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Contentieux électoraux en Afrique : La rue faute d’institutions crédibles

Publié le lundi 7 janvier 2008 à 09h18min

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Très vite, la contagion a gagné d’autres villes et a malheureusement pris une tournure dramatique : une chasse à l’homme interethnique qui a fait des centaines de morts et des milliers de déplacés. Hormis le nombre de victimes et le glissement vers un conflit ethnique, le fait n’est pas nouveau surtout sur le continent africain.

Rarement élection n’a pas abouti à de chaudes empoignades entre les partis politiques en lice à propos des résultats. La veille du scrutin, les esprits sont d’ailleurs préparés pour rejeter le verdict des urnes en battant le macadam parfois de façon violente. Et ce ne sont pas des exemples qui manquent.

Pourtant, dans tous ces pays, existent des mécanismes constitutionnels pour résoudre les différends post-électoraux. Mais les hommes politiques se réfèrent rarement à ces voies pacifiques, convaincus que les structures qui doivent jouer le rôle d’arbitre sont des caisses de résonances du pouvoir. En effet, dans nos démocraties bananières, de nombreuses institutions sont mises en place pour se conformer aux exigences de l’Occident et des bailleurs de fonds qui sont regardants sur un certain nombre d’éléments.

Leur fonctionnement dans les règles de l’art piétine dans la mesure où leurs responsables sont proches du pouvoir ou en sont des militants inconditionnels. Dans ces conditions, difficile de demander à ces serviteurs du roi de faire leur travail en toute âme et conscience sous peine de subir les foudres de celui ou ceux à qui ils doivent leur place. Quand bien même ils seraient intègres, ils sont l’objet de pressions diverses et sont obligés de s’exécuter quitte à se dédire lorsque le vent change de direction comme on l’a vu avec le président de la commission électorale du Kenya, qui a soutenu avoir livré le verdict sous la contrainte. Les portes de sortie étant verrouillées, il ne reste qu’une seule issue pour les contestataires : la rue.

Pour mettre fin à ces violences post-électorales, il est indispensable de bâtir des institutions républicaines indépendantes et impartiales avec à leur tête des hommes tout aussi indépendants et impartiaux qui feront leur boulot. Cela évitera de recourir aux médiateurs sous-régionaux ou africains voire internationaux pour trouver des voies et moyens de sortie de crise au nombre desquels la formation d’un gouvernement d’union nationale tel que proposé par Mwaï Kibaki à son challenger. Il s’agit là d’une solution de facilité. Il est en effet trop facile de tricher pour se faire élire, de refuser de le reconnaître et d’entraîner le pays dans un cycle de violences pour enfin vouloir négocier en proposant un exécutif d’ouverture. Il faut jouer franc jeu et accepter de reconnaître sa défaite. Ça y va de la stabilité de nos Etats qui en ont sérieusement besoin pour amorcer un véritable décollage économique.

L’Observateur

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