est ça le piège dans lequel nous nous trouvons car ce système est toujours et plus que jamais en vigueur. Quand les gouvernements des anciens pays colonisateurs se vantent d’avoir introduit l’instruction dite moderne dans leurs colonies, ils oublient toutes les implications de cette déclaration : Ils ont une lourde responsabilité dans l’échec de leurs "élèves" parce que tous ceux qui sont aux affaires sont des produits de leur système éducatif qu’ils ont institué. Aujourd’hui, ils récolent tranquillement ce qu’ils ont semé il y a plus d’un siècle.

Nous ne cherchons pas de boucs émissaires à nos échecs en Afrique Noire. Non ! Nous voulons juste dire à M. Smith et compagnie que les théories fumeuses du "Nègre responsable de la traite négrière" ne passeront plus d’une part, et que la duplicité et le cynisme de certains pays occidentaux vis-à-vis des pays de l’Afrique Noire ne sont pas une vue de l’esprit, d’autre part. Les intellectuels africains ont une très lourde responsabilité face à ce drame que vit le continent. Il appartient aux Intellectuels progressistes de dénoncer les plans machiavéliques des loups déguisés en agneaux. Que M. Smith ne s’inquiète pas pour l’Afrique Noire. Elle ne mourra pas. Elle survivra à cette crise comme elle a toujours su le faire des siècles durant, et un jour naîtront les Etats-Unis d’Afrique.

Bali NEBIE

Professeur certifié de SVT

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 12 janvier 2008 à 23:15, par alassane En réponse à : Traite, colonisation, ... : "Les théories fumeuses" de Stephen Smith

    en reponse a votre article, je puis vous assurer k votre analyse est tout a fait comprehensible jusqu’a un certain niveau.

    Evidemment ce ki est bon pur le loup nest pas forcement bon pour la brebie. A ce titre , on peut pas en vouloir a l’afrique parce kil ya eu l’esclavage e la colonisation. l’afrique ny etait pas du tout preparee mais certes sy pretait

    rappelons-nous ke l’occident a travers notamment l’eglise catholique a l’origine, a apporte la bible o africains non pas pour les rendre proches du Christ mais pour kils servent la supprematice blanche. Et cette approche sera tjs d’actualite, symtomatique et meme o centre des rapports entre l’occident et l’afrique .

    En ce ki nous concerne, keske on a fait d nos pays depuis kon a acquis nos independances respectives ? on sest eloigne d nos convictions, et on a manque d vision a long-terme pur l’afrique . notre leadership a echoue a plusieurs titres , a plusieurs reprises et ojourdhui on se demande pourkoi les otres ne nous respectent pas assez.

    on devrait arreter d reclamer plus d respect d la part des occidentauxs des lors que nous memes on respecte pas nos lois , nos institutions ? N’a t-on pas baffoue notre dignite sur le chemin d la facilite , d l’egoisme en s detournant des principes majeurs de developpement .

    Arretons-nous un peu sur ce ki se passe ch nous( darfour, RDC, tchad et l’affaire arche d zoe CI, Kenya.

    si on veut etre respecte , alors il faut agir differemment et la solution cest plutot de sengager resolument a relever l’afrique par des grandes actions et un leadership soutenus.

    j suis africain mais souvent l’afrique a travers sa classe dirigeante nest pas respectable.

    arretons d’avoir des excuses pour tout.

    alassane(californie)

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