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Retrospective : L’année 2007 vue sur le plan religieux par l’imam Tiégo Tiemtoré

Publié le lundi 31 décembre 2007 à 12h35min

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La fin de l’année donne généralement lieu à des bilans dans bien des domaines. Au niveau de la presse, il y a la rétrospective ou un retour sur des événements majeurs de l’année écoulée. Comme chaque année, nous sacrifions une fois de plus à la tradition. Pour ce faire, nous avons rencontré Tiégo Tiemtoré, imam des mosquées du Cercle d’études, de recherches et de formation islamiques (CERFI) et de l’Association des élèves et étudiants musulmans du Burkina (AEEMB). Il revient sur ce qui l’a marqué courant 2007 sur le plan religieux, tant au Burkina qu’au niveau international.

"Le Pays" : Quels sont les événements qui vous ont marqué sur le plan religieux au Burkina en 2007 ?

Imam Tiégo Tiemtoré : Au niveau national on peut noter, en premier lieu, l’opérationnalisation de la Fédération des associations islamiques du Burkina Faso (FAIB). L’année 2007 a vu la création des commissions techniques et le démarrage de certains travaux. C’est une avancée notable parce que cela marque la volonté des uns et des autres d’aller à l’unité. Il faut que l’on fasse des prières pour que le travail en commissions puisse s’effectuer convenablement et produire des résultats satisfaisants, à la hauteur des attentes de la communauté et, partant, du pays tout entier.

En deuxième lieu, il faut saluer à sa juste valeur la réouverture de la mosquée centrale du mouvement sunnite. Cette crise affectait autant les musulmans que les citoyens ordinaires parce que la fermeture d’un lieu de culte est toujours déplorable dans le domaine spirituel. Cette réouverture est un signe de réconciliation entre les différentes tendances et doit être saluée. Il faut interpeller les uns et les autres sur la symbiose demandée par l’Islam. Le Coran dit qu’il peut exister des divergences mais celles-ci ne doivent pas nous divertir, nous éloigner les uns des autres. Dans le Coran, Allah dit : "Si vous divergiez sur quelque chose, retournez aux valeurs qui fondent votre religion, c’est-à-dire le Coran et la tradition du prophète Mohamed (Saw), si vous croyez en Dieu et au jour dernier. Cela est bien la meilleure des options." Les dirigeants du mouvement sunnite sont revenus à de meilleurs sentiments et c’est une bonne chose pour l’islam burkinabè et pour le Burkina, en général.

Le troisième fait notable est le Hadj 2007 et ses péripéties. Il faut dénoncer avec la dernière énergie le cafouillage qui a eu lieu. Qu’est-ce qui explique que le Hadj, qui est une activité programmée annuellement et à des moments bien précis par les musulmans, souffre autant d’inorganisation ? Les musulmans du Burkina Faso sont-ils incapables de gérer leurs propres affaires ? Si c’est le cas, qui d’autre donc doit le faire à leur place ?

Le pèlerinage est le cinquième pilier de l’islam. On a fait du Hadj un enjeu financier alors qu’il est, avant tout, un voyage spirituel. Rappeler cette évidence est une manière d’insister sur sa dimension spirituelle. Sans elle, le Hadj serait un voyage touristique ou

d’affaires. Toute cette agitation autour du Hadj traduit le plus souvent, en réalité, d’autres ambitions qui n’ont rien à voir avec la foi. Inscrire les gens, les former, les transporter sur les lieux saints et les accompagner dans l’accomplissement des rites prescrits, est-ce véritablement un travail d’Hercule ? Il faut situer les responsabilités et interpeller l’Etat, bien qu’il soit laïc. Ce sont des citoyens burkinabè qui effectuent le Hadj, et l’Etat peut avoir son mot à dire. Je suis de ceux qui estiment que ce n’est pas la formule d’organisation du Hadj qui pose problème. Qu’il soit sous forme étatique, associative ou privée, la réussite du Hadj dépend des hommes qui l’animent. On est presque passé par toutes les formules : avec l’Etat, avec la communauté, de manière mixte. Il faut peut-être aller à une sorte de libéralisation comme dans d’autres pays, avec un cahier des charges qui n’ouvre pas la porte à n’importe quel aventurier. Il faut rediscuter donc l’organisation du Hadj, sinon les mêmes problèmes seront là chaque année. "Si tu crains Dieu, sache que tu le rencontreras, si tu ne crains pas Dieu, alors fais ce que tu veux", nous enseigne la sagesse.

Et au niveau international ?

Ce qui a retenu mon attention à ce niveau est la visite du Roi d’Arabie saoudite au Vatican. C’est un exemple de rapprochement des confessions religieuses. Il ne faut pas oublier qu’aux premiers temps de l’islam, les musulmans ont été protégés par le roi d’Ethiopie, alors qu’il n’était pas musulman. A Médine, le prophète Mahomet (saw) recevait dans sa mosquée des délégations judéo-chrétiennes et s’entretenait avec elles sur les voies d’amélioration des rapports inter-communautaires. Nulle part dans les textes religieux, il n’est écrit d’être belliqueux, hargneux ou contre tout le monde. Si des responsables de confessions religieuses se rencontrent, tant aux niveaux national qu’international, cela est un bon signe de fraternisation. Nous sommes tous des créatures de Dieu et nous avons tous le devoir d’oeuvrer à ce que la terre de Dieu soit véritablement une, c’est-à-dire qui soit le reflet d’un sens des finalités et d’un horizon de valeurs pour chaque fils d’Adam.

Quels sont vos voeux à l’orée du nouvel an ?

Je forme le voeu que le Burkina soit un pays stable, pacifique et prospère. Que le dialogue entre le gouvernement et les syndicats puisse être poursuivi pour qu’il y ait un minimum de stabilité sociale. Je voudrais inviter les Burkinabè au travail parce que c’est par le travail que l’on

développe un pays. Je me réjouis des ambitions du Premier ministre de nettoyer les écuries d’Augias, et souhaite qu’elles se traduisent sur le terrain par un peu plus de justice sociale et par une attention plus soutenue envers les couches défavorisées, en ce qui concerne surtout l’éducation et la santé. Le dernier voeu est pour l’humanité, et je souhaite qu’il y ait la paix partout.

Propos recueillis par Séni DABO

Le Pays

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