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47ème anniversaire de l’indépendance : une célébration particulière

Publié le lundi 10 décembre 2007 à 13h14min

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Dans l’imaginaire collectif de la génération des plus de trente ans, le 11-Décembre a une signification et une charge affective très forte en raison du contenu et de la forme donnés à cette journée, dans le temps.

Depuis une vingtaine d’années cependant, ce qui était jadis le jour commémoratif de la fête de l’indépendance de la Haute-Volta, ancien nom du Burkina Faso, a été tout simplement remis en cause, au profit d’autres dates, au gré des vicissitudes de l’histoire de notre pays, marquée par des régimes d’exception à répétition. Ainsi, le 4-août, date de l’avènement en 1983 de la Révolution démocratique et populaire (RDP) avait pris la place comme fête nationale, parce que considéré comme plus significatif, par le régime révolutionnaire.

Comme l’a reconnu le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, président du comité d’organisation du 47ème anniversaire de l’indépendance, “ les régimes qui ont suivi, tout en reconnaissant la validité de la date du 11 décembre, n’organisaient pas d’activités grandioses ”, tout au plus des cérémonies de décoration, de prise d’armes, et la veille, le traditionnel message à la nation prononcé par le chef de l’Etat, sans plus. Enfin, il y a eu cette année la double célébration du 15 octobre, une date controversée, s’il en est, qui a achevé de montrer aux Burkinabè la nécessité de trouver une date consensuelle autour de laquelle tous se reconnaissent.

Le 15 octobre dernier en effet, une partie de nos compatriotes ont commémoré les vingt ans de l’assassinat du président du Conseil national de la Révolution, le capitaine Thomas Sankara, et une autre partie, les vingt ans de renaissance démocratique au Burkina Faso avec le président Blaise Compaoré, sur fond de tension et de surenchère.
En estimant cette année que nous avons besoin de réaffirmer une date susceptible de rassembler toutes les composantes de la Nation sans distinction, le gouvernement a su traduire les attentes profondes des Burkinabè. Tous reconnaissent en effet que malgré les difficiles conditions de la vie quotidienne et les divergences de vue politique propres aux régimes de liberté, l’importance et le symbolisme d’une fête nationale fédératrice des énergies collectives transcendent nos contradictions particulières, en définitive secondaires.

Le 11 décembre 1958 est la date de la proclamation de la République. Le 5 août 1960, celle de l’indépendance de notre pays. C’est la fusion de ces deux événements en un seul qui a donné le 11-Décembre, fête nationale, date anniversaire de la commémoration de l’indépendance de notre pays. Ce 47ème anniversaire cette année, le gouvernement a décidé de le célébrer de manière particulière en restituant à cette date toute la profondeur de sa signification. C’est sous le thème “ Décentralisation, citoyenneté et développement ”, que cette célébration est placée. La communalisation intégrale en marche dans notre pays depuis les élections municipales du 26 avril 2006 qui ont vu la mise en place de 351 communes et de 13 conseils régionaux a montré la nécessité d’un développement à la base avec les collectivités territoriales et les acteurs du développement local.

La décentralisation, venue non comme une contrainte, mais comme une opportunité, est destinée à donner un coup de fouet au processus participatif et à l’essor économique et social des communautés de base. Quant à la question de citoyenneté, les citoyens, faut-il le rappeler, ont le droit mais aussi le devoir de participer à la vie de la commune et de la Nation tout entière. Le devoir des élus communaux et régionaux en particulier est de s’y atteler. En commençant par la mobilisation sociale.

La participation citoyenne s’obtient par l’information, le dialogue, la communication. Comme l’a affirmé avec justesse un penseur de la décentralisation, il faut inventer une participation permanente des citoyens. Il s’agit pour les élus locaux en particulier et les élus nationaux en général, de sortir les populations de leur statut archaïque d’habitants pour en faire des citoyens, c’est-à-dire des hommes et des femmes, conscients de leurs droits mais aussi de leurs devoirs vis-à-vis de la collectivité. C’est vrai que les mentalités des populations ont longtemps été conditionnées pour revendiquer et recevoir, au lieu de s’impliquer, se responsabiliser et participer.

Si pour leur part, l’Etat et les partenaires techniques et financiers, ont vis-à-vis des collectivités territoriales un devoir d’assistance qui s’exerce sous forme de subventions, de dotations en ressources humaines ou matérielles et d’appui technique et financier, cette assistance extérieure ne devrait pas être surestimée au point de négliger les dynamiques internes qui doivent valoriser la part des acteurs à la base. Tant il est vrai que l’objectif premier de la décentralisation est de responsabiliser les acteurs du développement local, à travers une gouvernance participative et de proximité.

Puisse la célébration de manière particulière du 11-Décembre 2007 qui vise à restituer à cette date toute la profondeur de sa signification, être l’occasion de susciter dans la conscience des génération montantes, l’élan d’un patriotisme retrouvé et d’une citoyenneté responsable pour le développement durable des collectivités territoriales et de la Nation tout entière.

Bonne fête de l’indépendance, dans la conc
orde et la solidarité nationale !

Par Jean-Paul KONSEIBO

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