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Entretien avec le PM : "Je suis resté sur ma faim"

Publié le vendredi 28 décembre 2007 à 13h37min

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L’entretien accordé par le Premier ministre le 7 décembre dernier a suscité la réaction de ce citoyen. Au-delà du discours, T. Dabilgou voudrait maintenant des actes.

Lors de l’entretien du Premier ministre avec la presse nationale et internationale dans la nuit du vendredi 7 décembre 2007, j’ai tenté en vain d’appeler au numéro de téléphone indiqué mais il était en permanence saturé. En tant que citoyen lambda, la seule possibilité qui me restait est la voie de presse pour évoquer mes quelques préoccupations.

D’abord, il faut saluer l’événement, car c’en est un et on souhaiterait que ce soit un rituel pour le bonheur des gouvernés.

Ensuite et surtout, j’ai admiré cette ouverture dont a fait montre le Premier ministre : sobriété du décor, aucun sujet tabou, un parler simple, en tout cas un Premier ministre « touchable » au point de se faire « malmener » par Yemboani Thiombiano qui ne s’en laissait pas compter.

Seulement voilà : à propos de certaines questions sensibles le Premier ministre n’est pas allé au fond quant aux réponses. Et à ce sujet, je me permets de dire que les préoccupations soulevées par les journalistes ne sont que le reflet des pensées et réflexions émanant des gens de la rue et des bidonvilles. Les journalistes (et je félicite sincèrement nos journalistes !) jouent leur rôle d’interface entre le public et nos gouvernants qui n’ont pas souvent leur temps pour descendre réellement "en bas" : c’est dire qu’au-delà du journaliste, l’interviewé devrait considérer les populations.

Par ailleurs, si le Premier ministre n’a fait tabou d’aucun sujet, j’ai quand même été déçu par exemple de sa dénégation sur le CHU de Yalgado considéré comme un mouroir (la qualification n’est pas d’aujourd’hui). C’est une triste réalité, Monsieur le Premier ministre. Que des efforts d’amélioration se fassent, d’accord. Mais j’estime qu’on peut faire davantage pour un centre hospitalier national dont parfois les équipements les plus sensibles restent en panne pendant des semaines, voire des mois, apparemment dans une certaine indifférence. Nous sommes persuadés que des sous peuvent être dégagés quelque part pour y faire face, car on peut en trouver dans bien d’autres circonstances qui ne sont pas dans le registre des priorités. Sur cette question les acteurs de la santé en diraient plus largement que moi.

En ce qui concerne la corruption, le Premier ministre parle de perception... Je suis resté sur ma faim, car je n’ai pas saisi grand-chose de son appréciation sur la question. Toutefois, même si on s’en tient à cette soit disante perception, des indices existent parfois qui devraient conduire à des déductions et à la mise à l’écart de certains responsables de leurs postes : routes ou écoles mal construites, ponts ou barrages défectueux, marchés publics complaisamment attribués, etc. La presse de tous bords (invente-t-elle toujours ?) en fait étalage chaque fois. Et on ne se lasse pas de nous faire tourner le même disque rayé : « Bonne gouvernance ! Bonne gouvernance ».

Non, autant le Premier ministre n’économise pas les mots dans ses diagnostics, autant il devrait appliquer sans complaisance ni calculs les remèdes qu’il faut aux maux de la malgouvernance. Par exemple, pourquoi ne voit-on jamais un ministre ou un D.G. démissionner suite à des scandales plus ou moins avérés dans sa sphère de compétence ? Ailleurs, des faits suspects sous sa responsabilité le feraient partir pour sauver son honneur et permettre éventuellement la clarification de la situation.

Pour me résumer, et à partir de ces quelques exemples, il ne faut donc pas que le Premier ministre, dans son langage de citoyen moyen, donne l’impression qu’il « brasse du vent » ou, pire, banalise certaines préoccupations fondamentales comme il nous a été donné déjà de constater en d’autres occasions. En tout cas, du courage, Monsieur le Premier ministre ! Il vous en faut car, comme vous, nous croyons quelque part que la providence vous a guidé là pour rompre tant soit peu avec l’immobilisme que connaît le Burkina à certains égards. Mais il vous faudra affronter, contourner et même briser des obstacles établis. C’est pourquoi une fois de plus je crie : courage à l’action, Monsieur le Premier Ministre !

Théodore DABILGOU Secteur 27

Le Pays

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