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Nestor Bassière, président du FFS : "Que je sois président ou pas, mon souci est de voir naître l’UPS"

Publié le mercredi 9 janvier 2008 à 10h45min

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Nestor Bassière

Cette année 2008 devrait voir l’unité effective des partis réunis au sein de l’Union des partis sankaristes (UPS). Mais qui des différents chefs va diriger cette formation politique ? Déjà, au sein du Front des forces sociales (FFS), on a manqué de près la bagarre ouverte entre Norbert Michel Tiendrébéogo et Nestor Bassière , respectivement ancien et actuel présidents dudit parti. Dans cette interview, Nestor Bassière explique pourquoi il a retiré finalement sa candidature pour laisser l’autre représenter le parti à la présidence de l’union.

"Le Pays" : Vous êtes à la tête du FFS depuis maintenant une année, faites-nous un bilan du chemin déjà parcouru.

Nestor Bassière : :Permettez-moi, avant de commencer, de présenter mes voeux de nouvel an à la presse, elle qui a toujours été à mes côtés depuis mon élection à la tête du Front des forces sociales (FFS). Je lui dis merci et je lui présente mes voeux les meilleurs. En ce qui concerne le bilan que vous m’avez demandé, je pense qu’en tant que président du FFS, si je dois moi-même tirer mon propre bilan, je risque de me tromper. Néanmoins, il y a certains points sur lesquels je pense que je peux me prononcer. J’ai hérité du FFS lors du dernier congrès à Bobo-Dioulasso en septembre 2006, en remplacement de Norbert Michel Tiendrébéogo. Depuis lors, je me suis battu, tout en me disant que l’une des principales missions pour moi c’est de travailler à asseoir des bases réelles du parti sur le terrain. Après avoir pris fonction, j’ai conduit le FFS à la coordination de l’Union des partis sankaristes (UPS) qui est née tout juste le 13 janvier 2007. A l’issue des législatives, nous avons obtenu deux députés pour le compte de l’UPS, mais ces députés sont en fait issus du FFS, Norbert Michel Tiendrébéogo au niveau du Kadiogo et moi-même au niveau du Houet. Je crois que c’est un bilan largement positif. Il fallait le faire pour pouvoir rassembler l’ensemble des camarades, en vue d’une union des forces, toute chose ayant favorisé les résultats obtenus. Après les élections, nous avons continué à travailler au sein de la coordination et, aujourd’hui, là où nous sommes, je suis confiant qu’on pourra enfin réaliser l’unité tant attendue. Lorsque nous créions l’UPS, ce n’était pas pour aller aux élections, mais c’était plutôt pour aller à l’unité. Je crois que je me bats au sein de l’UPS, avec les camarades du FFS, afin que ce rêve puisse se réaliser, qu’on puisse quand même capitaliser l’engouement autour du 15 octobre 2007, à la commémoration du vingtième anniversaire de l’assassinat de Thomas Sankara. A cette commémoration, j’étais particulièrement très content, parce que tout simplement nous sommes allés ensemble, nous nous sommes assis sur une même table avec certains camarades avec qui, dans le temps, on ne pouvait pas imaginer un tel rassemblement. Mais nous l’avons fait et je crois que c’est le grand mouvement qui a uni. Nous avons vu des gens qui sont sortis et qui n’appartiennent pas à un parti sankariste, mais qui appartiennent à un mouvement, à savoir le sankarisme. A un certain moment, j’ai eu l’impression que ce mouvement se régénère seul. Ce mouvement doit continuer, même après nous.

A-t-il été facile pour vous de remplacer Norbert Tiendrébéogo à la tête du FFS ?

Norbert Michel Tiendrébéogo reste un camarade connu de tout le monde, qui a pu se battre, qui a un idéal qu’il a toujours défendu. Nous sommes les héritiers de Thomas Sankara. Mais est-ce pour autant que nous sommes égaux à Thomas Sankara ? La vision qui est la nôtre, c’est l’idéal que nous défendons, que nous incarnons. Norbert incarne cette valeur aujourd’hui. Faisant partie de l’équipe à la naissance du FFS, je crois que j’ai beaucoup appris. Je ne le remplace pas pour dire que c’est l’égal de Norbert qui est à la tête du FFS, mais un autre camarade sankariste qui a sa vision. Une vision qui reste la même, c’est-à-dire la vision du sankarisme et son rayonnement au niveau du Burkina Faso.

Est-ce vrai qu’il y a du rififi au sein du FFS ?

Lorsque vous avez un regroupement, il faut toujours quelqu’un à sa tête. C’est toujours comme ça. Et ce qui se passe aujourd’hui, je crois que c’est normal, parce que pour diriger, il y a toujours des tractations. Le pouvoir ne se donne pas, il s’acquiert. Les débats qui se mènent, que ce soit au sein du FFS ou d’un autre parti, sont légitimes. Cependant, je crois qu’il faut que, aujourd’hui, les leaders cessent de se dire que si ce n’est moi, ça ne peut être quelqu’un d’autre. Si nous laissons tomber cet orgueil personnel, je crois que nous pouvons réussir dans la vie, dans le mouvement sankariste notamment. Il faut travailler à amener tout le monde. Chacun a ses capacités. Le bureau politique national du FFS c’est réuni tout simplement pour examiner l’ensemble des textes de l’UPS, statut, règlement intérieur, programme, mode de désignation des délégués, ainsi que du président (ndlr, la rencontre a eu lieu le 3 janvier 2007). Au sortir de cette rencontre, je puis vous dire, en tout cas, que le FFS ne peut pas aller à l’encontre de l’UPS. Aujourd’hui, nous sommes convaincus que nous ne pouvons pas réussir à l’extérieur de l’UPS. Après le travail que nous avons fait sur le terrain, il nous sera difficile de retourner encore pour aller parler uniquement au nom de la CPS, du FFS, de la Convergence de l’Espoir, ou autre. Nous avons un devoir vis-à-vis de l’opinion. C’est nous les intellectuels qui savons que l’UPS n’est pas encore formalisée en tant qu’une entité unique, mais pour les militants cela est déjà chose faite. Il faut que nous travaillions dans ce sens. Au sein du FFS, l’intérêt général a prévalu et le BPN a pris la résolution d’aller à l’unité. Nous allons avec les autres partis formaliser l’UPS. Au sein de l’UPS, nous nous sommes dit qu’il serait très difficile d’élire le président au congrès constitutif. Nous nous sommes dit qu’il faut d’abord qu’on trouve, par consensus au sein de la coordination, les personnes précises qui puissent faire l’unanimité. Quant au président, nous avons décidé d’ouvrir la liste afin d’avoir assez de personnes parmi lesquelles sera déterminé un candidat.

Y a-t-il eu bagarre au sein du FFS à propos de la désignation du candidat du parti à la présidence de l’UPS ?

La situation n’a pas été facile au sein du FFS. Je le dis ouvertement, je suis déçu et content à la fois. Content parce que nous allons à l’unité. Mais je dois rappeler que je ne suis pas là à la recherche d’un poste. Que je sois président ou pas, mon souci c’est de voir naître l’UPS. L’essentiel pour moi c’est que le camarade qui sera candidat fasse l’unanimité de tous les autres camarades. Au sein du FFS, il est arrivé à un moment au cours de la réunion où nous nous sommes retrouvés avec deux candidatures, à savoir celle de Norbert Michel Tiendrébéogo et celle du président actuelle du parti qui n’est autre que ma propre personne. Nous allons à un mouvement où nous avons d’autres considérations et d’autres appréhensions et que c’est ensemble que nous pouvons décider. Quand Norbert m’a fait part de sa candidature, je ne l’ai pas reniée. Ma candidature se justifie par le fait qu’au sein de l’UPS, il y a une majorité qui se dit que l’ensemble des anciens camarades qui ont eu à diriger à un certain moment les différents partis sankaristes ont, à un moment donné, failli. Même si ce n’est dans le sens propre du terme, il faut reconnaître que la collaboration entre eux est devenu presqu’un problème d’individus. Il fallait donc quelqu’un de neutre qui puisse être au-devant et qui puisse faire l’unanimité des autres autour de lui. C’est pour pouvoir réussir l’unité que moi je me suis présenté en me disant que, parce qu’en dehors même du FFS, il y a une certaine unanimité qui se fait autour de moi, je pourrais me faire comprendre.Je ne me suis pas présenté, pas parce que je suis plus que Norbert, mais pour sauver le mouvement de l’unité. Nous nous sommes tiraillés, puis, je crois que la logique a prévalu. Moi, en fin de compte, je me suis dis que je ne pouvais pas travailler à la fois pour l’unité et la division, parce que s’il faut choisir entre Norbert et moi au sein d’un même parti, la division sera grande.

Mais, si Norbert Tiendrébéogo a voulu se présenter alors que vous, vous êtes encore président du parti, cela pourrait faire croire qu’il n’apprécie pas le travail de son poulain. N’est-ce pas votre avis ?

Comme je vous l’ai dit, je ne peux pas faire mon propre bilan. Mais les raisons pour lesquelles on m’accuse s’expliquent en fait par le fait que les gens refusent des fois des débats francs. J’ai toujours dit, à la réalité, depuis la naissance du mouvement jusqu’à nos jours, j’ai milité dans le groupe qui travaille pour le rapprochement des partis sankaristes, jusqu’à la naissance du FFS en 1996, et jusqu’à nos jours, je suis resté sur ma position. Ce ne sont pas les propositions qui ont manqué. Aujourd’hui, je me dis que peut-être on ne se connaît pas bien. Si j’étais quelqu’un qui gravitais autour des intérêts, je ne serais pas là présentement.

On vous accuse de quoi exactement ?

On m’accuse d’être proche de Me Sankara. Que je suis déjà parti avec un groupe à l’UNIR/MS. Cela a été dit et largement rapporté à l’ensemble de nos camarades. Je le dis franchement, Me Sankara n’est pas mon ennemi. Me Sankara est un camarade sankariste, nous constituons le même groupe parlementaire. Je ne vois donc pas pourquoi Me Sankara et moi, nous ne pouvons pas nous asseoir ensemble et discuter. Discuter ne veut pas dire que Me Sankara veut m’acheter. Nous devons dépasser cela. Si aujourd’hui Me Sankara doit être mon ennemi, cela veut dire que la grande famille ne naîtra pas. Si nous nous retrouvons, l’UNIR/MS et nous, dans un même grand parti, je crois que cela fera le bonheur de tout le peuple burkinabè. Je ne crois pas non plus que Me Sankara soit contre l’UPS. Si ce n’est le cas, c’est qu’il n’a pas une vision de rassemblement. D’ailleurs, je crois que l’UNIR/MS reste un parti sankariste. Ce serait mieux de le fréquenter que de fréquenter le CDP.

Mais pourquoi ces tractations au sein du FFS ? Est-ce que cela veut dire que c’est le FFS qui est promu à la présidence de l’UPS ?

Le FFS promu à la présidence de l’UPS c’est trop dire, parce que je pense que l’ensemble des camarades membres de l’UPS ont des capacités intellectuelles pour diriger l’union. Seulement, pour nous il s’agit de faire un consensus autour d’un candidat qui puisse dynamiser et faire le regroupement. Que ce candidat vienne du FFS ou d’un autre parti, peu importe. L’intérêt supérieur nous commande d’être unis et de faire l’union autour d’un même camarade. Notre objectif, c’est de rassembler la grande famille sankariste.

Le Pays

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