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Accords de partenariat économique : L’Afrique de l’Ouest en rang dispersé

Publié le mercredi 12 décembre 2007 à 09h33min

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La Côte d’Ivoire, le Ghana ont décidé de parapher un Accord de partenariat économique (APE) avant la date butoir du 31 décembre 2007.

Si cette décision porte un coup à la cohésion de la Communauté économique des Etats de Afrique de l’Ouest CEDEAO et la Mauritanie, il n’en demeure pas moins qu’elle traduit le sentiment que les pays de la région Afrique de l’Ouest vont en rang dispensé vers la signature des APE. C’est une décision qui a fait un effet de bombe mais il revient à la région d’avoir à l’esprit de maintenir la cohésion pour la suite. En même temps, il faut comprendre l’attitude de la Côte d’Ivoire et du Ghana, sans les excuser.

En effet, la situation était telle que si ces pays ne concluaient pas un APE au 31 décembre 2007, ils devront faire face au paiement de droits de douane supplémentaires sur certains produits sur le marché européen : banane, thon, cacao, etc. Pour la côte d’Ivoire, ces droits se situeraient entre 100 et 300 milliards F CFA par an. Une manne colossale qui donne à réfléchir, surtout qu’au sein de le CEDEAO, aucune alternative ne leur a été proposée. Si la communauté avait les possibilités de compenser ces fonds perdus, le problème ne se poserait pas, commente une source proche des négociations sur les APE.

La même source indique qu’il faut prendre acte de cette nouvelle donne pour bâtir une stratégie conséquente. En d’autres termes, le fait que la Côte d’Ivoire et le Ghana, deux pays à revenu intermédiaire, donc non PMA, signent un accord commercial avec l’Union européenne, donne la latitude à la région Afrique de l’Ouest de prendre le temps de bien mûrir un APE porteur de développement. Car la simple ouverture du marché européen aux produits d’origine africaine depuis les Accords de Yaoundé (Cameroun) à ceux de Lomé (Togo) n’a pas suffi à augmenter les exportations des Pays les moins avancés (PMA).

Pour ces derniers, l’APE profitable est celui qui tient compte des aspects liés aux programmes de restructuration et de mise à niveau des industries, de la diversification des exploitations et des infrastructures. Dans un ouvrage paru en juin 2007 intitulé : "Conclure les négociations des APE : aspects juridiques et institutionnels", Sanoussi Bilal indique qu’en concluant les négociations des APE, les parties devraient garder à l’esprit que "le vrai défi n’est pas de signer des APE dans les délais prévus, mais de signer des APE favorables au développement".

De ce fait, on peut penser qu’en décidant de conclure en solo un accord avec l’UE, la Côte d’Ivoire vient de porter un sérieux revers au processus d’intégration économique en cours au sein de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA). Foulant aux pieds l’article 84 du traité de l’UEMOA qui stipule que la compétence pour négocier des accords commerciaux relève de l’Union, ce pays pose ainsi un précédent. "Il y a problème, il appartient à l’UEMOA de trouver des solutions" indique une source bien informée.

A ce propos, une réunion extraordinaire du Comité ministériel de suivi des négociations sur les APE est prévue le 12 décembre 2007 à Ouagadougou. Celle-ci va examiner la nouvelle donne et indiquera les orientations au négociateur en chef. "On va alors avoir une idée de ce qu’il faut faire". La région Afrique de l’Ouest regroupant 16 pays dont 4 non PMA prône une ouverture progressive et maîtrisée de son marché. Ce qui exclut d’office les produits sensibles tels que le coton, le lait, les fruits et légumes, les produits de l’élevage ou de l’agro-industrie.

S. Nadoun COULIBALY (coulinad@hotmail.com=

Sidwaya

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