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Blaise Compaoré aux jeunes : "Plus rien ne sera comme avant"

Publié le lundi 24 décembre 2007 à 09h10min

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Blaise Compaoré face aux jeunes du Burkina. C’était le samedi 22 décembre 2000 au SIAO. Cette rencontre se tient dans le cadre de la 3e édition du Forum national de la jeunesse et a pour objectif de permettre aux participants de poser des questions au chef de l’Etat.

A l’occasion, quelques nouvelles mesures prises par le gouvernement pour assainir la gestion de la chose publique ont été annoncées par le premier ministre, Tertius Zongo, qui a martelé que plus rien ne sera comme avant.

8h 50 au site du SIAO à Ouagadougou. Le premier ministre, Tertius Zongo, et des membres du gouvernement devisent dans la cour au milieu d’un impressionnant dispositif sécuritaire et protocolaire. IIs y attendaient l’arrivée du président du Faso, Blaise Compaoré, qui doit se prêter à un jeu de questions-réponses à l’occasion de la cérémonie de clôture du 3e forum des jeunes initié par le chef de l’Etat lui-même en juin 2005 dans le souci "d’être à l’écoute des jeunes". Hormis les officiels et quelques anonymes curieux d’assister à l’arrivée de Blaise Compaoré, tous les participants étaient déjà installés dans le pavillon climatisé du SIAO. On y accède en montrant patte blanche aux éléments de la sécurité présidentielle qui vous passe au détecteur pour s’assurer que vous ne portez pas d’objets suspects.

A l’intérieur, des centaines de jeunes habillés en tee-shirts rouges pour certains, vers pour d’autres et jaunes pour un dernier groupe sur lesquels on pouvait lire : "J’aime mon pays, le Burkna Faso". Le choix des couleurs n’est pas un fait du hasard. Il se veut conforme au drapeau national. La salle bourdonnait comme dans une ruche. Et avec la puissante sono qui crachait la musique, il fallait souvent vociférer pour se faire entendre par un voisin. C’est dans ce tohu-bohu qu’entre-temps notre confrère Gnama Paco Drabo annonça : "SEM Blaise Compaoré...".

Tout le monde se met debout. On entend les mouches voler. Le président, en costume cravate contrairement à son ministre de l’Emploi et de la Jeunesse, Justin Koutaba, qui a choisi de se tirer à quatre épingles pour faire jeune, fait le tour pour serrer la main des occupants des premières places assises. Une fois les autorités installées, le maître de cérémonie déroule le programme : hymne national, discours du ministre Justin Koutaba, lecture du rapport des travaux du forum, animation musicale avec le groupe Génération Partage, mot du chef de l’Etat, lancement officiel du Fonds d’appui aux initiatives de jeunes, photo de famille et fin de la rencontre.

Ils étaient 2500 jeunes, venus des 13 régions du Burkina, à assister aux travaux du forum dont le thème était "La promotion du civisme et du patriotisme pour un développement durable et participatif". La synthèse desdits travaux a été livrée par Sana Ouédraogo, président du comité d’organisation du forum. Il en est ressorti de nombreuses recommandations faites par la jeunesse en vue d’une culture de civisme et de patriotisme. On notera, entre autres, la suppression de la fête de la bière, l’organisation des journées traditionnelles, l’introduction de l’hymne national dans les écoles et universités.

La phase des questions-réponses était la plus attendue. Pour ne pas faire désordre, la parole est distribuée par région et par ordre alphabétique, de la Boucle du Mouhoun au Sud-Ouest. Les interrogations et les inquiétudes exprimées par les jeunes tournent autour de l’emploi, de la formation, de la décentralisation et de la bonne gouvernance.

Le président invite les jeunes à adopter un comportement sain

Avant de se prononcer sur la première série de questions, Blaise Compaoré invite le ministre Justin Koutaba à répondre aux sujets ayant trait à son département. L’enseignant de philosophie a ainsi donné des éléments d’information sur les guichets uniques du Fonds d’appui aux initiatives de jeunes, qui s’étendront dans tous les chefs-lieux de région ; la politique nationale de l’emploi, qui sera bientôt introduite en Conseil des ministres ; le programme d’insertion socioprofessionnelle des jeunes en fin de cycle, et l’appui institutionnel aux associations de jeunes.

Sur ce dernier point, le président du Faso a fait appel au ministre des Finances pour livrer le montant du budget qui sera alloué à ce volet en 2008. "35 millions de FCFA", a indiqué à cet effet Jean-Baptiste Compaoré sous des applaudissements nourris des jeunes. Avant de poursuivre les échanges, Blaise Compaoré, contre toute attente, puisque ce n’était pas annoncé dans le programme, interpelle le Père Sedogo afin qu’il livre un message axé essentiellement sur le VIH, car, dit-il, "quand on parle de civisme, il faut parler de comportement sain et responsable".

Le débat se poursuit avec la question suivante : "Peut-on inculquer à la jeunesse des valeurs d’intégrité quand les cas de corruption avérés ne sont pas sévèrement punis ?". Le premier ministre, Tertius Zongo, intervient à ce niveau pour annoncer la mise en place de l’Autorité supérieure du contrôle de l’Etat puisque "les autres structures ont montré leurs limites".

Une batterie de mesures de bonne gouvernance

D’autre part, poursuit-il, il faut former des magistrats, car rien ne sert d’envoyer des rapports financiers s’ils ne sont pas bien imprégnés des questions financières. A cet effet, un pool financier sera mis en place au niveau de la justice. Tertius Zongo a indiqué, par ailleurs, que la procédure des marchés publics va connaître une profonde modification. Les agents indélicats seront sanctionnés et la liste des mauvaises entreprises sera publiée. Pour éviter le contact entre commerçants et douaniers, des cabines publiques de dédouanement verront le jour.

Autres nouvelles mesures : les examens et concours seront gérés par une agence. A chaque bout de phrases, Tertius Zongo ajoutait presque automatiquement "tout ça, c’est fini... Plus rien ne sera comme avant". De même, un centre sera chargé des formalités pour les constructions. Une série de décisions et de bonnes intentions qui, si elles sont véritablement exécutées, permettront d’assainir un tant soit peu l’environnement des affaires.

Les jeunes des Hauts-Bassins se sont plaints du fait que dans toute entreprise au niveau de leur région le personnel vient de Ouaga. En plus, "on ne nous réserve que le creusage des caniveaux". L’un d’entre eux ajoute : "Il semble que lors de la journée nationale des paysans qui aura lieu dans les Hauts-Bassins, même les restauratrices viendront de la capitale".

"Faux", rétorque le ministre Salif Diallo qui a indiqué que le gouverneur des Hauts-Bassins vient de lui envoyer la liste des associations de femmes de Bobo qui se proposent de s’occuper de la restauration des JNP. "Mais si elles fixent des prix qui dépassent notre ligne budgétaire, nous irons chercher les femmes de Dori pour le faire". Salif Diallo a, par ailleurs, évoqué la question des emplois ruraux : 18 113 microprojets ont été financés et dans la deuxième phase, 35 milliards sont prévus pour appuyer l’ensemble des Commissions villageoises de gestion des terroirs (CVGT). "La difficulté, les crédits ne sont pas remboursés. Les jeunes refusent de le faire, arguant que c’est l’argent de Blaise Compaoré. Blaise Compaoré n’a jamais dit de ne pas payer vos dettes...".

Blaise cherche son ministre de la Santé dans la salle

Parlant du projet de Samandéni, "le plus grand projet depuis les indépendances selon Blaise Compaoré, le ministre Diallo a indiqué que 80 à 100 000 emplois seront créés. Au sujet du choix des employés pour les travaux critiqués par la jeunesse bobolaise, il a martelé qu’il s’agit d’un problème de qualification. "C’est surtout des ingénieurs qui interviennent à ce niveau".

Pour le creusage des caniveaux, certains jeunes refusent de crainte que les filles ne les voient à l’œuvre. Pourtant, il n’y a pas de sot métier. Sur le plan sanitaire, un jeune de Gaoua a supplié le chef de l’Etat de faire quelque chose pour l’hôpital de cette ville qui ne dispose pas d’appareil de radiologie. Blaise Compaoré demande au ministre de la Santé, Alain Yoda de se prononcer sur la question. "Où est Yoda ?" "Il n’est pas là". Ce sera une autre fois, car le patron de la Santé était absent. A ce moment, on est obligé de faire venir ceux de Ouaga...".

Le 3e forum des jeunes du Burkina a pris fin par la lecture des 10 engagements de la jeunesse pour le civisme et la paix et le lancement officiel du Fonds d’appui aux initiatives de jeunes qui est doté d’un budget d’un milliard de FCFA. Rendez-vous en 2008 pour la 4e édition dans une autre région, comme l’ont souhaité les jeunes eux-mêmes.

Adama Ouédraogo Damiss

L’Observateur Paalga

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