LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Affaire Norbert Zongo : Les années se suivent et se ressemblent

Publié le vendredi 14 décembre 2007 à 12h22min

PARTAGER :                          

Qui a tué Norbert Zongo et ses compagnons le 13 décembre 1998 ? Voilà la question à laquelle le Collectif cherche une réponse depuis neuf ans. Toutes les méthodes d’un mouvement né dans les circonstances de ce crime ont été expérimentées : marches, meetings, grèves, colloques, procès, etc.

Après avoir durci son mouvement pour la vérité au cours des premières années du drame, force est de reconnaître que le temps a eu quelque peu raison du Collectif. La maladie de son président, aujourd’hui remplacé, la disparition d’un de ses leaders charismatiques, le Pr Joseph Ki-Zerbo, et les désaccords profonds entre acteurs sociaux et politiques de ce regroupement, ont eu aussi un effet sur la cohésion et le dynamisme du Collectif.

Mais il ne faut pas occulter l’action de tous ceux qui voient en la lutte du Collectif, non pas un combat pacifique pour la manifestation de la vérité, mais une stratégie planifiée de déstabilisation et de subversion. A leur façon, ils ont résisté face à l’action du Collectif et ont même donné des coups, dans ce qui est vite apparu comme une guerre entre deux parties opposées du Burkina. Même si tous disent vouloir la vérité et la justice pour Norbert Zongo, les divergences sur les moyens pour aboutir à cette fin ont figé les positions.

Le non-lieu prononcé par la justice en juillet 2006, a davantage éloigné les points de vue des uns et des autres sur la possibilité d’un aboutissement heureux de l’affaire Norbert Zongo, c’est-à-dire le jugement des coupables.

C’est dans ce contexte d’appréciations antagoniques du travail des institutions judiciaires que se déroule la commémoration du 9e anniversaire de l’assassinat de Norbert Zongo. Avec le non-lieu, le compteur de la procédure judiciaire a été remis à zéro. Une grande tristesse sans doute pour tous ceux qui attendent que la lumière se fasse sur cet horrible assassinat. Pour les juges en charge du dossier, notamment le parquet, tout se fait dans les règles de l’art, conformément aux lois de la république.

Quoi qu’il en soit, on peut noter que le débat se mène désormais dans un climat plus apaisé où la justice reste malgré tout le dernier recours, dans la mesure où les autorités disent s’en remettre à sa décision. A la décision d’une institution judiciaire qui n’inspire pas toujours confiance au camp d’en face. En attendant, le devoir de mémoire continue d’être entretenu par le Collectif et la famille de la presse, afin que, faute de jugement dans l’immédiat, l’on n’oublie pas qui fut Norbert Zongo et surtout dans quelles circonstances affreuses il est mort. A l’image de cette lampe toujours allumée au Centre de presse Norbert Zongo, la mobilisation doit servir de phare pour les générations actuelles et à venir, afin que la culture de la violence et de l’intolérance soit à jamais bannie de ce pays.

De même, la vigilance dont fait preuve nombre d’associations de journalistes et de défense des droits de l’homme, est de nature à mieux responsabiliser les acteurs politiques sur leur devoir de préserver et de consolider la liberté de presse et le respect de la vie humaine. Cela passe par le respect des hommes de médias qui font consciencieusement leur travail.

Cette projection dans l’avenir, voire cette impuissance, n’enlève rien à la volonté de tous les vrais démocrates de voir un procès s’ouvrir dans les meilleurs délais sur l’affaire Norbert Zongo. Rien n’est plus dangereux pour un pays que les crimes impunis. C’est pourquoi il faut en finir avec ce souvenir douloureux, chaque 13 décembre, d’un crime odieux et d’une justice introuvable.

Le malaise est général. Et la mesure prise de fermer les classes le 13 décembre, si elle permet de circonscrire tout débordement, n’en demeure pas moins la preuve de la persistance de la crise. Il faudra, un jour ou un autre, trouver une solution qui puisse satisfaire ceux qui réclament justice pour Norbert Zongo. Autrement, on est parti pour une période indéterminée où chaque mois de décembre est porteur de risques sociaux en tous genres. En tout état de cause, on ne peut pas éternellement jouer à cache-cache dans ce dossier.

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique