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Chefs coutumiers apolitiques : Le PAREN applaudit la naissance de l’OCCC

Publié le lundi 24 décembre 2007 à 08h57min

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Le PAREN (Parti de la renaissance nationale) adhère au projet des chefs coutumiers de se désengager de la politique. Dans la déclaration suivante, il rappelle son credo en la matière, depuis son Manifeste de 1999.

Dans une déclaration datée du 27 novembre 2007 et publiée dans le journal "Le Pays" n° 4006 du 29 novembre 2007, des chefs coutumiers apolitiques projettent la création de l’Organisation citoyenne des chefs coutumiers (OCCC). Les initiateurs de l’OCCC indiquent que leur organisation devrait poursuivre, entre autres, les objectifs suivants :

- oeuvrer à la dépolitisation de la chefferie coutumière ;

- oeuvrer à la construction d’une société de droit et de démocratie attachée à la justice sociale et à la paix.

Dans la justification de la création de leur association, les chefs font un rappel historique des liens que la chefferie coutumière a entretenus avec les nouvelles autorités politiques en Afrique, de façon générale, au lendemain des indépendances. Ainsi, il apparaît que dans certains Etats, après le mouvement de décolonisation, les nouvelles autorités ont soit doté la chefferie coutumière d’un statut, soit l’ont, dans les cas malheureux, instrumentalisée à des fins politiciennes. Ainsi, des exemples réussis de reconnaissance de la chefferie coutumière sont cités, dont le Ghana et l’Ouganda, tous deux étant des Etats anglophones. S’agissant du Burkina, l’OCCC note que la chefferie coutumière a eu des types de rapports différents selon les régimes. Mais, il apparaît de façon constante que celle-ci n’a jamais bénéficié d’un statut comme dans le cas des deux Etats précités. De même, l’OCCC constate que depuis l’avènement de la IVe République, la chefferie coutumière est fortement instrumentalisée, politiquement parlant. Et cela n’est pas sans conséquences pour ces gardiens de la tradition dans un Burkina en profonde mutation dans un monde dit globalisé. Ces conséquences sont, notamment, que la chefferie coutumière court le risque de perdre son prestige, mais, pire, par ses faits et gestes, elle contribue négativement à l’érosion des valeurs démocratiques.

Face à un tel diagnostic établi par des chefs coutumiers eux-mêmes, le Parti de la renaissance nationale (PAREN) ne peut que se réjouir et apporter son soutien à ces chefs qui ont compris le rôle historique qu’ils peuvent jouer dans un Burkina à la croisée des chemins en ce début de XXIe siècle. En effet, ce n’est plus un secret pour personne, le Burkina vit une véritable crise de valeurs morales. Tous les segments de notre société (vieux, jeunes, femmes, religieux, ouvriers, fonctionnaires…) ont perdu le sens de l’intérêt général. Et pour paraphraser feu le président Sangoulé Lamizana, on peut de nos jours affirmer que « le Burkina Faso souffre moins du manque de ressources naturelles que de l’absence d’une éthique au service de l’intérêt général ». Et cette crise des valeurs que notre pays vit peut trouver un début de solution grâce à une contribution efficace des chefs coutumiers, garants de la société traditionnelle, bâtie, quant à elle, sur le socle de valeurs morales autour desquelles le Burkina moderne doit être construit. Comment les chefs coutumiers peuvent-ils valablement jouer un tel rôle s’ils vivent les passions de leurs sujets ? En particulier, la passion politique est le domaine par excellence où la chefferie coutumière va perdre son âme.

Les chefs doivent être exclus des compétitions politiques

Conscient du rôle historique que pouvaient jouer les chefs coutumiers dans le processus démocratique en cours au Burkina Faso, le PAREN, dès sa création en 1999, proposait dans son Manifeste, à la page 14, que ceux–ci soient exclus des compétitions politiques. Mais qu’en retour, il soit adopté un statut de la chefferie coutumière définissant leurs droits et devoirs. En effet, il est impossible de changer les mentalités des populations sans l’implication des chefs coutumiers ; car une frange importante de la population burkinabè vivant en zone rurale obéit d’abord au droit coutumier avant le droit moderne, de même le sujet de droit reconnaît le pouvoir coutumier avant le pouvoir moderne. Aucune action de développement ne peut prospérer en marginalisant la chefferie coutumière. Elle peut servir utilement dans des tâches que le pouvoir moderne peine à réussir : lutte contre le Sida et l’excision, lutte contre les feux de brousse, obligation scolaire, lutte contre la justice privée (cas des prétendues vieilles sorcières).

Une forte implication et mieux organisée de la chefferie coutumière dans ces différents chantiers aura plus de succès que les financements à coups de milliards pour l’achat de 4X4 ou la construction de bâtiments de luxe pour des projets dits de développement.

Ainsi, en 2002, le député Laurent Bado proposa une loi relative au statut de la chefferie coutumière à l’Assemblée nationale. Cette loi, comme les huit autres proposées par le PAREN, a été rejetée par le gouvernement sans motifs sérieux, si ce n’est que la proposition émanait d’un opposant. Dans la proposition de loi du PAREN, il était prévu, par exemple, que les chefs coutumiers seraient membres de droit de tous les organes consultatifs (CES), voire délibérants (communes rurales, conseil régionaux) au niveau national ou local. De même, il était organisé une prise en charge par l’Etat des chefs coutumiers dont les compétences sont nationales, et par les collectivités territoriales pour les chefs locaux. Cette prise en charge était justifiée par les missions précitées qui devraient leur être dévolues.

On peut regretter que cette initiative n’ait pas reçu le soutien officiel de chefs coutumiers en son temps. Mais le PAREN ne s’en offusque point. Etant un parti d’idées et d’idéal, il est conscient que ses propositions de lois rejetées aujourd’hui pour des intérêts égoïstes seront reprises plus tard. Ainsi, lorsque notre parti proposait une loi en 2002 sur la vignette auto applicable seulement aux quatre roues (les taxes ou les impôts doivent être prélevés sur le principe de solidarité, que les plus nantis payent pour venir en soutien aux plus démunis), pour financer l’université, quelles arguties techniques ne nous avait-on pas sorties pour la rejeter ? Or, c’est le même gouvernement qui a inscrit dans son budget 2008 la vignette auto et la plaque pour les engin à deux (2 roues) pour, dit-on, financer les collectivités territoriales.

Le PAREN est prêt à mettre son expertise au service des initiateurs de l’OCCC en vue de partager avec cette organisation sa vision du rôle et de la place de la chefferie coutumière dans le processus démocratique burkinabè. Au-delà de l’adoption d’une simple loi sur la chefferie coutumière, on pourrait songer à constitutionnaliser cette catégorie sociopolitique comme cela est prévu dans les Constitutions ghanéenne (lire le chapitre 22 de la constitution ghanéenne dans l’article du Pr Loada paru dans L’Observateur Paalga du vendredi 15 juin 2007) et togolaise (article 143 de la Constitution).

Pour le PAREN

Le Secrétaire aux affaires politiques

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