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Achille Tapsoba, député CDP : Un regard rétrospectif hautement positif

Publié le lundi 31 décembre 2007 à 12h51min

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Le député Achille Tapsoba apparaît depuis quelques années, comme la personnalité politique de la majorité dont le discours est le plus cohérent. Et pour faire le bilan de l’année 2007, nous lui avons donné la parole, pour qu’il observe à rebours l’année écoulée, sous le prisme de la majorité présidentielle.

"Je salue cet important travail qui est à l’initiative de votre journal et qui confirme ce qu’un philosophe disait : « Le journaliste est l’historien du présent et l’historien est le journaliste du passé ». S’agissant des grands événements qui ont marqué l’année 2007, je les évoquerai sans être exhaustif et pas de manière chronologique, mais par ordre d’intérêt. Parmi les événements politiques, je voudrais surtout citer ce qu’on a estimé être l’effort d’introspection, l’effort de remémoration de la conscience collective sur les 20 ans de parcours de notre pays pour implanter la démocratie. Cela montre que nous avons le souci de faire le point et c’est l’année 2007 qui a été choisie. Le point a été aussi fait sur les événements du 15 octobre 1987 qui ont été sanctionnés par la disparition de certains acteurs de la vie nationale et qui méritait d’être soulignée. Le second événement politique qui me semble de nature à être relevé reste la célébration du 11 décembre comme une manière de renouer avec la commémoration glorieuse de l’accession de notre pays à l’indépendance. Cette fête retrouve tout son éclat et tout son contenu civique national à partir de 2007, point de départ d’une communion nationale dans le cadre du 11 décembre. Sur le plan politique toujours, nous avons, grâce à l’action du président Blaise Compaoré, réussi à semer la graine de la paix non seulement dans les esprits et les coeurs, mais aussi dans les pays voisins. L’année 2007 a été une confirmation de ces efforts déployés par notre diplomatie et les acteurs nationaux de ces pays en faveur de la paix. Il s’agit essentiellement de la concrétisation du dialogue inter togolais par l’organisation réussie des élections législatives et du dénouement de la crise ivoirienne obtenu grâce à l’Accord de Ouagadougou. Cet accord a instauré une feuille de route pour la sortie de crise en Côte d’Ivoire qui, tout au long de l’année, semble avoir été respectée par les parties en présence, ce qui donne un espoir réel quant à la possibilité pour les frères ivoiriens d’en finir avec cette crise.

Toujours sur le plan politique, je dois noter qu’une rencontre d’envergure nationale a été organisée et tenue par le chef de l’Etat avec des représentants de la jeunesse. Ce fut un moment de communion entre le président du Faso et la jeunesse de notre pays en vue de promouvoir celle-ci, à travers ce qu’elle-même considère comme étant les voies et les moyens de sa promotion.

Au cours de l’année 2007, l’action parlementaire peut être inscrite aussi au rang des grands moments de la vie nationale. Les élections législatives de mai qui ont installé en juin la 4e législature de la 4e République ont redonné à cette institution un nouveau personnel politique pour conduire le travail parlementaire pendant les 5 années à venir. Ce travail parlementaire a déjà été marqué en 2007 par l’adoption de lois importantes. Il s’agit d’abord, de mon point de vue, de la loi d’orientation de l’éducation qui donne quitus au gouvernement de démarrer tout le programme de la réforme de l’éducation dans notre pays. Cette réforme est axée sur l’obligation de scolarisation des enfants en âge d’être scolarisés jusqu’à 16 ans et la gratuité des manuels scolaires et bientôt de l’enseignement de base. Elle doit permettre à l’Etat d’assumer son rôle régalien dans le domaine de l’éducation et au peuple burkinabè de marquer un pas décisif dans le sens d’améliorer ses performances en matière d’éducation, de formation et d’enseignement. Une autre loi importante à être votée, c’est la loi mettant en place l’Autorité supérieure de contrôle de l’Etat. L’une des faiblesses de notre système administratif est l’insuffisance de contrôle, ce qui permet à certaines pratiques de perdurer. Cette situation devrait être jugulée par la mise en cohérence et par la coordination de tous les instruments de contrôle qui existaient de façon disparate. Grâce à cette loi, les instruments de contrôle de l’Etat pourront être regroupés, remis en intelligence et opérationnalisés de manière à permettre à l’Administration de corriger ses insuffisances et ses contre-performances. L’Assemblée nationale a aussi élaboré une proposition de loi sur le quota des femmes aux postes électifs et nominatifs. Cette proposition de loi est toujours dans le circuit parlementaire et je pense que nous pourrons la finaliser en 2008. A ce niveau, il faut signaler les efforts déployés par l’Etat pour rapprocher les citoyens et les élus à travers des mécanismes de communication. L’un de ces mécanismes, concernant l’Assemblée nationale, est le Forum entre élus nationaux et élus locaux qui s’est tenu au cours de l’année 2007. Ce Forum a été soutenu par l’organisation des assises sur la coopération décentralisée entre la France et le Burkina. Ces assises ont tenu leurs promesses en donnant aux Burkinabè la possibilité de renforcer les mécanismes de la coopération décentralisée au profit du développement local. Nous devons reconnaître que la coopération décentralisée est un poumon pour le développement de notre pays.

A cheval entre le social et l’économique, il y a cette élection du Burkina au Millenium challenge account américain. C’est un vaste programme d’appui que le gouvernement des Etats-Unis a initié en faveur du Burkina après avoir reconnu les efforts notables réalisés par notre pays en matière de mobilisation interne de ressources pour assurer notre développement. Cette élection est un événement important dans la mesure où elle renforce le tissu économique de notre pays, soutient la production et le secteur productif et aura un impact sur les secteurs sociaux et la vie des Burkinabè.

Le Burkina a aussi connu des faits marquants tels que les grandes inflations imposées par la hausse du cours du pétrole. Le gouvernement a travaillé à redimensionner ces inflations pour soulager les populations. Un effort particulier fait par le gouvernement dans le sens de renforcer un tant soit peu le pouvoir d’achat des travailleurs, c’est l’augmentation des salaires entrée en vigueur dès cette année. Même si cette augmentation reste en- deçà des attentes des travailleurs, c’est déjà un pas qu’il faut apprécier et appeler de tous nos voeux d’autres pas similaires. Mais pour cela, il faut que tous les Burkinabè s’y mettent pour que les facteurs qui amènent à l’augmentation des salaires puissent être réunis.

En 2007, on a malheureusement déploré des affrontements entre groupes d’éleveurs et d’agriculteurs. Il faut cependant relever de plus en plus les capacités de réactions du gouvernement qui se mettent en place. Parmi les moyens de réaction, on peut citer la politique foncière qui doit déboucher sur une loi sur le régime foncier dans notre pays pour sécuriser le foncier national. Par ailleurs, pendant la saison pluvieuse, il y a eu des inondations. Au Burkina, la situation pluviométrique est marquée soit par une pénurie grave d’eau, soit par un excédent grave d’eau. Ce sont les extrêmes qui caractérisent la nature fantaisiste de nos conditions climatiques. Mais comme l’homme est chargé de résoudre les problèmes qui se posent à son existence, le gouvernement a su mettre en place des mécanismes de réaction rapide pour ce genre de catastrophes naturelles mais également mettre en place des infrastructures adéquates dans les grandes villes. La solidarité nationale s’est exprimée lors de ces inondations.

Voici quelques événements qui m’ont marqué au cours de l’année 2007. Bien sûr, j’en oublie, car il y a certainement eu d’autres temps forts de la vie nationale.

Sur le plan africain, la tenue de certains sommets ont permis au continent de se mettre en phase avec ses partenaires au développement. Il s’agit notamment du sommet Afrique-France tenu à Cannes en février et du sommet Union européenne-Afrique de décembre dernier. Ils ont traité, de façon différente certes, des rapports entre l’Afrique et la France, partenaire privilégié, d’une part, et de l’autre, avec l’Europe. Le sommet de Lisbonne a été bénéfique et augure d’un avenir beaucoup plus serein dans un environnement de plus en plus difficile. J’ai noté que ce sommet a été centré sur les accords de coopération qui puissent permettre aux pays africains de se mettre à niveau et d’affronter les défis que nous impose la mondialisation. Ce sommet peut servir de tremplin pour l’Afrique pour passer une transition assez importante pour nous sur le plan économique surtout. Parlant de cette transition, les APE constituent des enjeux extrêmement importants dans la mesure où la mondialisation nous engage désormais dans des rapports économiques fondés sur des normes planétaires. Cela nous impose d’évoluer vers une compétitivité qui permette à nos populations d’assurer leur survie à travers des échanges commerciaux avec des entités déjà fortement constituées.

Je note aussi le sommet de l’Union africaine à Accra, qui devait asseoir les bases d’un exécutif africain. Les débats ont eu lieu mais l’aboutissement n’a pas été à la hauteur des attentes. L’essentiel cependant pour les pays africains, c’est d’avoir engagé le débat, ce qui dénote de la volonté d’aller vers un ensemble cohérent. Gageons que d’ici quelques années, l’effort de 2007 sera couronné de succès. J’espère que les peuples feront suffisamment de pression sur les exécutifs nationaux pour la prise de dispositions devant permettre de dépasser nos cloisonnements, nos nationalismes caducs, afin de pouvoir tenir l’équilibre avec les grands ensembles qui existent sur les autres continents.

En termes de voeux pour la nouvelle année, je souhaite de tout coeur que pour l’année 2008, le Burkina puisse réussir un pari qui me semble fondamental pour l’avenir de notre pays : c’est le pari des grandes réformes que nous devons opérer sur le plan social et continuer sur le plan économique. Sans les acquis majeurs au plan économique, sans la progression de nos ressources et de nos richesses, il n’y a pas de paix à envisager. La paix ne se construit que lorsqu’ensemble, chacun bénéficie à sa manière et à sa place des fruits de la production. Cela est tellement fondamental que je formule le voeu que tous les Burkinabè puissent poursuivre leurs contributions au développement national mais en mettant en place ce que je peux appeler la chaîne de solidarité dans le travail. Les Burkinabè sont réputés pour être de grands travailleurs : souhaitons qu’en 2008, nous puissions mettre en oeuvre les grands chantiers de notre développement."

Propos recueillis par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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